Inattendue. Écrasante. L’AAP -Aam Aadmi Party-, littéralement le parti de l’homme ordinaire, a remporté une victoire politique inouïe à New Delhi. Avec un balai en guise de symbole, il entend dépoussiérer l’Assemblée législative de l’état.
Devant le siège du parti, au nord de la ville, des centaines de sympathisants sont venus mardi célébrer la victoire de leur leader, Arvind Kejriwal. Les score est sans appel : l’AAP remporte 67 sièges sur 70. La foule en effervescence brandit des pancartes à l’effigie de l’ancien inspecteur des impôts, moustache noire et sourire bienveillant. Son discours de victoire ressemble à ce qu’il a martelé pendant toute la campagne : « La population de Delhi a accompli quelque chose d’incroyable. Avec l’aide des gens, nous ferons de Delhi une ville dont riches et pauvres pourront être fier ».
Passer un bon coup de balai
Le nouvel homme fort de New Delhi a réussi à séduire avec ses phrases chocs et ses promesses simples. Et toujours le même refrain : il faut un bon coup de balai pour nettoyer la politique du pays : “avec le balai symbolisant la dignité du travail, le parti espère nettoyer la saleté qui s’est infiltré dans notre gouvernement et notre législature”. Il le promet son premier combat sera contre la corruption, que son parti a désigné comme ennemi numéro 1. Ce faisant, la formation a su séduire l’électorat de la capitale en promettant une baisse des tarifs de l’électricité, l’accès de toute la population à l’eau potable gratuite. Mais aussi en promettant d’améliorer le système de santé et d’éducation, et de veiller à la sécurité de gente féminine, souvent malmenée dans ce pays.
Des outils de campagne particulièrement bien aiguisés
Plusieurs raisons expliquent la victoire écrasante du parti de Monsieur tout le monde. A la manière de Barack Obama en 2008, il s’est saisi des réseaux sociaux pour diffuser ses messages ô combien populaires, voire populistes. Muni d’une armée de volontaires, il a arpenté les rues, ruelles et autres routes terreuses de la ville pour faire du porte-à-porte. Il a pu compter sur une autre armée, celle des sondeurs, récoltant semaine après semaine les avis de la population sur les réseaux sociaux. Lui permettant ainsi de restructurer son discours en fonction des préoccupations de l’opinion publique.
Une claque hors-norme
L’écrasante victoire de l’AAP ridiculise les traditionnels monstres politiques que sont le Bharatiya Janata Party (parti du peuple indien), parti nationaliste hindou dont le leader n’est autre que le Premier Ministre Narendra Modi, et qui n’a remporté que 3 sièges ; et le Parti du Congrès, à la tête de la ville pendant 15 ans, qui n’a même pas gagné un seul strapontin à l’Assemblée. Le BJP essuie sa première défaite depuis neuf mois, ce qui risque de contrecarrer les efforts du Premier Ministre pour consolider son pouvoir. Difficile désormais de gouverner un état central quand on perd le pouvoir d’un état clef, celui de la capitale.
Sophie Laden, Nicolas Bertrand