Journée déterminante pour la région. On devrait savoir d’ici demain soir si Israël lancera une opération de grande envergure contre les Islamistes à Gaza. Là, il faut relever l’attitude du gouvernement Netanyahu, qui, après avoir promis d’éradiquer le Hamas … lui a envoyé, hier, des messages - sous forme d’ultimatum il est vrai- : "Vous avez 48 heures pour cesser de lancer des roquettes sur le territoire israélien. Le calme répondra au calme sinon… nous interviendrons." Aux dernières nouvelles, à 5 heures du matin, des obus de mortiers et les roquettes sont encore tombés sur les localités du sud d’Israël.
La direction israélienne est divisée sur la marche à suivre. Au sein du cabinet de sécurité, Avigdor Liebermann, le ministre des Affaires étrangères et Naftali Bennet, le patron de « Habayt Hayehoudi », le parti des colons exigent une offensive terrestre de grande envergure dans Gaza. Ils sont suivis par plusieurs membres du gouvernement. Benjamin Netanyahu et Moshé Yaalon, son ministre de la défense sont contre. Ils savent qu’une réoccupation partielle ou totale de Gaza serait extrêmement couteuse pour Israël comme pour les Palestiniens, avec un bilan catastrophique de centaines de morts des deux côtés, sans parler des victimes et des dégâts causés par les roquettes du Hamas sur tout le centre d’Israël.
Déjà la fragile et malaisée coexistence entre Juifs et Arabes a volé en éclats à Jérusalem. Si, à Gaza, la nouvelle de l’assassinat des trois jeunes israéliens a été accueillie avec satisfaction par les Islamistes avec des scènes de distribution de bonbons, à Jérusalem Ouest, des centaines d’Israéliens se lançaient dans une chasse à l’Arabe. Des passants palestiniens ont subi des tentatives de lynchage, sauvés par l’intervention des forces de l’ordre. Il y a près d’une cinquantaine d’arrestations. Cette tension est attisée par une avalanche de déclarations racistes sur les médias sociaux israéliens. Ces jeunes femmes, par exemple, ont écrit : "haïr les Arabes n’est pas du racisme".
Une page Facebook intitulée : "Le peuple exige une vengeance » a recueilli en 24 heures 40 000 « J’aime ». Une dizaine de militaires ont été envoyés au cachot pour y avoir placé leurs photos.
L’enlèvement du jeune palestinien Mohammed Abou Khdeir, mercredi à 3h30 du matin, à Beit Hanina, au nord de Jérusalem et son assassinat ont tout fait basculer. Des milliers de jeunes palestiniens ont affronté la police à Shouafat, le camp de réfugié où il habitait. L’agitation s’étend à d’autres quartiers arabes. Toute l’infrastructure du tram y a été détruite. Ce moyen de transport, le premier en Israël, reliait les deux parties de la ville. Les obsèques de la jeune victime devraient avoir lieu durant la journée dans une atmosphère d’extrême tension. La police en état d’alerte, craignant une reprise des violences après les grandes prières de ce vendredi de Ramadan.
L’enquête sur ce meurtre ne progresse pas. Automatiquement, les sites d’extrême droite, notamment communautaires, ont diffusé des théories selon lesquelles il s’agirait d’un crime homophobe ou d’une affaire intra-palestinienne. Lorsqu’un jeune palestinien est assassiné, ce peut être un crime raciste. Selon tous les témoignages, il a été enlevé par trois israéliens qui courent toujours, ce qui n’est pas fait pour calmer la rue palestinienne.