Excellent papier de J.J. Goldberg dans « The Forward » le journal juif américain. Il pose la question fondamentale : « La politique et des mensonges ont-ils eu pour conséquence une guerre dont personne ne veut ». Il répond par l’affirmative et décrit la chaine d’événements menant à ce qui pourrait être une nouvelle catastrophe régionale. Très peu de temps après l’enlèvement des trois jeunes israéliens en Cisjordanie, le 12 juin, l’enquête a établi qu’ils avaient été assassinés dés leur capture. Une des victimes avait pu téléphoner à la police en chuchotant : « Je suis kidnappé ». Sur l’enregistrement de la conversation on entend ensuite un cri : « Baissez la tête ! ». Puis des tirs, un gémissement, et des chants en arabe. Dans la voiture, retrouvée quelques heures plus tard, incendiée, la police scientifique a découvert des douilles et des traces d’ADN des trois israéliens.Visiblement, ils étaient morts. L’information a été censurée sur les ordres de Benjamin Netanyahu, et « sur la présomption qu’ils sont vivants », des milliers de militaires ont été déployés dans tout le secteur d’Hébron pour une vaste opération de ratissage.
"Le Hamas payera"
Le premier ministre a accusé le Hamas d’être responsable de l’enlèvement. La preuve : le Shin Beth a établi que les deux ravisseurs appartenaient bien à l’organisation islamiste. Ont-ils agi sur les ordres de leur chefs à Gaza. Ce n’est pas sur. Ils sont en fuite et on ne sait toujours rien des circonstances de ce triple meurtre. Dans le passé, à plusieurs reprises les cellules du Hamas à Hébron sont passées à l’action sans recevoir le feu vert de leur hiérarchie. Benjamin Netanyahu a promis que le Hamas allait payer cher ce crime et annoncé que l’organisation allait être décapitée en Cisjordanie. Quatre cent militants palestiniens sont sous les verrous, notamment tous les détenus qui avaient été libérés dans le cadre de l’échange de prisonniers avec le soldat Gilaad Shalit.
L'angoisse des mères
Le tout, sur fond de campagne nationale pour la libération des trois jeunes israéliens. Manifestations, prières. Les équipes de télévision installées en permanence devant les domiciles des trois familles angoissées. Deux mères des jeunes israéliens sont même allées à Genève devant la commission des droits de l’homme des Nations Unies, plaider pour le retour de leurs fils. A l’étranger, un peu partout, les communautés juives se sont mobilisées par solidarité avec Israël face au terrorisme arabe..
En fait, souligne J.J. Goldberg, les sept dernières années ont été parmi les plus calmes de l’histoire d’Israël. Cela, notamment grâce à la coopération entre l’armée, le Shin Beth et la police de Mahmoud Abbas, qui, d’ailleurs a participé activement aux recherches. Résultat: sur les réseaux sociaux palestiniens, Abbas était présenté comme un collabo.
Après 18 jours de recherches intensives, les corps des trois disparus ont été découverts près de Khalkhoul, au nord d’Hébron. Et ce fut le déchainement raciste anti-arabe dans certaines villes israéliennes et sur Internet. L’assassinat, à Jérusalem, du jeune Mohammed Abou Khdeir, un palestinien de 17 ans, le palestinien brulé vif par six extrémistes juifs. (A ce sujet, voir mon article sur ce blog).
Qui veut intervenir à Gaza?
Au sein du gouvernement israélien, plusieurs ministres, parmi lesquels Avigdor Lieberman, le chef de la diplomatie, et Naftali Bennet du parti des colons, ont réclamé haut et fort une opération terrestre d’envergure contre le Hamas à Gaza. Netanyahu, soutenu par les chefs de l’armée (qui n’en veulent pas, sachant que cela déboucherait sur des bilans très lourds) a répondu qu’il fallait agir avec prudence. Moshé, « Boogie » Yaalon, le ministre de la défense a ajouté : « réfléchissons avec la tête, pas les tripes !». Entendant tout cela, et après les arrestations de ces responsables en Cisjordanie, à Gaza, le Hamas est entré sous terre, dans ses souterrains. Depuis quelques mois, le mouvement islamiste est en perte de vitesse. Il n’a pas le moindre sou pour payer les salaires de ses employés. Ses relations avec la Syrie et l’Iran sont rompues. L’Égypte du général Sissi lui est franchement hostile. Dans ces conditions le contrôle du Hamas sur la quinzaine d’organisations et cellules djihadistes existantes à Gaza s’est relâché. Des roquettes ont commencé à tomber par intermittence sur le sud d’Israël.
Calme pour calme
Le vendredi 27 après une série de tirs sur la ville de Sderot l’aviation a riposté par des frappes plus importantes. Des membres du Hamas ont été tués. Les lancés de roquettes se sont renforcés. Benjamin Netanyahu a lancé un appel au cessez-le feu, déclarant : « le calme amènera le calme ». Le Hamas a posé ses conditions. Le Premier ministre les a refusées. La médiation des renseignements militaires égyptiens a échoué et Israël est passé à l'offensive. L’aviation s’est mise à bombarder des centaines de cibles dans Gaza. Ces frappes sont effectuées sur un territoire où la densité de population est une des plus élevée au monde et le bilan de victimes civiles s’élève donc d’heure en heure.
Bordure ou falaise?
Jusqu’à présent ces frappes aériennes ne parviennent pas à réduire la quantité et la portée des tirs de roquettes qui font surtout des dégâts matériels en Israël. En effet, les alertes sont signalées en temps réel pour permettre aux habitants de se rendre dans les abris ou les pièces protégées. Les roquettes sont, à 90%, interceptées par les batteries de missiles anti-missiles. Mais une partie du pays est paralysée. Les centres aérés sont fermés, ainsi que la plupart des commerces et des usines du sud du pays. La pression est intense sur le gouvernement pour « qu’il fasse le nécessaire afin que cela s’arrête !» … et donne le feu vert à une offensive terrestre à Gaza. L’armée a baptisé l’opération en cours: « Bordure protectrice », du moins dans sa traduction française. En hébreu cela se dit : « Tsouk Eitan » ce qui signifie aussi : « Falaise solide ». Le Proche-Orient est-il au bord de la falaise ?