Voici un article qui va donner du grain à moudre à quelques uns. Israël vient d’entrer dans une période intéressante. D’abord, Meir Dagan, l’ancien patron du Mossad a accordé de nouvelles interviews à plusieurs médias. Notamment, le 30 novembre à Yedihot Aharonot pour - à nouveau - prendre fermement position contre une frappe israélienne sur les installations nucléaires iraniennes. Celui qui fut un des plus proches conseillers d’Ariel Sharon en profite pour rappeler à Benjamin Netanyahu qu’il y a en Israël un processus démocratique régissant les décisions gouvernementales importantes. Dagan répète qu’Israël devrait négocier avec l’autorité palestinienne de Mahmoud Abbas et ne pas rejeter l’initiative de paix saoudienne. Ses premières déclarations au mois de juin dernier – il avait dit qu’une frappe sur l’Iran serait une stupidité- n’avaient pas plu à la droite au pouvoir. Certains députés avaient même suggéré de le traduire en justice pour… trahison. Dagan leur répond en clamant « qu’on ne le fera pas taire ! ». C’est donc chose faite.
Au dossier de l’affaire iranienne toujours une prise de position de Leon Panetta, le secrétaire américain à la défense. Il a mis les points sur les I dans un discours au forum Saban à Washington : « Une frappe israélienne ne ferait – au mieux - que retarder, d’un an ou deux, le processus de mise au point de l’arme nucléaire en Iran. Cela ne détruirait pas les capacités iraniennes. Plus inquiétantes seraient les conséquences involontaires d’une telle frappe. Notamment des répercussions qui ne feraient que renforcer le régime iranien, aujourd’hui isolé. Et puis, les Etats-Unis seraient tenus pour responsables et deviendraient la cible de représailles iraniennes, contre nos navires, nos bases militaires. Une telle attaque aurait des conséquences économiques graves pour la très fragile économie européenne, et la fragile économie américaine. Nous aurions une escalade qui consumerait le Proche Orient en un conflit que nous regretterions ». Ce n’est pas tout, Panetta, a évoqué l’isolement grandissant d’Israël dans la région alors que la recherche de la paix au Proche-Orient a été mise entre parenthèse. Le chef du Pentagone a souligné que « le Printemps arabe offrait à Israël une chance de se construire une position plus sûre dans la région, et jugé crucial qu'Israël rétablisse de bonnes relations avec des pays comme l'Egypte, la Turquie et la Jordanie qui ont intérêt à la stabilité régionale. »
A Jérusalem, la présidence du conseil a immédiatement réagit en rejetant, à nouveau, sur les Palestiniens la responsabilité du blocage du processus de paix. Benjamin Netanyahu refuse toujours, les conditions posées par Mahmoud Abbas pour reprendre les négociations directes. A savoir : l’arrêt de la construction dans les colonies de Cisjordanie et à Jérusalem, aussi que les futures frontières soient dessinées sur la base de la ligne de 1967.
Au cours de cette conférence du centre Saban à Washington, les déclarations de Hilllary Clinton ont également suscité pas mal de réactions en Israël. Au cours d’une discussion à huis clos, la secrétaire d’état a dit son étonnement face aux initiatives de députés israéliens visant à restreindre l’activité des ONG de gauche en Israël. Evoquant le problème du statut de la femme, les récents incidents au cours desquels des élèves officiers ont refusé d’entendre une femme soldate chanter, et la ségrégation des sexes dans des autobus empruntés par des ultra-orthodoxes, Clinton a dit que cela lui rappelait l’Iran. Plusieurs ministres israéliens n’ont pas apprécié la comparaison.
C’est dans cette atmosphère chargée que le député Likoud, Ofir Akounis, à l’origine d’une proposition de loi anti-gauche, n’a pas hésité, au cours d’une interview télévisée, à dire tout le bien qu’il pensait de l’ancien sénateur américain Joe McCarthy et de sa chasse aux sorcières communistes… En tout cas, pour l’heure les textes de lois anti-ONG sont mis au placard, le conseiller juridique du gouvernement ayant fait savoir qu’elles sont anticonstitutionnelles..