Pour l’organisation islamiste la situation est quasi idéale. Dans cette guerre asymétrique où une armée régulière combat une guérilla opérant dans le territoire où la densité de population est la plus élevée au monde, les images sortant de Gaza sont aussi asymétriques. Carnages, enfants morts, blessés destructions massives. Chaque journal télévisé détruit un peu plus le soutien international à Israël.
Obama-Netanyahu
Mieux, les relations entre le gouvernement de Benjamin Netanyahu et l’administration Obama sont entrées dans une zone de grosses turbulences. Les États Unis ont voté – avec la France et la Grande Bretagne – une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, appelant à un cessez le feu inconditionnel où il n’est question ni du Hamas, ni de la sécurité d’Israël. Auparavant, les soutiens financiers et politiques de l’organisation islamiste, le Qatar et la Turquie, avaient persuadé John Kerry qu’eux seuls pouvaient la pousser à accepter un cessez le feu. Les Israéliens, furieux de se retrouver au même niveau que cette guérilla de Gaza, et voyant que leurs exigences de destruction des tunnels n’était pas mentionnée dans le projet d’accord, ont tiré à boulet rouge sur le chef de la diplomatie américaine. Le ton a monté, John Kerry, ulcéré, fidèle ami d’Israël, s’est vu traité de pro-Hamas dans la presse israélienne. Ambiance.
Tunnels
Dans son bunker souterrain, quelque part dans Gaza, Mohammed Deif, le chef mythique des brigades Azzedine Al Qassam, la branche armée du Hamas, ne doit pas être mécontent. Pendant des années, Israël et Benjamin Netanyahu l’ont laissé préparer ses forces à l’affrontement avec Tsahal. Il a installé son dispositif sous terre. Un investissement de plusieurs milliards venus de ses divers sponsors. Les lance roquettes sont dispersés un peu partout dans Gaza dans des galeries que l’armée ne parvient pas à repérer. En juin de l’année dernière, l’état major à Tel Aviv avait remis au Premier ministre un rapport révélant que le Hamas avait creusé 38 tunnels offensifs menant au territoire israélien. Mais Benjamin Netanyahu n’a rien fait. Il était occupé par son obsession du nucléaire iranien et son bras de fer avec Mahmoud Abbas. Gaza et le Hamas pouvaient attendre. La droite israélienne a toujours préféré conclure des accords militaires avec l’organisation islamiste – cessez le feu, échanges de prisonniers – plutôt que des accords politiques avec l’OLP et l’Autorité autonome. Avec le Hamas, au moins, il n’est pas question de négocier des concessions territoriales.
Et l'OLP?
Tout indique que Mohammed Deif l‘a compris. Netanyahu se contentera d’un cessez-le-feu. A plusieurs reprises le Premier ministre israélien a proposé « le calme contre le calme ». Alors, pourquoi le lui accorder lorsqu’il le demande ? Le Hamas, et lui seul décidera du moment où il arrêtera le combat. Pour l’heure, la situation lui est favorable à tous points de vue. La communauté internationale fait pression sur Israël pour qu’il arrête ses bombardements. C’est probablement avec satisfaction que Deif a accueilli la déclaration de Netanyahu au cours d’une conférence de presse le 14 juillet dernier: « Je pense que le public israélien comprend à présent ce que j’ai toujours dit : Il ne doit pas y avoir une situation dans laquelle nous renoncerions au contrôle de la sécurité sur le territoire à l’ouest du Jourdain ». En d’autres termes, un état palestinien indépendant et souverain ne devrait pas exister en Cisjordanie. Le Hamas également est opposé à la solution à deux états, et considère les négociations entre l’OLP et Israël à ce sujet comme uniquement provisoires. Il faut dire que La communauté internationale a largement sa part de responsabilité dans la catastrophe actuelle. Depuis une vingtaine d’années elle a laissé les négociations israélo-palestiniennes agoniser.
Qui parle de l'Egypte?
Cela posé, la crise est devenue inter arabe. Les erreurs de John Kerry ont mis au second plan, l’alliance anti-Frères musulmans, la Confrérie à laquelle appartient le Hamas, l’Arabie Saoudite, l’Autorité autonome de Mahmoud Abbas et l’Égypte du général Sissi. Cette dernière poursuit la destruction des tunnels clandestins qui relient l’enclave palestinienne au Sinaï, la principale source d’approvisionnement et de financement du Hamas. Au Caire on accuse des Djihadistes de Gaza de participer aux attaques contre les militaires égyptiens. Mais qui parle de cela dans les médias occidentaux, presque entièrement obnubilés par les bombardements effectués par l’armée israélienne et leurs terribles conséquences humanitaires.