Scandale migratoire : après les Etats-Unis, le Royaume-Uni ?

Les services migratoires britanniques procéderaient à des séparations de familles. Crédits : Philafrenzy

Après le scandale humanitaire qui a frappé les Etats-Unis où près de 2 000 jeunes migrants ont été retirés à leurs parents, c'est au tour du Royaume-Uni d'être cloué au pilori. Une ONG y accuse le gouvernement de séparer des centaines de familles en situation irrégulière chaque année.

L'image avait fait le tour du monde : une petite fille hondurienne en pleurs pendant l'arrestation de sa maman à la frontière américaine.  S'en était suivie une bronca internationale, contraignant Donald Trump à abroger la mesure, très impopulaire jusque dans son camp. C'est désormais la Grande-Bretagne qui est pointée du doigt.

A l'instar des Etats-Unis, des mineurs y seraient répétamment séparés de leurs parents sans papiers, eux-mêmes placés en centre de détention. L'ONG Bail for Immigration Detainees (BID) vient de tirer la sonnette d'alarme, affirmant avoir déjà défendu 155 migrants, s'étant vus retirer leurs enfants en 2018. D'ordinaire, elle gère environs 170 cas par an et estime que le procédé est désormais entériné dans la routine des services britanniques."Nous n'avons aucune supériorité morale sur les Etats-Unis, déclare Celia Clarke, directrice du BID, au quotidien the Guardian. Notre gouvernement sépare les parents des enfants pour des raisons de contrôle migratoire depuis des années."

Dans une étude menée en 2013, son organisation a compilé les profils de 200 mineurs enlevés à 111 parents. Ces derniers ont été détenus pour des périodes s'élevant en moyenne à 270 jours. 15 auraient même été expulsés du territoire sans leur familles. En 2014, une nouvelle enquête portait ce chiffre à 11 sur un échantillon de 47 personnes. Pour l'ONG, les conséquences seraient dévastatrices parmi les enfants, qui développeraient des troubles comportementaux et des terreurs nocturnes. La moitié d'entre eux sont généralement placés en dispositif d'accueil, lorsqu'aucun proche ne peut les prendre en charge.

Pourtant, les directives du ministère de l'Intérieur stipulent que "les enfants ne doivent pas être séparés de leurs parents ni placés en détention." Theresa May avait même contribué à conspuer l'administration Trump, ne masquant pas sa consternation face au tollé outre-Atlantique en martelant "ce n'est pas l'approche britannique." Elle entendait également aborder le sujet lors de la visite du président américain à Londres, le 13 juillet prochain.
Le gouvernement n'a pas fourni de chiffres sur la situation.

 

Maxence Peigné, avec Loïc de La Mornais