Initialement annoncée au printemps, la visite officielle de Donald Trump devait être le symbole de cette « amitié si spéciale » entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Selon le vocabulaire habituel du président américain, cette venue s’annonçait fantastique. Mais pourtant le projet est tombé à l’eau et depuis, silence radio. Aujourd’hui, le journal britannique The Evening Standard a annoncé que les discussions avaient repris entre Washington et Londres. Le président devrait se rendre au Royaume-Uni début 2018 mais pour une simple « working visit ». Trump, qui voit les choses en grand, va sûrement devoir réviser son vocabulaire à la baisse…
Adieu la visite en grande pompe et peut-être même la rencontre avec la Reine
Selon le quotidien The Evening Standard, les discussions quant à une probable venue en 2018 auraient été relancées. Mais les diplomates américains et britanniques discutent désormais de plans pour une simple « visite de travail » du président lors d’une tournée des pays européens prévue début 2018. Il ne sera donc pas reçu en grande pompe comme il est habituellement de tradition. Aucun tapis rouge déroulé pour Monsieur Trump et aucune précision sur une probable rencontre avec la Reine.
Le nouveau président américain ne semble pas suivre les traces de son prédécesseur… En effet, Barack Obama a réalisé cinq visites officielles au Royaume-Uni et avait été reçu plusieurs fois par la Reine Elizabeth en personne. Il avait même séjourné au château de Windsor avec sa femme Michelle lors de sa dernière visite d’état en 2016. Donald Trump, quant à lui, devra se contenter de la résidence du nouvel ambassadeur américain au Royaume-Uni, Woody Johnson. Mais pour le moment aucune date n’aurait été fixée selon Downing Street.
Pourtant, au début de l’année, le programme de visite du président était tout autre !
A Washington en janvier, Theresa May avait invité Donald Trump pour une visite d’Etat comprenant donc un dîner avec la Reine et un discours devant le Parlement. Pourtant les visites d’état au Royaume-Uni se limitent à une ou deux par an. Evidemment, il n’a pas fallu attendre longtemps pour entendre les nombreuses critiques des britanniques quant à sa venue ! Et les boycotts se sont succédés puisque le leader du parti travailliste de l’opposition Jeremy Corbyn ainsi que le parti libéral-démocrate et le Parti national écossais avaient tous appelé la Première Ministre britannique à revenir son invitation. Mais ce ne sont pas les seuls, plusieurs membres de son propre parti, le Parti conservateur, étaient du même avis. Le très respecté et influent speaker de la Chambre des Communes John Bercow (l’équivalent du président de l’Assemblée nationale) avait même déclaré que le président ne serait pas autorisé à s’adresser à la Chambre. De plus, de nombreux députés avaient signé une motion contre le potentiel discours de Trump au Parlement et plus de 1,8 million de britanniques s’étaient engagés dans une pétition contre cette visite d’état. A cette époque déjà, la presse britannique rapportait que Trump avait demandé à Theresa May de régler la situation rapidement, sinon il ne prendrait pas le risque d’une visite qui serait humiliante.
Passera-t-il par Londres ?
Difficile d’imaginer un voyage au Royaume-Uni sans passer par la capitale. Et c’est bien ça le problème ! Il est vrai que les relations entre le maire de Londres, Sadiq Khan et le président sont exécrables. Les deux hommes avaient échangés des tweets assez virulents il y a peu. Une véritable guerre transatlantique est née entre eux à travers Twitter. En mai 2016, Khan avait déjà reproché à Trump d’avoir une « vision ignorante de l’islam » lorsque ce dernier voulait interdire l’entrée des musulmans aux Etats-Unis. Trump lui avait répondu en lui proposant de faire un test de QI. Plus tard, il avait critiqué les propos tenus par Sadiq Khan lors d’une conférence de presse concernant l’attentat de London Bridge. C’est alors que le porte-parole du maire lui avait alors répondu afin de le remettre gentiment à sa place. Mais cette réponse avait réveillé, une fois de plus, l’esprit cinglant du président. Evidemment, ce tweet était la goutte de trop et le maire de Londres avait demandé au gouvernement d’annuler la visite du président. On se doute donc que Sadiq Khan ne fera aucun effort pour accueillir comme il se doit le président américain début 2018… Mais selon le journal The Evening Standard, une source proche du maire aurait dit qu’il ne s’opposerait pas à une visite de travail.
Voici quelques exemples de tweets provocateurs des deux hommes:
Trump: " 7 morts et 48 blessés lors de l'attaque terroriste et le maire de Londres dit qu'il n'y a "aucun raison de s'alarmer".
Trump: "Excuse pathétique du maire de Londres qui a trouver une explication à cette déclaration "pas de raison d'être alarmé". Les médias travaillent dur pour vendre cette version !"
Et plus tôt sur l'interdiction d'entrée des musulmans sur le territoire américain voulue par Trump...
Khan: "Le point de vue ignorant de Trump sur l'islam pourrait rendre nos pays moins surs. Cela risque d'aliéner les musulmans traditionnels. Londres a prouvé qu'il avait tort".
La visite d’un « ami spécial » qui déçoit beaucoup…
Depuis janvier dernier, les relations entre les deux pays ne cessent d’empirer et la distance s’installe peu à peu. Nouveau coup dur pour la Première Ministre : les Etats-Unis ont récemment assommé l’entreprise Bombardier en augmentant de 300% les taxes à l’importation de leurs avions « Cserie » dont des composants sont produits en Irlande du Nord. Pas moins de 4000 emplois en dépendent. May s’est dite « amèrement déçue » par cette annonce, elle qui espérait des accords de libre-échange. Elle avait également recadré à plusieurs reprises le président lorsqu’il formulait des critiques sur les services de renseignements britanniques. Comme quoi évoquer les « relations spéciales » entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis et se balader main dans la main à la Maison Blanche ne suffisent pas !
Marion Machu avec Loïc de La Mornais