Épisode 2 : Bernie Sanders est millionnaire

Le sénateur du Vermont Bernie Sanders, dont la levée de fonds de 18 millions de dollars a consolidé sa candidature pour l'investiture démocrate, a publié lundi 15 avril dix ans ans de déclarations de revenus. Au passage, il reconnait avoir rejoint les rangs des millionnaires, qu'il a pourtant dénoncé pendant des années.

Bernie Sanders, sénateur du Vermont, est le candidat d'opposition le plus célèbre de la primaire démocrate. Connu pour dénoncer les excès d'un système favorisant l'argent et les plus riches, millionnaires comme milliardaires, il semblerait qu'un détail de ses finances vienne ternir sa campagne anti-capitalisme.  Celui qui se revendique socialiste est récemment lui-même devenu millionnaire. Dans un papier paru dans le New York Times, le candidat finaliste des primaires démocrate de 2016 a déclaré : « J'ai écrit un best-seller. Si vous écrivez un best-seller, vous pouvez vous aussi devenir millionnaire ».

Une remarque lourde de conséquences, qui annonçait en réalité la publication de sa déclaration de revenus perçus depuis dix ans. «Nous voulions publier dix ans de déclarations de revenus. Le 15 avril 2019, nous arriverons au terme de la dixième année année, alors je pense que vous en aurez connaissance » a-t-il déclaré. Le sénateur avait été critiqué au cours de sa campagne électorale contre Hillary Clinton en 2016, qui l'avait entre autre incité à faire preuve de plus de transparence. 

« Bernie Sanders et sa femme devraient payer les taxes pré-Trump sur leurs revenus de près de 600 000 $. Il se plaint toujours des grosses réductions d'impôt, sauf lorsque cela lui est bénéfique. Ils ont fait fortune sous l'ère Trump, et tous les autres ont fait de même - c’est une bonne chose, pas une mauvaise ! »

Un livre anti-Donald Trump à l'origine de plus d'un million de dollars de gains  

Le livre à l'origine des gains de Bernie Sanders est sorti au lendemain de l'election de Donald Trump à la présidence des États-Unis :  "Notre révolution" a été publié en novembre 2016. Véritable best-seller, l'ouvrage parle de sa candidature à la présidence et du mouvement qu'il s'est efforcé de créer tout en affrontant Hillary Clinton. Le leader d'opposition à Donald Trump y développe sa vision pour une Amérique plus juste, plus progressiste, et trace un plan d'action durable en matière d'économie, d'écologie, de justice sociale et de lutte contre les discriminations.

Sanders déclarait lundi avoir touché 840 000 dollars grâce à lui en 2016 et environ 856 000 dollars en 2017. Jane Sanders indiquait à son tour qu'en 2017, elle percevait une avance de 106 000 dollars sur un livre en cours de rédaction « quant au expériences d'elle et son mari au sein de la fonction publique »

Le couple a touché un revenu brut de 561 293 dollars en 2018, selon la déclaration de revenus publiés lundi. Leurs impôts fédéraux s'élevaient à 145 840 dollars. « Ces déclarations fiscales montrent que notre famille a été chanceuse », a déclaré Bernie Sanders dans un communiqué. « Je suis très reconnaissant pour cela, car j'ai grandi dans une famille qui a connu l'insécurité économique »

Son dernier ouvrage, "D'où venons nous : deux ans dans la résistance", a été publié en novembre 2018 et décrit le plan directeur de sa campagne, au coeur de l'actuelle primaire démocrate. Bernie Sanders est entré dans la course en février.

« Bernie le fou vient d'entrer dans la course ! Je ne lui souhaite que du bien ! »

La pique à Donald Trump 

Au cours de son entretien avec le New York Times, Bernie Sanders a lancé une pique à Donald Trump. Même s'il est millionnaire, il déclare tout de même "Ne pas être un milliardaire, ne pas avoir d'investissements en Arabie Saoudite, ni où que ce soit dans le monde".

Un certain nombre de rivaux du candidat pour l'investiture démocrate, dont la sénatrice de New York Kirsten Gillibrand  la sénatrice du Minnesota Amy Klobuchar et le gouverneur de Washington Jay Inslee, ont déjà publié leurs déclarations de revenus de 2018

Une chose est sûre, ces derniers mois n'ont pas franchement réussi à Bernie Sanders. Le 7 janvier dernier, de vieilles histoires survenues lors de sa campagne de 2016 ont ressurgi : plusieurs femmes auraient été victimes de harcèlement sexuel, et se seraient plaintes d'iniquité salariale. L'équipe de direction aurait fermé les yeux face aux différentes allégations. Le candidat a lui affirmé qu'il n'était au courant de rien en 2016, et s'est publiquement excusé auprès des victimes. Une nouvelle campagne à suivre de près. 

Épisode 1 : Joe Biden en danger et levée de fonds exceptionnelle pour Pete Buttigieg

Le 3 novembre 2020, il se pourrait que Donald Trump cède sa place dans le bureau ovale. Pour le moment, 17 démocrates sont entrés dans la course. Qui succèdera au président le plus controversé de l'histoire des États-Unis ? Dès maintenant et jusqu'à l'élection de celui qui s'opposera à l'actuel président, retrouvez notre chronique de la primaire démocrate ! 

Joe Biden, pas encore candidat mais déjà sur la sellette 

Joe Biden, 76 ans, caracole en tête des sondages. Il est le seul politicien jugé "apte" à battre Donald Trump. Pourtant, sa participation à la primaire démocrate pourrait bien être menacée par une accusation de harcèlement sexuel. L’ancien bras-droit de Barack Obama a été accusé vendredi par Lucy Flores, 39 ans, ex-élue démocrate de l’Assemblée du Nevada, d’un baiser déplacé en 2014 lors d’un meeting de campagne. « J’ai senti Joe Biden, sorti de nulle part, mettre ses mains sur mes épaules, s’approcher très près de moi par derrière, se pencher, sentir mes cheveux et m’embrasser doucement sur le haut de la tête », a-t-elle raconté. « C’était choquant », « vous ne vous attendez pas à ce genre d’intimité de la part de quelqu’un de si puissant avec lequel vous n’avez aucune relation ».

« Au cours de nombreuses années de campagne et de vie publique, j’ai donné d’innombrables poignées de mains, accolades, expressions d’affection, de soutien et de réconfort », a réagi Joe Biden dans un communiqué. « Je ne me souviens peut-être pas de ces instants de la même manière » « Pas une seule fois - jamais - je n’ai pensé avoir agi de manière inappropriée ».

Un coup dur pour la crédibilité de sa campagne, un an après la vague lancée par le mouvement Me Too. D’autant que Joe Biden est déjà menacé par son image de « vieil homme blanc », parmi des candidats démocrates à la jeunesse et à la diversité sans précédent. Récemment, il a aussi dû s’excuser pour sa gestion controversée de l’audition parlementaire en 1991 d’Anita Hill, qui accusait un candidat à la Cour suprême de harcèlement sexuel.

La polémique pourrait avoir une incidence sur le lancement de campagne du possible candidat. Pour Bernie Sanders, « cela montre qu’il faut fondamentalement changer la culture de ce pays et créer un environnement dans lequel les femmes se sentent à l’aise et en sécurité ». Pourtant, en janvier dernier, de vieilles histoires survenues lors de la campagne Sanders de 2016 ont ressurgies : plusieurs femmes auraient été victimes de harcèlement sexuel, et se seraient plaintes d'iniquité salariale. L'équipe de direction aurait fermé les yeux face aux différentes allégations. Bernie Sanders a lui affirmé qu'il n'était au courant de rien à l'époque, et s'est publiquement excusé auprès des victimes.

Pete Buttigieg, encore inconnu il y a un mois, lève 7 millions de dollars pour sa campagne 

Pete Buttigieg, 37 ans, était encore inconnu au bataillon de la politique américaine il y a deux mois. Pourtant, il annonçait lundi avoir récolté plus de 7 millions de dollars au premier trimestre  2019 pour lancer sa campagne, une somme relativement importante pour le maire de South Bend, une petite ville de l’Indiana (Il est le plus jeune maire d'une ville des États-Unis d'au moins 100 000 habitants). 

La collecte de fonds a bondi après son passage sur CNN, plus tôt en mars : en 24 heures, le candidat recueillait 600 000 dollars. L’ancien représentant du Texas, Beto O’Rourke, avait quant à lui collecté 6,1 millions de dollars en moins de 24 heures également. Quant à Barack Obama, il avait récolté 25 millions de dollars, soit 18 millions de plus que Pete Buttigieg, au premier trimestre de sa campagne en 2007. 

Pete Buttigieg a fait de nombreuses apparitions à la télévision nationale ces dernières semaines dans le but de se faire connaître à grande échelle. Une véritable tournée promotionnelle qui a porté ses fruits : Dans l'Iowa, ses soutiens ont bondi de 1% à 11%. Selon un sondage Emerson Polling publié dimanche, il serait même passé à la troisième place des intentions de vote, derrière Joe Biden et Bernie Sanders, et devant des candidates reconnues, comme les sénatrices Kamala Harris et Elizabeth Warren. 

Celui que ses électeurs de l'Indiana surnomment « Mayor Pete » s'est marié à l'église avec son compagnon, Chasten, à l'été 2018. Il avait fait son coming-out en 2014, alors qu'il se portait candidat à sa réélection en tant que maire de South Bend. Il avait alors gagné en remportant, au passage, 80% des voix.

« Parfois lorsqu'il est sur la route et qu'il me manque, je prends simplement une grande inspiration et regarde cela pour me souvenir ce pour quoi nous faisons tout cela », Chasten Buttigieg, mari de Pete Buttigieg. 

Pete Buttigieg fait souffler un vent nouveau sur la primaire démocrate :  il souhaite que la couverture santé soit étendue à tous les Américains, est pro-syndicats, et souhaite que le système des grands électeurs à la présidentielle, jugé selon lui antidémocratique, soit aboli.

Les cinq démocrates à suivre de très près avant 2020

Ce jeudi 3 janvier sonnait l'heure de la rentrée pour les parlementaires américains. Face à un Sénat majoritairement républicain, les démocrates ont pris possession de la Chambre des représentants. Pour les deux années à venir, ils y détiennent désormais 235 sièges, contre 199 pour les républicains. Ce renversement du pouvoir contre Donald Trump redonne de l'espoir au parti, après la défaite cinglante d'Hillary Clinton en 2016. Les Midterms de novembre dernier ont entre autre permis l'émergence d'une nouvelle génération de leaders. À six mois du premier débat des primaires, une seule question est sur toutes les lèvres : Qui sont les personnalités démocrates à suivre de près dans la course présidentielle vers 2020 ?

Elizabeth Warren : première membre du parti à officialiser sa candidature 

C'était le 31 décembre dernier : la première membre du parti démocrate annonçait son entrée dans la course à la présidentielle, dans un clip de campagne dévoilé sur Twitter. Elizabeth Ann Warren est l'actuelle sénatrice du Massachusetts, poste qu'elle occupe depuis 2013, devenant alors la première femme sénatrice de cet État de la côte Est. À L'issue des Midterms de novembre dernier, face au républicain Geoff Diehl, elle était réélue haut la main.

Pourtant, Donald Trump a longtemps accusé Elizabeth Warren d'avoir menti sur ses origines pour faire avancer sa carrière en se présentant comme issue d'une minorité. Alors, en octobre dernier, elle publiait un test ADN "prouvant" ses origines amérindiennes, après avoir été l'objet des moqueries du président, qui la surnommait alors « Pocahontas »Selon l'analyse ADN effectuée par un professeur de l'université de Stanford, bien que "la grande majorité" des ancêtres de la sénatrice soit issue d'Europe, les résultats font état de « fortes preuves de l'existence d'ancêtres amérindiens", "remontant à une période comprise entre six et dix générations »

Elizabeth Warren a toutes les cartes en main pour devenir une star du parti. Ancienne conseillère spéciale au sein du Bureau de la protection financière des consommateurs, présidée par Barack Obama, elle semble être actuellement la seule candidate assez populaire pour succéder à Hillary Clinton. Elle rappelle régulièrement qu'il serait temps que l'Amérique se montre prête à élire une femme dans le bureau ovale. Après la confirmation de Brett Kavanaugh au poste de juge à la Cour Suprême, Warren déclarait : « J'ai vu des hommes puissants aider un homme puissant à occuper une position encore plus puissante ». Pourtant, comme Joe Biden et Bernie Sanders, son âge pourrait être un obstacle de taille pour les démocrates, qui appellent à un changement de génération : elle fêtera ses 70 ans le 22 juin prochain.

Beto O'Rourke : leader d'une nouvelle génération ? 

Il a été la révélation des élections de mi-mandat. Beto O'Rourke, 46 ans, a incarné tous les espoirs d'une nouvelle génération de démocrates. Dans son État du Texas, bastion historiquement républicain, il est sorti vaincu face à Ted cruz, le sénateur sortant. Pourtant, il se murmure que « le nouveau Obama », comme surnommé pendant toute la campagne, soit toujours dans la course vers Washington.

En fervent progressiste, Beto O'Rourke a entre autre défendu la légalisation de la marijuana au Texas, et caractérisé l'accès aux soins de santé comme étant « un droit humain fondamental, et non un privilège ». En tant que membre du Congrès, il a vivement critiqué l'approche de Donald Trump en matière d'immigration, en particulier suite à la politique de tolérance zéro, ayant abouti à la séparation de milliers de familles migrantes à la frontière américano-mexicaine.

Hier, Martin O'Malley, ancien gouverneur du Maryland et candidat à la primaire démocrate de 2016, annonçait publiquement son soutient au Texan pour 2020 : « Parce qu'il vient du Texas, Beto O'Rourke comprend que le symbole de notre pays n'est pas un mur de barbelés, mais la Statue de la Liberté ». 

Joe Biden : un ancien vice-président en tête des sondages 

Joe Biden serait sur le point d'annoncer sa candidature à la présidence, et une chose est sûre : si l'information est confirmée, l'ancien vice-président sera le candidat en lice plus solide pour 2020. Colistier de Barack Obama en 2008, il est élu vice-président des États-Unis le 4 novembre 2008, avant d'honorer un second mandat à ce poste après la réélection d'Obama le 6 novembre 2012.

Dianne Feinstein, sénatrice de Californie depuis 1992, déclarait la semaine dernière à deux journalistes que l'ancien sénateur du Delaware était le choix idéal contre le président Trump : « Je l'ai regardé travailler en tant que vice-président, je l'ai vu opérer. ll apporte un niveau d'expertise qui, à mon avis, est vraiment important ». Et à en croire de récents sondages, le démocrate est plutôt bien parti.

Mais Joe Biden parviendra-t-il à reconquérir les populations blanches ouvrières du Midwest, alors que le parti a majoritairement tendance à convaincre les banlieues aisées ? Plus largement, le débat autour de la candidature possible de Biden illustre les visions contradictoires du parti, en particulier les divisions régnant entre ses ailes pragmatiques et libérales. Certains se montrent sceptiques quant au fait qu'un candidat relativement modéré pourrait l'emporter en portant avec un message d'unité. 

Quoi qu'il en soit, il semblerait que les grands donateurs du parti exercent une forte pression sur Joe Biden, afin qu'il se décide au plus tard fin janvier. En 2015, il avait trainé à annoncé sa candidature, avant de ne finalement pas se lancer dans la course à l'investiture.

Kamala Harris : nouvelle venue sur la scène nationale 

Kamala Harris est sénatrice de Californie et ancienne procureure générale, poste qu'elle a occupé de 2011 à 2017. En tant que femme noire - elle est la fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne - et fervente défenseuse des droits civiques, elle s'oppose fermement à la politique anti-immigration de Donald Trump : « Nous sommes une nation d'immigrés. À moins d'être amérindien ou que votre peuple ait été kidnappé et placé sur un navire négrier, votre peuple est immigré » déclarait-elle en 2016. 

Critique assidue du système de justice pénale, elle est particulièrement bien équipée pour faire face au président en cas de non-respect de la Constitution. Mais justement, au sein d'un parti de plus en plus critique à l'égard du système judiciaire, ses antécédents de procureure générale pourraient lui faire obstacle. De plus, le parti ne lui a jamais pardonné son refus d’enquêter sur OneWest, l’ancienne société de Steve Mnuchin, actuel Secrétaire du Trésor et proche de Donald Trump, pour des opérations potentiellement illégales.

Bernie Sanders : grand retour du démocrate techniquement indépendant 

À 77 ans, le sénateur du Vermont a sans doute eu l'impact le plus marqué sur le parti démocrate ces trois dernières années. Si Bernie Sanders est politiquement indépendant, il est administrativement rattaché aux démocrates du Sénat. Premier sénateur américain à se présenter comme démocrate socialiste, sa défaite aux primaires face à Hillary Clinton en 2016 a été un coup dur pour la gauche américaine opposée à l'establishment. En août 2016, il lance Our Revolution, une organisation politique dédiée à sensibiliser les électeurs à différents enjeux, à impliquer la population dans le processus politique et faire élire des candidats progressistes.

Mais hier, de vieilles histoires survenues lors de la campagne de 2016 ont ressurgies : plusieurs femmes auraient été victimes de harcèlement sexuel, et se seraient plaintes d'iniquité salariale. L'équipe de direction aurait fermé les yeux face aux différentes allégations. Bernie Sanders a lui affirmé qu'il n'était au courant de rien en 2016, et s'est publiquement excusé auprès des victimes. Affaire à suivre.

Annonceront-ils aussi leur candidature ? 

Hillary Clinton : Après une douloureuse défaite face à Donald Trump en novembre 2016, Hillary Clinton s’apprêterait-elle à retenter sa chance en 2020 ? C'est ce que relatent en tout cas de nombreux médias américains, qui affirment la volonté d'Hillary Clinton à se relancer dans une course à la Maison-Blanche. 

Michael Bloomberg : Michael Bloomberg, 76 ans, est un homme d'affaires et homme politique américain. Il est maire (républicain puis indépendant) de la ville de New York du 1er janvier 2002 au 31 décembre 2013, date à laquelle il est remplacé par Bill de Blasio. Selon le magazine Forbes sa fortune serait estimée en 2018 à 50 milliards de dollars américains ce qui en fait le onzième individu le plus riche du monde, après avoir occupé la première place de ce classement pendant plusieurs années.