Un militant anti-corruption défie le gouvernement indien

Sorti de prison, le militant anti-corruption Anna Hazare a commencé sa grève de la faim à Delhi. Son arrestation mardi dernier avait lancé une vague de manifestations dans tout le pays.


Assis en tailleur devant un portrait géant de Gandhi, l’homme qui défie le gouvernement indien poursuit sa grève de la faim, commencée en prison il y'a quatre jours. Anna Hazare  fait face aux milliers de manifestants qui l’acclament le front ceint de bandeaux « I am Anna » ou portant des t-shirts à sa gloire, bravant la pluie et la boue pour l’apercevoir. Rien ne semble pouvoir arrêter  la foule enflammée.

Du haut de son estrade, souriant, se levant à l’occasion pour agiter le drapeau indien le militant de 74 ans a l’air serein.

L’Inde derrière Anna

Au cri de « Anna, continue, nous sommes avec toi », les habitants de Delhi ont rejoint par milliers le vaste terrain aménagé dans la nuit pour accueillir ses partisans.

Dans le reste du pays les manifestations se multiplient. Des célébrités de Bollywood aux conducteurs de Rickshaws, une quasi-unanimité s’est créée autour du combat de cet homme de 74 ans devenu en quelques mois le héros de la nation indienne. Jour après jour, les chaînes de télévision diffusent les derniers développements de sa lutte contre le gouvernement et même son bulletin de santé.

"Le nouveau Gandhi"

Grève de la faim, non-violence, habit blanc, fines lunettes … Les allusions au Mahatma sont nombreuses. A peine sorti de prison, c’est d’ailleurs au mémorial de Rajgath que s’est précipité Hazare pour embrasser la plaque de marbre commémorant l’assassinat de Gandhi le 30 janvier 1948.

Si des milliers voient en lui la réincarnation du père de la nation, ils l’espèrent surtout en sauveur d’un pays fatigué par la corruption. Fatigué aussi des scandales qui secouent le gouvernement. Des milliards de roupies détournés rien que cette année.

Le gouvernement qui a fait monter la côte de popularité d’Anna Hazare en flèche en l’envoyant quelques jours en prison, lui a finalement accordé la permission de deux semaines de jeûne.

Mais Anna Hazare a toujours dit qu’il ne cesserait pas tant que la version de la loi contre la corruption qu’il appelle de ses vœux, une version plus ferme et qui inclut le Premier ministre, ne serait pas adoptée.

C.B.