Les négociations préliminaires israélo-palestiniennes reprennent donc à Washington. Bien qu’à ce stade, il n’est question que de définir le cadre des pourparlers, il faut espérer que ce nouveau processus débouche un traité de paix en bonne et due forme et la création d’un état palestinien indépendant avec Jérusalem Est pour capitale, aux côtés d’Israël.
La Ligue arabe appliquerait alors la phase finale de son plan de paix. Des ambassades d’Israël s’ouvriraient à Ryad, en Iraq, au Soudan, etc. Les réserves de gaz naturel découvertes au large des côtes israéliennes permettraient de changer la carte géopolitique de la région en alimentant les centrales thermiques en Turquie, Jordanie, au Liban..
Mais, à ce stade, il faut constater que la probabilité d’un tel accord est extrêmement faible. Shlomo Brom, de l’INSS, le centre d’études stratégiques de l’université de Tel Aviv relève les conditions qui ont permis la relance des pourparlers :
1 : Israël refuse d’accepter la ligne de 1967 avec des échanges territoires comme base de la négociation. Mais, les États Unis se sont engagés à entériner ce principe auprès des Palestiniens.
2 : Les Palestiniens refusent de reconnaître Israël comme l’état du peuple juif. Mais les États Unis se sont engagés à entériner ce principe auprès des israéliens.
3 : Israël n’a pas accepté le principe d’un gel total de la colonisation. Mais, les Palestiniens ont accepté la promesse de John Kerry, le secrétaire d’état, qu’il œuvrera pour limiter la construction aux futurs blocs d’implantation à proximité de la ligne verte, ainsi qu’au projets en cours. Déjà, il y aurait un gel tacite, limité, de la colonisation en Cisjordanie et Jérusalem Est.
4 : Israël a accepté de libérer des palestiniens condamnés avant la signature des accords d’Oslo en 1993. Selon des sources israéliennes il s’agit de 104 détenus. Les palestiniens parlent, eux, de 250…
Ce round de négociations devrait durer neuf mois.
Sur le fond : Chacune des parties est persuadée que le maximum qu’elle peut accorder ne correspond pas au minimum que l’autre peut accepter et se lance donc dans ce processus avec l’intention de ne pas être accusée d’être le responsable de l’échec. En réalité, il est – à ce stade – peu probable qu’Israël accepte de faire des concessions majeures à Jérusalem Est et sur ce qui est le lieu saint juif, le Mont du Temple. Mais c’est aussi le Haram el Sharif, le troisième lieu saint musulman, et les Palestiniens y refuseront toute forme de souveraineté juive.
Malgré cela, ils ont rejoint la table des négociations d’abord, grâce aux arguments déployés par John Kerry. Sonnants et trébuchants pour l’Autorité autonome de Mahmoud Abbas en situation de quasi faillite. Le secrétaire d’état a promis la mise en place d’un plan de développement économique de grande ampleur en Cisjordanie. Israël devrait recevoir une aide militaire renforcée. Netanyahu craindrait également l’isolement diplomatique croissant de son pays après la décision de l’Union Européenne de limiter tous ses accords futurs au territoire israélien d’avant la guerre de Six jours, c’est à dire sans prendre en compte les colonies de Cisjordanie et de Jérusalem Est.
Mais, en fait, il y a une autre raison pour laquelle la diplomatie américaine, l’union Européenne, la Ligue arabe – qui a relancé son plan de paix - ont fait un tel effort pour la reprise des pourparlers. Tous craignent l’effondrement de l’Autorité autonome et l’annonce par l’OLP, qu’en raison de l’importance de la colonisation, la paix avec Israël est impossible. Cela signifierait la remise en question des traités avec l’Égypte et la Jordanie, censés faire partie d’un processus de paix régionale. En d’autres termes, personne ne veut plonger le Proche Orient dans une nouvelle crise. Rendez-vous dans neuf mois…