Il fallait bien quelques jours pour évaluer l’impact de la visite d’Obama dans la région. D’abord, un sondage diffusé le lendemain de son départ, par la seconde chaine israélienne. 54% croient que le président des États Unis est sincère lorsqu’il déclare qu’il ne laissera pas l’Iran se doter de l’arme nucléaire. C’est exactement le contraire d’une étude d’opinion publiée une semaine avant son arrivée. 54 % des israéliens interrogés ne lui faisaient pas confiance. Ses discours, ses gestes, petits et grands ont donc eu de l’effet sur le public israélien, avec un message fondamental : « Israël a le soutien inébranlable du plus puissant pays de la planète ». Identité de vues sur la crise syrienne et les risques que représente son arsenal chimique. Entente quasi complète au moins sur le nucléaire iranien.
Reste le dossier palestinien. Avec, à Washington, un congrès où démocrates et républicains sont unanimement opposés à toute forme de pression sur Israël, et une opinion publique américaine massivement pro-israélienne, Obama a une marge de manœuvre extrêmement limitée et les quatre années écoulées l’ont visiblement convaincu que le déblocage ne peut venir que des israéliens eux même. C’était le but de son discours devant les étudiants à Jérusalem : « Je peux vous assurer de ce fait : les leaders politiques ne prendront pas de risques que si le peuple ne le leur demande pas. Vous devez créer le changement que vous voulez voir se réaliser » a-t-il dit.
Bien sur, John Kerry va tenter de relancer un processus de négociations avec les palestiniens. Son but est d’abord de trouver le moyen de surmonter les conditions israéliennes acceptées par son patron, le chef de l’exécutif. Pas de gel de la colonisation et reconnaissance d’Israël comme état juif. Le secrétaire d’état tente donc d’obtenir des israéliens des gestes envers Mahmoud Abbas qui le persuaderaient de reprendre les pourparlers directs. Libération de détenus palestiniens, évacuation de certains secteurs de Cisjordanie. Il faudrait que la direction de l’OLP puisse présenter de réels acquis à son public. Pour l’heure on est encore loin du sommet que Kerry voudrait organiser à Amman.
De là, à qualifier Obama de « fossoyeur du plus tangible espoir de paix au Proche-Orient » comme l’a écrit le Monde dans son éditorial du 23 mars, c’est aller bien loin. D’abord parce que le processus de paix israélo-palestinien est, depuis au moins une dizaine d’années, sinon mort, du moins moribond. N’importe quel visiteur se rendant en Cisjordanie ne peut que constater l’importance de la colonisation. Danny Dayan, l’ancien directeur général du Conseil des implantations est certainement très près de la vérité lorsqu’il se répand en proclamant qu’avec 350 000 israéliens habitant les colonies - sans parler des 200 000 habitants des nouveaux quartiers juifs de Jérusalem Est - la création d’un état palestinien indépendant est quasi impossible. Parmi les fossoyeurs de la paix il faut donc compter, outre les fidèles et militants du sionisme religieux, tous les gouvernements israéliens, de droite et aussi certains de gauche, qui ont développé la colonisation depuis le début des années 70. Cela, sous le regard bienveillant de la communauté internationale qui, toujours, s’est contenté de condamnations prononcées du bout des lèvres… Sur cette liste, le Hamas a une place de choix. Le combat de l’organisation islamiste contre toute solution à deux états - les attentats suicides à chaque tournant critique des négociations - est un des principaux facteurs de l’échec du processus d’Oslo.
Dans ces conditions, on comprend mieux la décision pragmatique d’Obama. La composition du nouveau gouvernement israélien ne présage pas d’un arrêt dans la politique de colonisation. Donc, autant se réconcilier avec Netanyahu tout en renforçant les liens stratégiques avec Israël. Pour le président des États Unis, il y a des crises plus urgentes que l’affaire palestinienne que, pour l’heure, il suffit de gérer.. . Bien entendu, si les jeunes israéliens suivent son conseil et poussent leurs dirigeants politiques à avancer sur la voie d’une paix …