La forme, l'architecture, les dessins,… il est identique à l'original. Pourtant ce nouveau Taj Mahal (installé 2000 km plus loin) a été construit à la main, par un vieil homme seul. Il n'est pas fait de marbre mais de parpaings, d'osier et de briques… Et sa taille est neuf fois plus petite! C'est l'oeuvre de Faizul Hassan Kadari, 80 ans, un homme qui a entrepris cette construction à la mort de sa femme, par amour.
Le Taj Mahal des temps modernes existe, dans le petit village de Kaser Kalan (Uttar Pradesh), au nord de l’Inde. Loin du marbre blanc et des milliers d’ouvriers mobilisés pour construire l’original de 1632, cette réplique de 2015 n’engage qu’un vieil homme. Ici, les fondations mesurent trois mètres de profondeur et 68 centimètres de large ; les murs n’atteignent même pas les cinq mètres de hauteur ! Pas de joyaux incrustés ni de marbre blanc. Mais la valeur du mini-monument est ailleurs, dans le cœur de Faizul Hassan.
C’est en 1953, le 14 juin exactement, que Faizul Hassan célèbre son mariage avec Tajamulli. Une mauvaise nouvelle vient frapper le couple : une tumeur de l’utérus est diagnostiquée, Tajamulli ne pourra pas avoir d’enfants. Malgré les incitations de ses proches pour qu’il prenne une autre épouse, Faizul Hassan refuse de se remarier. Sans descendance, il promet à sa femme qu’il lui construira un beau monument à sa mort afin que personne n’oublie son nom. Tajamulli est morte d’un cancer de la gorge à l’âge de 53 ans. Depuis son mari s’affaire afin que la promesse qu’il lui a faite soit honorée.
En 2012, à la mort de sa femme, l’ancien receveur des postes revend les quelques terres en sa possession, les anciens bijoux Tajamulli et place toute sa retraite dans ce chantier. Pendant trois ans, l’octogénaire travaille d’arrache-pied. Il a déjà dépensé près de 15 400 euros (1 100 000 roupies) dans la construction de son édifice. Toutes ces économies dépensées dans ce projet, Faizul Hassan peine aujourd'hui à rassembler le montant nécessaire pour terminer son oeuvre : il lui manque entre 8400 et 9800 euros (600 000 à 700 000 roupies), notamment pour rajouter du marbre sur le monument et rendre le jardin, tout autour, luxuriant. Pas question d’accepter une aide extérieure. Fairuz Hassan tient avant tout à ce que ce projet reste personnel. Il a déjà refusé une aide proposée par le gouvernement.
S’il n’est pas encore totalement terminé, le monument fait déjà parler de lui. Certains font le déplacement depuis des Etats voisins pour venir admirer ce mini Taj Mahal. Les pieds sur terre, Faizul Hassan Kadari a déjà prévu l’emplacement de sa tombe à côté de celle de sa femme. Il confie d'ailleurs à un journal local :
« Ma femme est morte, je vais mourir moi aussi un jour. Et ce monument aussi ne restera pas toujours sur pied. J espère juste le voir terminé avant de mourir. »
Amanda Jacquel (St.)