Ce vendredi, les dirigeants des vingt pays les plus industrialisés du monde se préparent à une réunion tendue en marge du G20, se tenant jusqu'à demain à Buenos Aires, en Argentine.

À quoi ressemble un sommet du G20 sous l'ère Donald Trump ?

Ce vendredi, les dirigeants des vingt pays les plus industrialisés du monde se préparent à une réunion tendue en marge du G20, se tenant jusqu'à demain à Buenos Aires, en Argentine. C'est la première fois que le sommet est organisé en Amérique du Sud. Climat et commerce international seront au centre des discussions. Un an après la première participation de Donald Trump à cette réunion internationale, les membres devront de nouveau affronter ses convictions protectionnistes et climatosceptiques.  

Le G20, qu'est ce que c'est ? 

Le G20 est un forum de coopération économique et financière, crée en 1999 pour faire face aux crises qui touchaient alors plusieurs économies émergentes. Il réunit,  une fois par an, 20 membres. 19 Etats et l’Union européenne : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie et Union européenne. À elles seules, ces vingt puissances représentent  85% du PIB mondial, deux tiers de la population mondiale et 75% du commerce mondial. 

Sous l'égide du président argentin Mauricio Macri, tous les dirigeants seront présents. Donald Trump, Xi Jinping, en passant par Vladimir Poutine, Angela Merkel, Emmanuel Macron et Theresa May. Christine Lagarde, la directrice générale de FMI (Fonds monétaire international) et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, représenteront leurs institutions. 

Depuis l'organisation du premier G20 à Washington le 15 novembre 2008, pour faire face à la crise financière mondiale, l'ordre du monde a bien changé. Le multilatéralisme a laissé place au slogan "America First", clamé par le président américain. Mais aussi au Brexit et à la montée des populismes en Europe, et plus récemment au Brésil, marqué par l'élection du président d'extrême-droite Jair Bolsonaro. 

États-Unis - Chine : le face à face 

L'un des face à face les plus attendus de ce week-end réunira les présidents des deux plus grandes puissances mondiales : Donald Trump et Xi Jinping. Si les économistes affirment qu'une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine pourrait nuire à la croissance mondiale, le président américain compte pourtant mener la vie dure à son homologue.  Dès le 1er janvier 2018, l'administration Trump relèvera ses taxes sur 200 milliards de dollars de produits chinois de 10% à 25% le 1er janvier, et menace  de taxer l'intégralité des marchandises chinoises importées aux Etats-Unis

L'entrevue entre les deux hommes d'État survient dans un contexte déjà tendu : le 18 novembre dernier, le sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) avait fini dans une impasse, suite à des échanges houleux entre les représentants des deux pays. 

Donald Trump annule sa rencontre avec Vladimir Poutine

La mésentente est à son comble entre Donald Trump et Vladimir Poutine, engrenés depuis deux ans dans une affaire d'ingérence russe dans la campagne américaine de 2016. Robert Mueller, le procureur spécial chargé d'enquêter sur la possible collusion entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump, fait planer un climat de tension général au dessus de la rencontre. 

Mais en marge du sommet de Buenos Aires, un sujet sensible s'invitera autour de la table des discussions russo-américaines : Avant-hier, dans la mer Noire, trois navires ukrainiens ont été saisis par la marine russe, plus de vingt marins ont été faits prisonniers, et six d’entre eux sont blessés. Si Moscou minimise l'assaut, Kiev y voir un acte d'agression militaire. 

Dans l'attente de leur restitution par la Russie, le président américain annonçait hier sur Twitter vouloir annuler la rencontre bilatérale très attendue avec son homologue russe. 

"Compte tenu du fait que les navires et les marins n'ont pas été rendus à l'Ukraine par la Russie, j'ai décidé qu'il serait mieux pour chaque partie concernée d'annuler ma rencontre initialement planifiée en Argentine avec le président Vladimir Poutine. Il me tarde d'assister à un grand sommet aussi vite que la situation sera résolue"

Un sommet sous haute-tension  

Un an après le G20 d'Hambourg, marqué par de fortes violences urbaines, l'Argentine accueille le sommet dans un contexte économique très douloureux. La troisième économie d'Amérique Latine est en effet touchée par deux crises monétaires. Cette année, le peso a perdu 50% de sa valeur face au dollar.

Pour répondre à la présence des dirigeants des pays les plus riches du monde, plusieurs manifestations sont attendues à Buenos Aires au cours du week-end. La principale aura lieu ce vendredi, en début d’après-midi, le long d'un parcours négocié entre autorités et organisateurs. Il partira du sud de la ville pour se terminer face au Congrès, à quelque cinq kilomètres de l'endroit où se trouvent les chefs d’Etat. Plus de 22 000 policiers argentins sont déployés tout ce week-end.

La relation entre les deux présidents était excellente la première année. Mais l'administration Trump cherche à travailler seule. Photo : Tatyana Zenkovich / Pool / AFP

"Emmanuel Macron doit réévaluer sa relation aux États-Unis et à Donald Trump"

Donald Trump se rendra à Paris à l'occasion des commémorations du 11 novembre. Mais pour Emmanuel Macron, il est temps de prendre ses distances avec le président américain. Explications avec Célia Belin, chercheuse invitée à Brookings Institution.

Quelle vision Donald Trump a-t-il de la France ?

C.B: Pour le président américain, la France est avant tout un partenaire dans la lutte anti-terroriste. À ce titre, les deux pays ont une très bonne relation. Le problème, c'est que Donald Trump a une vision beaucoup plus négative de l'Union européenne. Il a dit, à plusieurs reprises, qu'elle est une ennemie, notamment sur les questions commerciales. Sa vision de la France n'est pas donc pas entièrement positive, bien au contraire.

Emmanuel Macron s'est-il trompé en jouant la carte de la proximité avec Donald Trump ?

C.B: Quand Donald Trump a été élu, les intérêts américains et français étaient assez alignés. Il se trouve aussi que les deux hommes sont des outsiders : ils ont renversé le système de pouvoir dans leur pays. Le président Macron a donc saisi cette opportunité pour se rapprocher du président Trump, que les autres européens n'arrivaient pas vraiment à aborder. Emmanuel Macron a eu raison de tenter cette technique pendant la première année.

Aujourd'hui, le président français doit-il prendre ses distances ?

C.B: Cette relation est dans un moment intermédiaire: elle a été excellente au cours de la première année mais la France se rend compte progressivement que l'administration Trump démantèle le système multilatéral et nuit aux organisations sur lesquelles l'Europe s'appuie. Le président Macron doit réévaluer sa relation aux États-Unis et à Donald Trump, vers plus de distance. 

Emmanuel Macron n'a donc rien obtenu de Donald Trump...

C.B: Il a obtenu des choses ponctuelles : une bonne coordination après l'affaire Skripal [NDLR : la tentative d'assassinat d'un ancien espion russe en Angleterre] ou encore lors des attaques chimiques de Bachar el-Assad sur son peuple. Mais concernant les grands enjeux globaux, le multilatéralisme, l'évolution du lien transatlantique, le Président Macron, comme les autres chefs d'État européens, n'arrive à rien avec cette administration.

Pourquoi Donald Trump refuse-t-il l'aide du président français ?

C.B: Le président Macron cherche à construire un agenda positif. Il a, par exemple, proposé que la France et les Etats-Unis travaillent ensemble sur le défi chinois. Jusqu'à présent, l'administration américaine n'est pas intéressée. Cette dernière a vraiment une ambition unilatérale : elle cherche à travailler seule et ne s'appuie pas sur ses alliés.

Quelles stratégies la France doit-elle adopter ?

C.B: La France doit faire attention à ne pas trop se mettre en avant. Elle a besoin de jouer collectif. Les Européens sont très unis sur le commerce mais ils doivent encore beaucoup discuter au sujet de la défense et plus largement de la politique étrangère. Mais s'il faut prendre un peu de distance avec Donald Trump, il faut néanmoins continuer à travailler avec l'Amérique de long terme : les entreprises mais aussi le Congrès. La politique américaine se transforme, évolue. Il peut y avoir du changement lors des élections de mi-mandat, en novembre prochain, ou peut-être en 2020 ou 2024. La France doit pouvoir miser sur une relation future.

Propos recueillis par C.L

Consultez le rapport complet (en anglais) de Célia Belin à ce sujet sur le site de Brookings Institute.

Louisiane : la montée des eaux va rayer une île de la carte

La montée des eaux et les ouragans vont avoir raison d'une île en Louisiane, dont les habitants vont devoir trouver refuge ailleurs.

C'est un bout de terre, cerné par les eaux. En Louisiane (États-Unis), l'Isle Jean Charles est menacée par la montée des eaux. Certains habitants refusent de quitter leurs terres, pourtant balayées par les catastrophes naturelles. De sorte qu'ils pourraient à terme devenir les premiers réfugiés climatiques des États-Unis.

Rongée par l'érosion, l'Isle Jean Charles est vouée à disparaître. Jonathan Parfait, qui a grandi ici, voit sa terre disparaître petit à petit. "Ici tout autour, c'était de la terre ferme avant", explique-t-il en naviguant sur l'eau.

90 % des terres déjà englouties

L'eau s'infiltre partout, et l'Isle Jean Charles a perdu près de 90% de sa surface terrestre. "Ce bras de terre était tout juste assez grand pour la largeur du bateau. C'était il y a vingt ans, explique Jonathan. C'est triste de se dire que l'endroit où vous avez grandi, où vous êtes né, ne sera plus là dans quelques années". Le temps où 400 personnes vivaient sur cette île est révolu.

Reportage de Clément Le Goff, Thomas Donzel, Courtney Vinopal et Martin Marini

Le Rio Grande, un fleuve mythique à sec

Il sépare le Mexique des États-Unis : le Rio Grande, quatrième fleuve américain est menacé d'assèchement. Pour la première fois cette année, il s'est transformé en piste craquelée sur plusieurs dizaines de kilomètres dès le printemps. 

C'est une image inédite, spectaculaire : celle d'un fleuve à sec sur près de 40 kilomètres. Un lit de rivières, dans lequel les voitures avancent désormais aussi vite que sur une route de campagne. Le Rio Grande est le quatrième plus grand fleuve des États-Unis et il est en réel danger. Le rythme des sécheresses s'accélère : cette année, elle a commencé deux mois et demi avant la date habituelle. La sécheresse arrive normalement au milieu de l'été. Cette année, le sol est craquelé depuis le début du printemps.

Des chutes de neige insuffisantes

Une équipe d'ingénieurs racle les fonds des flaques d'eau qui jalonnent cette partie du Rio Grande à la recherche des poissons en train de s'asphyxier. Leur mission : sauver les espèces les plus fragiles en ne récupérant que les petits spécimens. Cela fait dix ans que Thomas Archdeacon observe le Rio Grande, un fleuve qui doucement s'assèche. Selon lui, il y a de moins en moins de neige d'année en année pour alimenter le fleuve. Le Rio Grande est en effet alimenté par l'eau qui provient des montagnes du Colorado. L'hiver dernier, il n'y a pas eu assez de chutes de neige. C'est pour cela qu'une partie est à sec. Il y avait en fait tellement peu d'eau que les hydrologues et tous ceux qui gèrent le fleuve et ses barrages ont préféré assécher cette partie pour préserver l'eau dans des endroits plus stratégiques : là où il y a des habitants et des fermes.

Reportage d'Agnès Vahramian, Fabien Fougère, Courtney Vinopal, Arielle Monange

États-Unis : le rêve des enfants migrants d'Amérique centrale

Des mineurs cherchent à tout prix à rentrer aux États-Unis par la frontière avec le Mexique. Ces jeunes marchent seuls sur des milliers de kilomètres, fuyant la violence et la pauvreté.

De nombreux adolescents d'Amérique centrale parcourent des centaines de kilomètres pour pouvoir traverser la frontière avec les États-Unis, en quête d'un avenir meilleur. Un adolescent de 15 ans vient du Honduras et continue son chemin sur la frontière entre le Guatemala et le Mexique. "Je n'ai pas d'argent, je n'ai mangé que des fruits depuis neuf jours", confie-t-il. Il a déjà traversé trois pays, laissant ses parents pour accomplir son rêve : aller à l'école aux États-Unis.

Un périple long pour fuir la pauvreté et la violence

Venus du Honduras, du Guatemala ou du Salvador, des milliers d'adolescents parcourent près de 5 000 kilomètres d'Amérique centrale vers la frontière américaine. Le fleuve qui sépare le Guatemala et le Mexique est un lieu de trafic. Des marchandises passent toute la journée sur des embarcations, tout comme les hommes, sous les yeux indifférents de la police. Une dizaine d'adolescents se trouvent dans un refuge pour migrants. L'un d'eux est parti du Salvador pour échapper aux gangs qui voulaient le recruter. Plus de 50 000 enfants non accompagnés sont arrêtés aux frontières américaines chaque année.

Reportage d'Agnès Vahramian, Thomas Donzel, Andreane Williams et Arielle Monange

Depuis son investiture, Donald Trump a retiré les Etats-Unis de plusieurs instances et accords internationaux. @Gage Skidmore

Donald Trump poursuit sa politique unilatéraliste

Mardi dernier, les Etats-Unis ont quitté le Conseil des droits de l'Homme (CDH) de l'ONU. Une décision critiquée par plusieurs de leurs alliés internationaux. Depuis son investiture, Donald Trump a déjà claqué la porte de quatre instances et accords internationaux.

Le Conseil des droits de l 'Homme de l'ONU

Alors que le mandat des Etats-Unis s'achevait en principe en 2019, la Maison Blanche s'est retirée du Conseil des droits de l'Homme (CDH) mardi 19 juin. "Nous prenons cette mesure parce que notre engagement ne nous permet pas de continuer à faire partie d'une organisation hypocrite et servant ses propres intérêts, qui fait des droits de l'Homme un sujet de moquerie", a indiqué Nikki Haley, ambassadrice américaine auprès des Nations unies. Cette décision "va mettre le pays en marge des initiatives mondiales cruciales pour défendre les droits de l'homme", a réagi l'ONG Human Rights Watch.

L'administration George W. Bush avait déjà boycotté le CDH dès sa création, sans conséquence sur le fonctionnement de l'organisme. Les Etats-Unis avaient finalement rejoint le Conseil sous la présidence de Barack Obama.

Basé à Genève (Suisse), le CDH a été créé en 2006 afin de promouvoir et protéger les droits de l'Homme à travers le monde.

L'accord de Vienne sur le nucléaire iranien

En mai dernier, Donald Trump s'est retiré de l'accord de Vienne. "C’est un accord horrible qui n’aurait jamais dû être conclu", avait-il alors déclaré. Peu avant cette décision, Emmanuel Macron avait fait part de son inquiétude à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel : "Il pourrait y avoir une guerre."

Avec le départ des Etats-Unis, l'accord de Vienne se trouve fragilisé. Le président iranien Hassan Rohani a laissé entendre qu'il pourrait cesser d'appliquer les restrictions imposées à ses activités d'enrichissement d'uranium.

Cet accord a été signé en 2015 entre l'Iran et les Etats-Unis, la France, la Russie, la Grande-Bretagne, la Chine et l'Allemagne. Il prévoit une levée progressive des sanctions internationales en échange de l'arrêt de ses activités nucléaires.

L'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco)

Les Etats-Unis ont quitté l'Unesco en octobre 2017, accusant l'institution d'être "anti-israélienne". En 2011, Washington avait déjà cessé sa contribution financière à la suite de l'admission de la Palestine comme membre de l'Unesco. Les conséquences restent donc essentiellement politiques. "Au moment où les conflits continuent de déchirer les sociétés à travers le monde, il est regrettable que les États-Unis se retirent", a déclaré Irina Bokova, directrice générale de l'Unesco. Le retrait sera effectif le 31 décembre 2018. Le pays conservera toutefois un statut d'observateur.

Née en 1946, l'Unesco se définit comme une agence pour la paix. Cette organisation, située à Paris, consiste à favoriser le dialogue et la compréhension mutuelle entre nations.

L'Accord de Paris sur le climat

Washington s'est retiré de l'Accord de Paris sur le climat, en juin 2017. Donald Trump entend ainsi préserver l'économie américaine, en sauvant les emplois dans les industries polluantes comme le charbon. Le retrait sera effectif en novembre 2020. 

Conclu en 2015 par 195 pays, ce premier accord universel sur le climat prévoit notamment de contenir le réchauffement climatique "en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels". Les Etats-Unis sont le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre, derrière la Chine. Sans eux, les objectifs seront d'autant plus difficiles à réaliser.

C.L

Chine/États-Unis : la guerre des taxes frappe le soja

Les États-Unis ont confirmé qu'ils appliqueraient une surtaxe de 25% sur une centaine de produits chinois à partir du 6 juillet. Pékin répliquera en taxant notamment le soja. Un vrai souci pour les producteurs américains qui exportent un tiers de leur récolte vers la Chine.

Le soja américain est pris dans la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis. L'agriculture est un secteur clé : près de 3 millions d'emplois en dépendent. La Chine est le principal client de cette céréale : elle importe 33% de la production nationale. 25% de droits de douane en plus sur le soja exporté, c'est une énorme perte pour ces agriculteurs : "On est très inquiets, parce que ces droits de douane vont rendre nos produits plus chers,explique Jay Magnussen, agronomiste chez Archer Coop. On aura moins de commandes à l'export, et donc au final, on va perdre de l'argent"

"Le Président Trump cherche un accord comme il l'a fait dans ses affaires"

Ces dernières semaines, le prix du soja a déjà baissé de 12 %. Pour les Kimberley, fermiers de Maxwell, dans l'Iowa, "Les Chinois savent parfaitement ce qu'ils font quand ils nous visent. Ils savent que le Midwest, c'est le coeur des supporters de l'administration Trump". Comme les Kimberley, la majorité des fermiers ont en effet voté ici pour Donald Trump, et continuent de le soutenir aujourd'hui. "Le président Trump cherche un accord comme il l'a fait dans ses affaires. Maintenant, il le fait en politique", analyse Grant Kimberley. Certains agriculteurs sont donc prêts à supporter le cout des représailles chinoises pour le "bien" de leur pays. La Chine doit appliquer ses taxes douanières le 6 juillet prochain.

Reportage d'Agnès Vahramian, Thomas Donzel, Courtney Vinopal et Fabien Fougère

Etats-Unis - Mexique : la guerre des fruits rouges

Les myrtilles et les framboises sont au cœur d'une guerre commerciale entre les États-Unis et le Mexique. Des milliards de dollars sont en jeu, le gouvernement américain dénonce le dumping de ses voisins du sud. 

Un océan de plastique dans la plaine du Jalisco au Mexique : des serres à perte de vue qui abritent le trésor de cette région : l'or est bleu, comme les myrtilles, ou de couleur rouge, comme les framboises. Le Mexique exporte chaque année 1 milliard d'euros de fruits rouges aux États-Unis. Est-il en train de condamner la production américaine de myrtilles, fraises et framboises ?

"Au Mexique, on ne gagne rien"

En Floride, côté américain, c'est la colère. "Depuis que le marché est ouvert, ils n'ont pas quelques hectares de culture, mais des milliers d'hectares. Ils ont des subventions pour créer leurs fermes, on n'a pas ça aux États-Unis", explique Carl Grooms. Les fraises de Floride sont devenues trop chères. Dans les champs, ironie de la situation, les ouvriers sont des Mexicains. Plus ils ramassent de fruits et plus ils gagnent d'argent. "Ici on est payés en dollars, au Mexique, on ne gagne rien", explique l'un d'entre eux. Avec un salaire en dollars, le coût de la main-d'œuvre est donc bien plus élevé qu'au Mexique. Selon Carl Grooms, "là-bas, ils sont payés un dixième de ce qu'on donne ici". Le producteur a déjà vendu un quart de ses terrains. Au Mexique, en dix ans, les terres consacrées à la culture des fruits rouges ont été multipliées par trois.

Reportage d'Agnès Vahramian, Laurent Desbois, Arielle Monange et Andreane Williams

Dans une société américaine ravagée pas les opioïdes, Nick fête aujourd'hui ses 10 ans d'abstinence

Selon le Centre de contrôle et de préventions des maladies (CDC), plus d'un demi-million de personnes sont mortes d'overdose aux États-Unis entre 2000 et 2015. La dernière statistique officielle, menée en 2015, a chiffré à 52 404 overdoses fatales, dont 20 101 dues à des produits prescrits sur ordonnance, et 12 990 à des injections d'héroïne.

Du 17 au 23 septembre 2017, Donald Trump proclamait la semaine de sensibilisation aux opioïdes et à l'héroïne, dans le but de dénoncer ce qu'il décrit comme une "crise épidémique" sans précédent. Car ce phénomène est double. Il concerne à la fois les toxicomanes usagers de drogues dures dérivées du pavot (opium, héroïne, ou encore morphine), mais également les patients souffrant de sévères dépendances après avoir pris de façon répétée des médicaments à base d’opioïdes de synthèse, tels que des antidouleurs. Bien que l’épidémie est mondiale, elle touche sévèrement les États-Unis depuis plusieurs années, se hissant sur la première marche des causes de mortalité, devant les armes à feu et les accidents de la route.

Ancien consommateur régulier, Nick Yacoub célèbre aujourd'hui ses 10 ans d'abstinence. A travers son histoire, il se bat pour que la société prenne conscience de ce problème social, mais surtout qu'elle reconnaisse la dépendance aux drogues opioïdes comme une maladie et non comme une faiblesse honteuse.

Témoignage 

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Nick Yacoub n'a pas oublié son premier contact avec la drogue. C'était de la marijuana. Son premier joint, il l'a fumé à 10 ans, en cachette, avec son voisin de l'époque, dans la banlieue aisée de Washington. Victime d'harcèlement scolaire, le jeune garçon peine à trouver sa place. Alors, quand son camarade lui propose de sceller leur amitié autour d'un joint, Nick accepte. L'amitié et l'herbe. "Je me sentais mal et je voulais me sentir mieux. Comment pouvai-je identifier mes émotions et mon comportement à 10 ans ? Quand j'étais défoncé, je me sentais mieux. C'est tout ce qui m'importait à cet âge" se remémore Nick qui s'apprête à souffler ses trente-deux bougies dans un mois.

Au lycée, l'adolescent bascule vers une consommation quotidienne à base d'antidouleurs et de somnifères obtenus grâce à son entourage. Codéine, hydrogène, oxycodone ou bien opium. Nick ne fait pas la différence. "Mes amis avaient des prescriptions médicales pour lutter contre l'insomnie ou les douleurs. Ils me donnaient les gélules qu'ils ne voulaient pas prendre ou qu'ils avaient en trop. On s'échangeait des comprimés, c'était une sorte de petit commerce, confesse-t-il. Certains élèves volaient aussi les médicaments de leurs parents. A la fin, la substance n'avait plus aucune importance. Je voulais juste faire la fête et planer". 

Descente vers l'alcool et l'héroïne 

Nick devient populaire et se lance dans la vente de stupéfiants. Il tombe progressivement dans l'usage d'alcool et d'héroïne, classée dans la catégorie des opiacés car elle est produite à partir de l'opium. L'héroïne est l'opiacé le plus recherché car elle se procure sans ordonnance, et peut être injectée par intraveineuse, snifée ou fumée. Une fois absorbée, elle provoque de façon croissante une sensation d'apaisement, d'euphorie et enfin d'extase.

Nick est arrêté une première fois par la police à l'âge de 17 ans pour possession de drogues. Puis à une seconde reprise à 19 ans, pour vente de stupéfiants à un policier sous couverture. Et de nouveau à 21 ans. Il écope de 12 jours d'emprisonnement, où il rencontre un certain Mike, l'élément déclencheur de sa reconstruction. "Il m'a dit les mêmes choses que beaucoup de personnes auparavant, mais c'était la première fois que j'étais prêt à les entendre" reconnaît le trentenaire.

"L'addiction est une maladie"

Sous le joug d'une libération conditionnelle, Nick participe à un programme de 21 jours de traitement, adhère à un groupe de soutien et change ses fréquentations. "Durant les quatre premiers mois d'abstinence, j'ai dû lutter contre onze années de consommation de drogues, et faire le deuil de plusieurs amis qui se sont suicidés ou sont morts d'overdose. C'était une période très difficile de ma vie".

Depuis dix ans, le 22 novembre 2007 précisément, Nick a trouvé le chemin de la guérison. Il a repris ses études et a obtenu fin 2013 une licence en psychologie à l'université de Georges Mason en Virginie. Il est aujourd'hui spécialiste dans le rétablissement des troubles addictifs et vient en aide aux personnes dépendantes aux stupéfiants. "J'ai décidé de parler de ma guérison publiquement afin que la société comprenne que l'addiction est une maladie, qui peut toucher toutes les classes sociales. Cette maladie n'ira nul part tant qu'elle ne sera pas prise en change et acceptée par la société. Tout le monde peut guérir de cette accoutumance. Avec un peu d'aide, tout est possible".

Yelen Bonhomme-Allard