Le 16 décembre dans notre JT de 20h, nous diffusions un sujet intitulé « les violons la Shoah ». L'histoire presque insolite d’Amnon Weinstein, ce luthier israélien redonnant vie à des instruments abandonnés par des déportés juifs ou retrouvés dans les camps de la mort, a suscité de très nombreuses réactions de téléspectateurs. Nous avons choisi d’en partager quelques unes.
« Étant moi même petit fils de déportés, ayant de nombreux membres de ma famille morts parce que juif lors de la guerre, je peux vous dire que ce que vous faites est plus que formidable. Vous méritez le prix Nobel de la Paix », écrit Daniel à Amnon Weinstein. Une autre admiratrice, responsable des pianos Pleyel en France, témoigne sa gratitude. « Je tenais à vous remercier et à vous témoigner toute mon admiration et ma reconnaissance pour la magnifique entreprise que vous menez pour la préservation des violons de la Shoah, riches d’histoire, et pour la transmission de la mémoire. »
Des messages comme ceux-là, Amnon Weinstein en reçoit chaque jour sur sa boîte mail depuis la diffusion de notre sujet. Certains téléspectateurs habitant Israël, francophones, ont même tenu à aller frapper à la porte de son atelier de Tel Aviv pour rencontrer cet homme qui les a bouleversé. D’autres rêvent simplement d’assister à un nouveau concert ou le sollicitent à cette fin. Plusieurs salles parisiennes ont en effet contacté le luthier pour lui proposer d’accueillir ses violons le temps d’un soir de musique. Des discussions seraient en cours pour... 2020 ou 2021. Et pour cause, l’emploi du temps de Weinstein affiche complet jusqu’à cette date.
Le luthier, avec qui nous parlons régulièrement, nous a informé avoir également été approché par une célèbre biographe et même un grand réalisateur américain en vue d’un film. « Je n’avais jamais connu un tel engouement, ça devient fou », nous a-t-il confié, ému, en nous faisant promettre de garder secrets ces projets encore en gestation.
Et puis il y a ces gens qui se reconnaissent dans son histoire parce qu’ils ont hérité de violons ayant survécu à la guerre, au contraire de leurs propriétaires. « Suite au magnifique reportage sur France 2, je me permet de vous contacter car je dispose de 2 violons ayant appartenu à mon cousin Henri, 10 ans (il était né le 6 octobre 1931 à Paris 19e), qui a été déporté à Auschwitz en 1942, ainsi que son père Léon-David et sa maman Hélène. Henri était un violoniste précoce et virtuose”, raconte Charles qui semble disposé à transmettre ces instruments à Weinstein.
“Votre démarche longue et unique, montrée hier soir sur la chaîne de télévision France 2 m’a saisit au plus profond de mes souvenirs, des marques indélébiles de mon enfance et du motif d’une de mes oeuvres, écrit Robert. Français, j’ai 77 ans et suis sculpteur de plus de 50 Violons et de Violoncelles détournés. Toutes proportions gardées, j’ai eu une démarche parallèle à la votre, démarche fruit de certaines images atroces gravées à jamais, de mon amour pour tout le violon et de longues conversations avec un Chasseur d’oeuvres d’Art volées par les nazis aux Juifs”, conclut-il.
Dominique, violoniste français professionnel, s’est récemment tourné vers Amnon Weinstein car il possède la copie d’un violon Niccolo Amati datant de 1790 et passé entre les mains d’une femme juive, arrêtée pendant la Rafle du Vel’ d’hiv et morte en déportation. « Il y a deux mois, ce violon a été mis en vente et j’ai pu l’acquérir. C’est un excellent violon, je l’ai joué en soliste avec orchestre, en sonate (violon et piano), en trio. Il est très timbré, puissant et facile à jouer. Je fais des recherches afin de trouver l’identité de la jeune violoniste qui le jouait en 1942”, explique le musicien dans un mail, auquel il a joint cette photo.
Gérard, 76 ans, dont les parents avaient caché un couple de juifs jusqu'à la fin de la guerre, se souvient de la passion de son père pour le violon et propose de lui remettre son instrument, chargé de symboles. "Mon père a joué du violon dans sa jeunesse et à l’occasion des fêtes et repas de famille qu'il animait musicalement. Ce violon, je le détiens comme le témoin de cette période ou l’obscurantisme régnait sur l’Europe. Il a été fabriqué à Mirecourt en France au début du siècle dernier puisque mon père est né en 1914. Plutôt que de le laisser muet dans un placard, je vous propose d’en faire don à votre association, afin qu’il vibre de nouveau entre les mains d’un jeune musicien. Il a peut-être des choses à raconter de cette époque", conclut-il.