Les condamnations de la communauté internationale, doublées de pressions diplomatiques, n’y changent rien. Dix jours après l’annonce de Donald Trump, les protestations ne faiblissent pas en Cisjordanie, de même qu’à la frontière entre Israël et la bande de Gaza où la tension reste vive. Bien que divisés par ailleurs, les Palestiniens jouent l’union sacrée sur la question de Jérusalem et certaines voix, même au sein du Fatah, considèrent que la négociation avec Israël appartient désormais au passé. Au point de laisser sur le terrain la situation atteindre un point de non-retour?
La direction palestinienne à l’épreuve
Dans les zones sous son contrôle en Cisjordanie, la police palestinienne continue de laisser les jeunes émeutiers en découdre avec l’armée israélienne. A l’évidence, l’Autorité de Mahmoud Abbas cherche à envoyer un message de fermeté à l’Etat hébreu. Sans doute, le raïs palestinien cherche-t-il aussi à regagner en popularité et apparaitre, aux yeux des siens, comme un leader fort. Sa marge de manœuvre semble néanmoins limitée. Tant sur le plan économique que sécuritaire, Abbas a besoin des Etats-Unis et d’Israël. Si la situation venait à lui échapper, il exposerait son pouvoir à des tentatives de déstabilisation. Dans son entourage, les apparatchiks du Fatah se gardent d’évoquer un retour à la lutte armée, marqués par l’échec de la seconde Intifada. Mais certains souhaitent engager la cause palestinienne dans une nouvelle voie. En l’absence de Marwan Barghouti toujours emprisonné par Israël, ils prônent l’émergence d’un nouveau leadership.
Le dilemme du Hamas
C’est à Gaza que la situation semble la plus proche de s’embraser. Sur les quatre Palestiniens tués vendredi dans des heurts, trois l’ont été près de la clôture de sécurité séparant Israël du territoire palestinien. Le Hamas utilise la déclaration de Trump sur Jérusalem comme un prétexte pour apparaitre comme celui qui porte, sans concession, les revendications palestiniennes. Sauf que contrairement à l’«Intifada des couteaux» (2015-2016), certaines factions radicales jouent la surenchère, à l’instar du Jihad islamique. En une semaine, près d’une vingtaine de roquettes ont visé le sud d’Israël, provoquant à chaque fois des ripostes plus musclées de Tsahal contre les positions du Hamas, sommé de mettre au pas les autres groupes armés. Ces échanges de tirs, sans précèdent depuis la fin de la dernière guerre à Gaza, en août 2014, font planer la menace d’un quatrième conflit armé. Le mouvement islamiste palestinien, toujours isolé malgré un rapprochement avec l’Egypte, peut-il en prendre le risque? D’autant que cette fois, les responsables israéliens promettent que la prochaine confrontation avec le Hamas sera la dernière.
Que veut la communauté internationale?
Deux fronts diplomatiques ont été ouverts pour répondre à la déclaration de Donald Trump. Le premier, mené la Turquie de Recep Erdogan, a abouti mercredi dernier au sommet de l’OCI (organisation de coopération islamique) à Istanbul, dans lequel les représentants de 57 Etats musulmans se sont entendus pour reconnaitre Jérusalem-Est comme la capitale de la Palestine. Parallèlement à l’ONU, l’Egypte, avec l’appui remarqué de la France et de la Belgique, œuvrent pour le vote d’une résolution condamnant la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d’Israël. Ses manœuvres visent à pousser l’administration américaine à faire machine arrière, tout en montrant aux Palestiniens qu’ils disposent encore de soutiens. L’UE, particulièrement intransigeante sur la question du statut de Jérusalem, peut-elle pour autant occuper le vide diplomatique que laisseraient les Etats-Unis dans les prochains mois ? Rien n’est moins sur tant l’Europe, accusée de parti pris, est aussi peu crédible pour les Israéliens que ne l’est désormais Washington pour les Palestiniens.
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