Netanyahou inculpé: 3 questions-clés

Après des mois d’enquête, dans un contexte de forte pression médiatique, la police a recommandé mardi soir l’inculpation du Premier ministre israélien dans deux affaires où ce dernier est soupçonné de corruption. Néanmoins, l’instruction judiciaire menant à un éventuel procès va prendre encore de longs mois. Explications.

Pas de décision avant 2019
Après la publication des recommandations de la police israélienne, le dossier portant sur les affaires dites “1000” et “2000”, dans lesquelles Benyamin Netanyahou est suspecté de fraude et d’abus de confiance, va être transféré au parquet. L’équipe de juristes, dirigée par l’avocate Lyatt Ben Ari, consacrera au moins trois mois à l’examen des pièces fournies par les enquêteurs de la police. Ce n’est qu’en mai prochain, au mieux, que le procureur de l’Etat, Shay Nitzan, sera en mesure d’étudier à son tour le dossier. Début juillet théoriquement, après six semaines d’instruction, ses recommandations seront alors transmises au conseiller juridique du gouvernement, Avichaï Mandelblit, seule personne à pouvoir décider de l’inculpation du Premier ministre israélien. A partir de septembre, de nouvelles auditions pourront être menées à la demande de Mandelbit. Elles peuvent s’étendre sur une période de cinq mois. Autrement dit, une éventuelle mise en examen de Netanyahou n’interviendra pas avant février 2019.

La loi ne l’oblige pas à démissionner
En Israël, un Premier ministre peut continuer à exercer ses fonctions jusqu’à la tenue d’un procès. Cette éventualité ne semble pas importuner les ténors du gouvernement. Les ministres Avigdor Lieberman (Défense), Ayelet Shaked (Justice) et Naftali Bennett (Education) ont tour à tour exprimé leur souhait de voir l’actuelle coalition au pouvoir se maintenir. Autrement dit, l’hypothèse d’élections anticipées parait exclue à ce stade. Benyamin Netanyahou, apparu très combattif à la télévision mardi soir, laisse déjà entendre qu’il sera candidat au prochain scrutin legislatif de 2019.

L’opposition ne veut pas attendre
Plusieurs figures travaillistes, à l’instar d’Itzhak Herzog et d’Avi Gabay, nouveau chef du parti, estiment que les recommandations de la police mettent Benyamin Netanyahou dans une position intenable qui l’oblige à quitter ses fonctions. Témoin clé de l’affaire selon des révélations de la presse israélienne, le centriste Yaïr Lapid pourrait lui aussi être tenté de faire monter la pression sur le Premier ministre israélien, d’autant qu’il est pressenti comme un possible successeur de Netanyahou. Enfin, si les manifestations hebdomadaires contre la corruption venaient à s’amplifier en Israël, elles pourraient être de nature à précipiter l’instruction du dossier. Voire, la démission de Benyamin Netanyahou.   


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