On attendait beaucoup de cette loi, mais elle ne fait finalement que restreindre un peu le champs des possibles pour les employeurs. C'est désormais officiel, les enfants âgés de moins de 14 ans ne pourront plus travailler... sauf dans des entreprises familiales "non dangereuses". Comprendre : apporter de l'aide à leur famille dans les champs, les forêts, ou encore le travail à domicile, pendant les vacances scolaires, ou après l'école.
"Nous ne voulons pas changer le tissu social de la société indienne, où les enfants apprennent en travaillant avec leur famille. Nous voulons encourager ce travail à la maison, car il mène à l'esprit d'entreprise" a expliqué un haut fonctionnaire. Mais c'est une très large définition de l'entreprise familiale qui a été écrite. Elle recouvre en réalité n'importe quel travail effectué par les membres d'une même famille. Une façon pour le gouvernement de soutenir les foyers les plus pauvres, pour lesquels le travail d'un enfant est une source de revenu.
Pour les défenseurs du droit des enfants, cette situation est une régression : elle va à l'encontre de l'égalité des chances, notamment au regard du Right to Education Act, c'est à dire de l'accès à l'éducation."Nous légalisons une réalité horrible, au lieu de l'interdire", déplore un activiste.
Et malgré ces restrictions, les enfants risquent de continuer à être exploités. Particulièrement dans de nombreuses industries comme les industries pyrotechniques, fabrication de chaussures, de tapis... où leurs petites mains sont privilégiées, car souvent plus agiles que celles des adultes. Le tout durant de longues heures, et un salaire misérable. Selon une étude du gouvernement indien de 2011, un travailleur sur 100 en Inde a moins de 14 ans, et parmi eux, 33% a moins de 9 ans.
De plus, les sanctions prévues contre les employeurs, bien que plus strictes qu'avant, ne sont peut être pas suffisamment dissuasives. Si les parents d'un enfant sont en faute, ils pourront être pénalisés de 10 000 roupies (environ 150 euros), à partir de la deuxième infraction seulement. Si l'employeur n'est pas l'un des parents de l'enfant, il pourra être condamné dès le premier délit, au paiement d'un montant allant jusqu'à 50 000 roupies. Il risquera un à trois ans de prison en cas de récidive, contre 6 mois seulement auparavant.
Cyrielle Granier (st)