La polémique enfle en Inde depuis que le gouvernement a publié début octobre une brochure touristique dans laquelle le célèbre Taj Mahal, considéré comme l’une des sept merveilles du monde construit par des musulmans dans un pays à majorité hindoue, ne figure pas.
#UPTourism invites you to send in your best version of Uttar Pradesh's Heritage through pictures. #UPClicks pic.twitter.com/RTy51o3Hw2
— UP Tourism (@uptourismgov) 25 septembre 2017
L'Uttar Pradesh vous invite à envoyer vos plus belles photos du patrimoine de la région
- Département du tourisme de l'Uttar Pradesh
La revue de 32 pages met en lumière les « possibilités touristiques infinies de l’État de l’Uttar Pradesh » et des projets à développer autour de ses lieux culturels, de ses temples... sans mentionner une seule fois le célèbre monument d’origine moghole.
Implanté à Agra, l’immense mausolée de marbre blanc construit au 17ème siècle par un empereur musulman en mémoire de son épouse est pourtant l’une des principales destinations des touristes dans le pays.
« Oublié car musulman »
Une absence remarquée par les internautes, les médias et de nombreux politiciens opposés au Bharatiya Janata Party (BJP), le parti nationaliste hindou au pouvoir depuis 2014.
La formation de droite est accusée de favoriser les sites touristiques hindous au détriment des monuments moghols musulmans.
No Taj Mahal but Gorakpur math is in the tourist spot list... amazing and shameful. Destroying our culture. #YogiEditsTaj @narendramodi @bbc
— Lets Debate (@debate2050) 2 octobre 2017
Pas de Taj Mahal mais le temple hindou Gorakhpur Math figure dans la brochure touristique... Ahurissant et honteux. Ils détruisent notre culture.
- "Débattons ensemble"
L'ambiguïté du gouvernement
En juin dernier, le nouveau ministre de la région Yogi Adityanath avait expliqué en direct à la télévision que le Taj Mahal "ne représente pas la culture indienne".
Extrémiste hindou membre du BJP, il tient régulièrement des propos violents contre les autres communautés religieuses. Il est pourtant à la tête de l'Etat le plus peuplé d'Inde, avec une forte population musulmane.
Il n'avait pas hésité à se réclamer de l'Hindutva ("l'hindouité"), terme désignant la doctrine nationaliste de protection du patrimoine indien face à "l'invasion" des autres idéologies étrangères (christianisme, islam, capitalisme, communisme, etc.).
Mais le gouvernement assure aujourd'hui ne pas avoir "oublié" le Taj Mahal pour des raisons religieuses. Il souhaiterait au contraire "allouer près de 20 millions d'euros pour son développement", indique-t-il dans un communiqué de presse suite à la polémique.
Selon le département du tourisme, la brochure ne serait qu'un recueil non exhaustif des futurs projets dans la région.
Mégane Guillaume