Dans une région qui échappe toujours aux forces d’Assad, l’armée israélienne cherche à accentuer son aide la population syrienne. Elle y voit une manière de préserver une relative stabilité à sa frontière.
“Bon voisin”. Avec un tel nom de code d’opération, les intentions israéliennes sont clairement énoncées. Depuis son lancement en juin 2016, une centaine de missions humanitaires auraient été réalisées dans les localités situées au sud de la Syrie, parfois au plus fort des combats qui s’y déroulent. “Les gens ne meurent pas de faim mais il manque de choses élémentaires”, a expliqué le colonel Barak Hiram, lors d’un briefing effectué sur une base militaire israélienne du Plateau du Golan, face à la province syrienne de Qouneitra.
Pour répondre aux besoins des 200.000 habitants de cette région frontalière, essentiellement sous contrôle rebelle ou djihadiste, l’armée a établi une unité de liaison qui coordonne chacune de ses activités avec des médecins syriens. Elle travaille également avec des ONG qui, prochainement, dirigeront un hôpital de campagne israélien. L’établissement se situera en plein cœur de la zone démilitarisée, du côté syrien de la clôture de sécurité, où une équipe de France 2 a été conduite.
Après avoir accueilli et soigné plus de 3000 blessés syriens - dont 600 enfants - depuis février 2013, l’État hébreu a accru son aide en livrant continuellement eau, gaz, médicaments et nourritures aux civils syriens, y compris aux 400 familles installées dans des tentes le long de sa frontière. Dans le cadre de l’opération “Bon voisin”, plusieurs véhicules, des maisons prébafriquées ou encore des générateurs ont également été acheminés en Syrie. Récemment, deux cliniques auraient été construites dans un secteur regroupant 80.000 habitants.
“Le régime nous suspecte d’aider les rebelles, mais ça n’est pas le cas et jusqu'ici, ça n’empiète pas sur nos opérations”, précise un commandant israélien, sous le couvert de l’anonymat. L'Etat hébreu, qui se défend de tout partie pris dans le conflit syrien, a toujours démenti apporter une quelconque assistance militaire à la rebéllion. Mais selon un récent rapport de l'ONU, des soldats israéliens ont été plusieurs fois aperçus avec des combattants de l'oppostion syrienne, et le Wall Street Journal soutient que Tsahal offre un appui logistique et financier à la brigade Fursan al-Joulan.
Pour autant, il semble que ces activités humanitaires poursuivent un objectif. “ce projet est de nature à amener la stabilité et à éloigner certaines menaces, reconnaît l’officier. Nous vivons dans un écosystème qui évolue en permanence et nous le prenons en considération.” Au moment où un fragile cessez-le-feu est en vigueur au sud de la Syrie, Israël redoute que les milices iraniennes et le Hezbollah ne profitent du calme relatif pour s’installer près de sa frontière. La Russie et les Etats-Unis, principaux instigateurs des “zones de désescalade" en Syrie, se sont engagés à prendre en compte les intérêts sécuritaires israéliens.
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