Après sept mois de violences, la dernière proposition formulée par l’Egypte répondrait enfin aux attentes d’Israël et du Hamas. Dans le même temps, le président palestinien Mahmoud Abbas consentirait à ne plus entraver les efforts du Caire. Sous certaines conditions.
Même dans un climat (plus) apaisé, on ne déroge pas aussi facilement au rituel. Vendredi, les manifestations à la frontière israélienne de Gaza ont bien eu lieu. Mais à distance respectable de la clôture de sécurité et des snipers de l’armée israélienne; sans pneus enflammés, bombes artisanales et tentatives d’infiltration par de jeunes émeutiers, conformément à la demande de l’Égypte dont plusieurs émissaires, ce jour-là, s’étaient mis en tête d’inspecter divers points de rassemblement. Résultat: seulement 7 Palestiniens ont été blessés dans les heurts. Le moins lourd bilan depuis le 30 mars dernier.
Officiellement, les factions de Gaza assurent que les « marches du retour » se poursuivront jusqu’à la fin de l’année. Mais si la dynamique de désescalade se confirme, elles seront limitées en ampleur, assurément non violentes et surtout symboliques. Pour mieux reprendre si la diplomatie venait à échouer ? A cette heure, les responsables du Hamas ont abandonné leur rhétorique belliqueuse, tandis que le Jihad islamique évoque un repli « tactique ».
Les contours du plan
Selon la presse arabe, l’Egypte, avec l’appui de l’émissaire de l’ONU au Proche-Orient, Nicolay Mladenov, seraient parvenus à rapprocher les positions des belligérants. En contrepartie d’un arrêt des manifestations à sa frontière et des jets dévastateurs de ballons incendiaires, Israël s’emploierait à suspendre 70% des restrictions qu’il impose depuis plus d’une décennie à l’enclave palestinienne. Le blocus serait également levé du côté égyptien.
Dans un premier temps, Israël ouvrirait ses points de passage à 5.000 travailleurs palestiniens âgés de moins de 40 ans. Ils seraient employés dans une nouvelle zone industrielle proche d’Erez, de même que dans certains kibboutz limitrophes en quête de main d’œuvre. Les Palestiniens verront également leur zone de pêche étendue à 30 km au large de Gaza contre une quinzaine actuellement. Pour relancer l’activité économique de la bande de Gaza et redonner espoir à la population, plusieurs projets d’infrastructure supervisés par l’ONU auraient d’ores et déjà été approuvés par Israël. Ils faciliteraient la création de près de 50.000 emplois, de quoi permettre à bon nombre de Palestiniens de sortir de la dépendance des ONG.
Resterait à régler la cruciale et délicate question des salaires du Hamas, et plus largement des fonctionnaires rattachés à son gouvernement, sans étiquette politique. Ceux du mouvement islamiste (20%) seraient rémunérés par le Qatar pour une durée de trois à douze mois, tandis que l’Autorité palestinienne prendrait à sa charge les 80% restants (contre 40% actuellement). Mais le président Mahmoud Abbas conditionne ce geste à une exigence de taille: la rétrocession du territoire gazaoui, et l’intégration de la branche armée du Hamas à ses forces de sécurité. De ces termes aux allures de diktat dépendrait aussi la réconciliation interpalestinienne. Or, jusqu’ici, le mouvement islamiste ne s’est dit prêt qu’à renoncer à l’exercice du pouvoir.
Si de réels progrès ont été enregistrés ces derniers jours, l’issue de ces pourparlers demeurent encore largement incertaine. Ce n’est qu’une fois que toutes ces étapes auront été appliquées sur le terrain qu’un cessez-le-feu d’une durée de trois ans sera officiellement proclamé entre Israël et le Hamas. De nouvelles négociations s’ouvriront alors pour un échange de prisonniers. Un autre casse-tête se profile.