Lapidation des homosexuels : Brunei recule

Le sultanat de Brunei renonce à instaurer la lapidation pour punir les relations homosexuelles

Brunei a finalement fait volte-face. En proie aux critiques mondiales depuis avril dernier, et la volonté de son sultan d’appliquer la peine de mort par lapidation aux personnes ayant des relations homosexuelle ou prises en flagrant délit d’adultère, Brunei, petit pays de l’île de Bornéo tente d’éteindre l’incendie. Un moratoire va être ouvert. Il entend statuer sur ces dernières dispositions du Code Pénal.

Cela devait être une nouvelle étape dans l’instauration de la Charia, la loi coranique, au Brunei. Le pays, par l’intermédiaire de son sultan, voulait condamner par lapidation l’adultère et les personnes ayant des relations homosexuelles. Mais c’était avant. Avant que l’indignation mondiale ne fasse plier ce pays extrêmement fermé.

Une protestation mondiale

« Si elle est appliquée, cette loi marquera un sérieux recul pour les Droits Humains ».La déclaration, bien que timide, de Michelle Bachelet, haut commissaire à l’ONU sur les Droits de l’Homme, était sans équivoque. La condamnation par lapidation de l’adultère et des personnes homosexuelles au Brunei ne passerait pas inaperçue.

Le sultanat, pays d’à peine 500 000 habitants, à majorité musulmane, entrait ainsi au coeur d’une condamnation mondiale. Peu après la déclaration de l’ONU, une coalition internationale se forme pour éviter cette nouvelle étape dans l’application de la loi coranique. Plus de 30 pays, menés par le Canada, exprime alors leur « profonde consternation » et prie « le gouvernement de Brunei d’abolir les nouvelles peines ». La fronde est grandissante, mais le sultan, Hassanal Bolkiah, ne sourcille pas.

L’indignation continue de prendre de l’ampleur jusqu’à atteindre Hollywood où le richissime sultanat a ses entrées. Fort d’une manne pétrolière, le sultan et ses proches peuvent s’offrir de luxueux hôtels comme le Beverly Hills hôtel (Los Angeles), l’hôtel de Bel-Air (Los Angeles) ou encore le Plaza Athénée (Paris). Plébiscités par les stars, ces établissements subissent les foudres de l’acteur Georges Clooney. Choqué par les nouvelles lois du sultanat, l’acteur prend la plume le 3 avril dernier et dans un long texte appelle au boycott des palaces. Dans les pas de l’ancienne gloire d’Urgences, Elton John s’indigne sur Twitter

Elton John avait condamné les nouvelles dispositions du code pénal

. Le gérant d'agences de voyages Brian Kelly et la chanteuse Dua Lipa suivront le mouvement.

Brian Kelly, très influent sur Instagram appelle au boycott des hôtels du sultan

Le sultan plie, mais ne rompt pas

Après avoir tenu bon durant près d’un mois, le sultan de Brunei s’est finalement exprimé ce lundi 6 mai. Dans une volonté d’apaisement, il annonce l’ouverture d’un moratoire sur la peine de mort et sur les dispositions prises début avril. Signe d’ouverture notable, l’équipe d’Hassanal Bolkiah a pris la peine de livrer une version en anglais du discours.

L’occasion pour certains Brunéiens, fidèles au pouvoir central, de louer « la grâce et la patience » de leur sultan. D’ailleurs, ils refusent d'évoquer un recul et mettent en avant « une clarification » de leur dirigeant.

Cette prise de parole a été saluée par Amnesty International. L’organisation, particulièrement virulente lors des annonces du mois dernier, a fait savoir que ce moratoire est « une première étape bienvenue » avant de pondérer en rappelant que « la peine de mort et d’autres traitements inhumains sont toujours dans les textes ».

 

Mathis Lescanne