Une gastronomie est-elle possible… à bord du TGV ?

C’est la question que plus personne ne se posait ! La chose était entendue depuis longtemps, elle était même passée dans le langage public, avec cette expression : “être épais comme un sandwich SNCF”. Ce qui n’était, d’ailleurs, pas la plus offensante des critiques. Car plus que l’épaisseur, somme toute “standard”, c’est le goût, ou plutôt l’absence de goût qui chagrinait.
Alors, tout en mastiquant, le regard perdu, défilaient devant nos yeux les images d’un temps béni, celui du wagon restaurant. On soupirait encore quand, à la télévision, un vieux film nous montrait James Bond, Hercule Poireau, attablés confortablement devant un vrai dîner, servi par un garçon en grande tenue…
Mais tout va changer ! En ce mois de novembre, la SNCF a décidé de “faire monter de nouveaux goûts à bord de TGV”. C’est elle qui le dit ! D’ailleurs, il n’y a qu’elle pour dire : “A bord DE TGV”. Comme la plupart des Français, vous dites “A bord DU TGV”, n’est-ce pas ? On ne parle pas la même langue, c’est sûr…
Tant pis, à bord du “TGV”, donc, à l’heure des repas on se sentait tous pris en otage d’une offre de restauration insipide, sans relief, peu digeste, et bien évidemment trop chère pour ce qu’elle contenait. En ce mois de novembre, il nous faut signer l’armistice avec la société de transports ferrés ! Nous n’irons quand même dans la forêt de Rethondes, conclure la paix des braves, dans le célèbre wagon-restaurant (celui-là existe toujours) qui vit défiler les vainqueurs de 14 puis les vaincus de 40, mais le cœur y est. Car, figurez-vous, tandis que nous voyageons à bord du TGV nous pouvons enfin commander une nourriture consistante, bien cuisinée, bien pensée, savoureuse. Une révolution…
A la SNCF aussi, ils avaient fini par se lasser de rencontrer des clients mécontents et de supporter le déficit chronique du service de restauration. Car, par dessus le marché, ils ne gagnaient pas d’argent sur cette indigence gastronomique. Et, finalement, c’était assez moral…
Alors que peut-on désormais déguster ? Des marques, si l’on peut dire! Mais pas n’importe lesquelles. C’est le pari de la SNCF : nous redonner confiance en s’appuyant sur des “success stories” de la restauration grand public. Pour le chocolat chaud, ce sera “Angelina”, le célèbre salon de thé de la rue de Rivoli, pour le petit-déjeuner “Paul”, pour une restauration rapide au bar “Monop’daily” et pour une restauration servie à la place en première, “Boco”.

Boco” est un concept créé par les frères Ferniot, Vincent et Simon. L’idée est simple : demander à des chefs triplement étoilé de concevoir des recettes de plats servis dans des bocaux. Avec, comme il se doit, une grande exigence sur les produits, tous bio ou sauvages. Il existe aujourd’hui trois restaurants “Boco” à Paris. Trois autres sont attendus pour le début 2014. L’idée rencontre un vrai engouement. Et c’est justice ! L’ensemble est absolument délicieux. A bord du TGV, il en coûtera un peu plus de 20 euros, pour se régaler d’un formidable “œuf moelleux, lentilles fondantes et oignons rouges”, signé Anne-Sophie Pic, hardiment épicé de badiane, de gingembre, de muscade et de cannelle, ou d’une “épaule d’agneau au colombo aubergines et figues”, un délicieux sucré salé proposé par Jean-Michel Lorain ou encore de la “pana cotta vanille et pralin”, une damnation ourdie par Philippe Conticini. En tout, le choix se portera sur quatre menus différents, où l’on reconnaîtra les noms de très grands cuisiniers français, outre ceux déjà cités : Gilles Goujon, Emmanuel Renaut, Régis Marcon, Christophe Michalak, Frédéric Bau… Mais, il n’y aura pas que les heureux passagers de la 1ére classe qui se régaleront des “Boco”, au bar, il sera également possible de commander le “Menu du moment”, où, pour 17€, vous pourrez savourer le plat cuisiné et le dessert “Boco” du jour, avec en plus une boisson au choix : “Je souhaitais absolument que tous les voyageurs puissent accéder à cette offre “Boco”, explique Vincent Ferniot. Qu’elle ne soit pas réservée à une certaine catégorie. » Merci “Boco”…