Pessah, la pâque juive a donné une bonne semaine de répit à Benjamin « Bibi » Netanyahu et à son gouvernement. Après, quelques jours de vacances, dés mardi, viendra le temps des décisions. Que vont-ils répondre à Barack Obama ? Un non ferme à l’exigence américaine de l’arrêt de la construction dans les colonies et autres implantations en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ? D’après ce que l’on sait, quatre des sept ministres membres du cabinet de sécurité sont en faveur d’une réponse négative. Moshé « Boogie » Yaalon, l’ancien chef d’état major a déjà annoncé la couleur dans une interview publiée la semaine dernière : « Personne, au sein du cabinet imagine que nous pouvons parvenir à un accord avec les palestiniens. Je le sais de première main. Nous devons le faire comprendre à l’administration américaine et j’espère qu’ils le comprendront !!. […] Israël va de l’avant, l’économie est florissante. Il n’y a absolument aucune raison de renoncer à du territoire. Il faut que cessent cette attitude défaitiste ! »
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Ton identique chez Sylvan Chalom le principal challenger du Premier ministre au sein du Likoud : « Les Américains doivent comprendre que nous avons des lignes rouges que nous ne franchirons pas ! » Le problème est que, visiblement, en dépit de ses talents de grand communicateur, Benjamin Netanyahu n’a pas réussi à convaincre Barack Obama au cours d’un entretien de deux heures en tête à tête à la Maison blanche. En fait, il n’y a peut être rien à expliquer. Les membres de la coalition au pouvoir en Israël n’ont aucune intention de renoncer à Jérusalem-Est. Benjamin Netanyahu et Ehud Barak ont conclu en 2009 une alliance stratégique pour empêcher Tzipi Livni, la chef de file du parti Kadima, de succéder à Ehud Olmert à la tête du gouvernement. Ils avaient tout pour s’entendre : « Bibi » a servi sous les ordres de Barak dans la fameuse Sayeret Matkal, le commando d’état major. Leurs vues sur l’avenir de Jérusalem sont quasi-identiques. Premier ministre, à Camp David en juillet 2000, Ehud Barak n’avait proposé à Yasser Arafat qu’une autonomie municipale limitée sur la partie orientale de la ville. Ce fut une des raisons de l’échec de ce sommet. Pour former son gouvernement et barrer la voie à Kadima, Netanyahu s’est également assuré le soutien de Shass, le parti orthodoxe séfarade et d’Avigdor Lieberman, le patron d’Israël Beténou, la formation russophone. Lieberman est un ancien chef de cabinet de Bibi. Lui aussi a une vision annexionniste.
Tous rejettent les négociations menées par le Premier ministre Ehud Olmert et Tzipi Livni avec Abou Mazen, le Président palestinien. Ces pourparlers, conduits sous la houlette de la secrétaire d’état Codoleezza Rice, étaient très avancés lorsqu’ils ont été interrompus par la démission d’Ehud Olmert. Les palestiniens proposaient aux Israéliens un échange de territoire portant sur 2% de la Cisjordanie. Olmert voulait annexer 6%.
Certes, Benjamin Netanyahu à accepté le principe d’un état palestinien, mais en affirmant que « Jérusalem restera la capitale unifiée d’Israël ». Et la construction se poursuit donc. D’abord dans les grands quartiers construits en territoire occupé en 1967. A Camp David les Palestiniens avaient proposé la formule suivante : « Quartier à majorité juive, souveraineté israélienne. Quartier à majorité arabe, souveraineté palestinienne » Cela représentait une concession majeure d’Arafat, qui, sans contrepartie renonçait ainsi à ces faubourgs de la ceinture israélienne encerclant Jérusalem-Est. Bill Clinton, dans ses paramètres de décembre 2000 avait repris cette proposition palestinienne. Mais, la droite annexionniste ne se contente pas ces quartiers et accélère l’implantation de colonies juives dans les secteurs musulmans. Netanyahu, à l’époque où il était Premier ministre, avait entamé ce processus en autorisant un de ses proches, le milliardaire juif américain, Irving Moskowitz, à construire une colonie à Ras el Amoud, un quartier musulman à l’est de la vieille ville de Jérusalem. Il n’est donc pas surprenant que, Bibi étant revenu au pouvoir, il a reçu l’autorisation de bâtir des dizaines de logements pour colons à Sheikh Jerrah où il a acheté un ancien hôtel palestinien.
Le Likoud peut-il renoncer à tout cela ? Certainement pas. Dany Danon, vice-président de la Knesset et cacique du parti de Benjamin Netanyahu affirme que ce dernier s’est engagé à relancer la colonisation dés le 26 septembre à l’issue du moratoire de 10 mois décidé par le Premier ministre. Les instances du Likoud doivent se réunir avant la fin du mois d'avril pour rejeter les pressions américaines.
Menahem Klein de l’université Bar Ilan, vient de publier un nouveau livre dans lequel il affirme que les colons et leurs partisans ont réussi à créer un véritable bastion au sein de l’establishment israélien ce qui rend virtuellement impossible toute décision du gouvernement en faveur d’une solution à deux états.
C’est également l’analyse de la direction palestinienne. Abou Mazen et son Premier ministre Salam Fayyad misent sur l’échec du processus de paix en raison de l’impossibilité de parvenir à accord avec le gouvernement Netanyahu sur la base des termes de référence de toutes les négociations au Proche Orient : la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ils ont accepté le principe d’une échange de territoires avec Israël et répètent qu’ils n’auront pas d’armée seulement une police. Si d’ici l’été 2011, aucun accord n’est conclu, l’OLP se tournera vers la communauté internationale et lui demandera de reconnaitre l’Etat palestinien sur les lignes de 1967. Parallèlement, l’Autorité autonome poursuit le développement de ses institutions et lutte contre le terrorisme en coopération avec les services de sécurité israéliens.
Reste à savoir jusqu’où ira l’administration Obama dans son bras de fer avec Netanyahu.