Explicite

Un peu partout en Europe des hommes politiques et des éditorialistes accueillent le nouveau gouvernement israélien en se lamentant ou en le critiquant. Des réactions pour le moins surprenantes. De fait, la communauté internationale fait preuve, d’une belle hypocrisie ou d’un refus psychanalytique de la réalité.

Pour l’expliquer, il faut reprendre les principes développés dans un éditorial du New York Times par Anat Biletzki, professeur de philosophie dans une université américaine et à Tel Aviv. Elle a présidé l’ONG israélienne de défense des droits de l’homme, B’Tselem entre 2001 et 2006.
Implicitement
Par exemple, lorsque Benjamin Netanyahu a prononcé, pour la première fois les mots « état palestinien », le 14 juin 2009 dans son fameux discours à l’Université Bar Ilan, près de Tel Aviv, cela sous entendait, pour les responsables américains, et surtout le Président Obama, qu’il acceptait implicitement, le principe d’un accord avec l’OLP. C’était ce qu’ils voulaient entendre. Mais, pour les Palestiniens, et surtout leurs négociateurs à Ramallah, c’était tout le contraire. Netanyahu venait de rendre la paix impossible en y mettant des conditions. Il exigeait d’eux qu’ils reconnaissent « publiquement et catégoriquement Israël en tant que patrie du peuple juif ». Jamais cela n’avait été exigé de l’Égypte ou de la Jordanie lors de la signature des traités de paix avec ces pays. Ce n’est pas tout : « L’Autorité palestinienne devra faire régner la loi à Gaza et triompher du Hamas, Israël ne prendra pas place autour de la table de négociation avec des terroristes résolus à détruire notre pays. » Et Netanyahu d’annoncer que « Jérusalem doit rester la capitale unifiée de l’État d’Israël où la liberté de culte de toutes les religions sera scrupuleusement respectée. » Une notion rendue encore plus explicite, ce dimanche 17 mai lorsqu’il a déclaré lors d’une cérémonie marquant « La journée de Jérusalem » : « C’est depuis toujours la capitale du peuple juif et d’aucun autre peuple et le restera… L’avenir appartient à Jérusalem unifiée qui ne sera plus divisée »
Dream team de la droite israélienne
Pour son quatrième mandat à la tête du gouvernement israélien, il a donc réuni une coalition dans la droite ligne de sa promesse électorale : « Si je suis réélu il n’y aura pas d’état palestinien » Un exemple : la nomination du rabbin Elie Ben-Dahan (député du parti « foyer juif ») au poste de vice-ministre de la Défense, en charge de l’administration civile (qui est en fait militaire). A ce titre, il est responsable de la colonisation et … des palestiniens. A ce propos voici ce qu’il en pense explicitement : « Nous devons prendre le contrôle total de la zone C (NDLR : 60% de la Cisjordanie) et y imposer la loi israélienne. Je ne pense pas que la communauté internationale aura une forme quelconque d’emprise sur Israël si nous le faisons. Lorsque nous avons annexé Jérusalem-Est et le Golan, les États unis ont protesté et suspendu leur soutien (à Israël) pendant quelque temps, mais, finalement ils ont compris que nous étions un état souverain et qu’en fin de compte qu’il n’y avait pas d’alternative à notre contrôle du Golan. Le reste de la Judée Samarie restera sous contrôle civile et sécuritaire palestinien, mais il n’y aura pas de solution permanente ou d’état souverain (palestinien) »
Le premier aout 2013, le rabbin Ben-Dahan, qui était alors vice ministre des affaires religieuses, a explicité sa vision des palestiniens : « Ce sont des bêtes, pas des êtres humains » a-t’il dit dans une interview à la station de radio « Radious ». Et d’ajouter: «Le peuple palestinien n’est pas éduqué pour la paix. Il ne veut pas la paix »
Explicitement
Benjamin Netanyahu savait parfaitement ce qu’il faisait en accordant le portefeuille de la justice à Ayelet Shaked, laïque, annexionniste, membre, elle aussi, du « Foyer juif ».
Passons sur l’affaire de son post sur Facebook où elle avait repris un texte d’Ouri Elitzour justifiant le bombardement de civils palestiniens. Cela avait fait scandale. Ce n’est pas cela qui l’a poussé a devenir garde des sceaux.. En 2014, députée, elle a été à la pointe du combat contre la cour suprême avec une proposition de loi devant permettre au Parlement d’annuler une loi rejetée par la Haute cour. Selon les juristes, cela devait permettre à une majorité parlementaire de droite d’amender les textes de défense des droits de l’homme et des minorités. Elle va donc pouvoir la remettre sur la table en tant que projet de loi gouvernemental. Madame Shaked est aussi présidente de la commission ministérielle des lois et pourra ainsi décider quel texte sera soumis au vote de la Knesset. Ce n’est pas tout, elle a aussi la présidence de la commission de nomination des juges… Sans oublier qu’elle est entend faire adopter le projet de loi constitutionnel redéfinissant Israël comme l’état nation du peuple juif…
Curieusement, à Washington, à Paris et à Bruxelles on continue à parler de la solution à deux états comme la seule possible… Les diplomates ont visiblement du mal à comprendre l’explicite..