Ce mardi 8 janvier, Donald Trump s'est exprimé et a maintenu sa position concernant l'importance de la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique. C'est ce projet qui plonge les États-Unis dans une paralysie partielle des administrations (Shutdown) et qui bloque le pays depuis déjà dix-huit jours. Donald Trump tient ses opposants démocrates responsables de ce qu'il qualifie de crise migratoire et sécuritaire à la frontière. La construction du mur au sud a été un argument fort pendant toute la campagne et c'est pour cela qu'il ne veut pas l'abandonner. Les États-Unis font-ils face à une situation inédite à la frontière ?
Y-a-t-il une crise humanitaire à la frontière mexicaine ?
Oui. Mais cette crise se situe essentiellement côté mexicain, et surtout à Tijuana (et non à San Diego en Californie). Les caravanes, composées d'environ 8 000 personnes, se sont retrouvées bloquées au Mexique. Du côté américain, on peut parler de crise concernant la situation des mineurs dans le centres d'hébergement. Uniquement pour le mois de novembre, 5 200 enfants ont été arretés à la frontière. La présence de familles et de femmes est en augmentation parmi les personnes traversant la frontière. En 1995, les femmes venant du Salvador représentaient 25% des migrants de ce pays. En 2017, ce chiffre atteignait 48%.
Aujourd'hui, 14 000 mineurs sont détenus dans des centres aux États-Unis, et ce chiffre n'a jamais été aussi important. Les conditions de vie y sont souvent remises en question notamment à la suite de deux décès d'enfants, venus du Guatemala.
Selon Donald Trump, les États-Unis font face à "une invasion". Mais que disent les chiffres?
C’est faux. Les chiffres donnés par le service de protection à la frontière montrent que l'immigration illégale a chuté en presque 20 ans. En 2000, sous la présidence de Bill Clinton, environ 1,64 millions de personnes ont été appréhendées à la frontière, essayant d'entrer dans le pays de manière illégale. En 2017, ce chiffre est tombé à 303 916 personnes. Entre les années 2000 et aujourd'hui, 1300 kilomètres de barrière ont été construits, des caméras ainsi qu'une surveillance électronique plus développée. Cela a contribué à dissuader beaucoup de personnes migrantes de traverser illégalement.
Mais Donald Trump a raison sur un point : il y a désormais plus de personnes qui entrent légalement sur le territoire avec un visa et qui décident de rester dans le pays une fois la date d'expiration du visa dépassée. En 2000, 303 916 personnes sont restées aux États-Unis une fois leur visa expiré. En 2017, ils étaient près du double, passant à 701 900.
Selon la Maison Blanche, ces migrants entrés illégalement mettent la sécurité du pays en danger.
Pour le Président américain et les membres de la Maison-Blanche notamment Sarah Sanders, 4 000 terroristes étrangers auraient été arrêtés aux frontières terrestres. C'est faux. L'année dernière, six personnes de nationalité étrangère ont été arretées dans les aéroports américains et non aux frontières terrestres.
De plus, Donald Trump martèle que 17 000 migrants illégaux, auteurs de « crimes », ont tenté de passer la frontière l’an dernier. Or, parmi ces 17 000 "criminels", 46% sont en rélité accusés d’entrée illégale sur le territoire. Le président fait alors l'amalgame entre immigration et criminalité, ce que les chiffres en démontrent en aucun cas.
Voici pour les chiffres. Mais il relève finalement de l'opinion publique de penser que cette immigration illégale est encore trop importante. Après tout, la construction du mur était la grande promesse de campagne de Donald Trump, démocratiquement élu.