La toute première truffe noire du Périgord a été récoltée au Pays de Galles par un groupe d’experts. Shocking : après le champagne et le fromage, le Royaume-Uni s’attaque à un autre trésor français ! Alors va-t-il concurrencer la France en la matière ? Pour l’heure, il ne s’agit que d’expérimentations.
Jamais une truffe noire du Périgord n’avait été cultivée Outre-Manche. C’est pourtant en mars dernier, à Monmouthshire dans le Sud du Pays de Galles que la première truffe a été récoltée à la suite d’un programme mené par des chercheurs de l’Université de Cambridge, par la société MSL et des fermiers locaux. Elle pèse exactement 16 grammes !
Le changement climatique et les qualités du sol en cause
Les chercheurs évoquent le changement climatique comme raison : « Il s’agit de l’emplacement le plus au nord où elle ait jamais été trouvée ». Pour Paul Thomas, de l’université de Stirling et qui travaille pour MSL, cette réussite « montre que la résistance climatique des truffes est plus importante que ce que l’on pensait jusqu’ici, mais il est probable que ce soit uniquement possible à cause du changement climatique et parce que certaines zones du Royaume-Uni sont adaptées à cette culture ». Le sol est aussi l’une des raison de la trouvaille : la truffe a besoin d’un sol calcaire pour se développer et c’est le cas dans cette région du Pays de Galles. Les résultats de cette recherche, qui ont été publiés dans la revue scientifique Climate Research, sont plutôt encourageants selon les scientifiques.
Un investissement encore risqué pour le moment
La truffe noire du Périgord se vend a prix d’or en raison de sa rareté, de son arôme et de son goût délicat. Habituellement, on la trouve en France, plus particulièrement dans le Sud-Ouest et Sud-Est du pays mais aussi en Espagne et en Italie.
Le champignon gallois, lui, a été déniché en mars dernier par Bella, un chien truffier entraîné. Après des analyses microscopiques et génétiques, les experts ont affirmé qu’il s’agissait bien de la précieuse truffe ! Elle s’est développée dans les racines d’un chêne méditerranéen qui avait été spécialement traité pour encourager la production de cet or noir. Elle a ensuite été conservée pour la suite des recherches ; la prochaine production (s’il y a) sera distribuée aux restaurateurs du pays. Mais selon Paul Thomas : « c’est un investissement à risques pour les producteurs ». En effet, on a encore peu d’informations sur la culture de la truffe et la façon dont elle pousse. L’avenir de la production au Pays de Galles n’est donc pas encore assuré.
La traditionnelle truffe du Périgord se vend jusqu’à 1920 euros le kilo au Royaume-Uni et peut parfois atteindre des sommes encore plus élevées selon la taille et la qualité. L’an dernier, elle se négociait entre 700 et 900 euros en Dordogne. Mais peut-être n’auront-ils plus besoin de les importer de France à l’avenir…
Marion Machu avec Loïc de La Mornais