Le torchon brûle dans le ciel européen. Ryanair ne cache pas son appréhension face au Brexit et craint la fin de la libre circulation aérienne. Des retards et annulations sont déjà annoncés et la direction a fait savoir qu'elle pourrait même retirer ses quelques 90 avions des tarmacs britanniques, pour les déplacer vers l'Irlande ou le continent. L'entreprise réclame que des garanties soient mises sur la table sans plus tarder. Easyjet, de son côté, commence à relocaliser une partie de son activité en Autriche.
Les gouvernements n'en sont peut-être qu'au stade des premières rencontres, mais les industriels envisagent dès à présent l'avenir de l'Union sans Londres. British Airways s'inquiétait déjà pour son alliance avec l'espagnol Iberia (IAG), c'est désormais au tour de Ryanair de tirer la sonnette d'alarme : si aucun consensus n'est acté avec Bruxelles d'ici l'an prochain, les conséquences seront fâcheuses.
"Il pourrait ne pas y avoir assez de temps et de bonne volonté pour obtenir un accord bilatéral en temps voulu, déplore Michael O'Leary, le dirigeant du géant irlandais. Cela pourrait entraîner des complications sur les vols entre le Royaume-Uni et l'Europe dès d'avril 2019".
Avec le Brexit, le pays risque de quitter le ciel unique européen, qui permet actuellement de circuler sans entrave entre les 28 états membres, quelque soit la nationalité du prestataire. En l'absence d'un nouveau dispositif, Ryanair l'irlandaise pourrait par exemple dire adieu à ses lignes France-Londres et les compagnies basées Outre-Manche seraient limitées à des vols en provenance ou en direction de la Grande-Bretagne.
C'est pour pallier cette éventualité que Easyjet a d'ors et déjà lancé une filiale à Vienne et que Ryanair cherche à préserver son trafic britannique, qui représente plus de la moitié de ses activités.
"Si nous n'avons aucune assurance légale concernant nos liaisons (...) avant l'automne 2018, nous pourrions être obligés d'annuler des vols et de déplacer certains, voire tous nos avions actuellement basés dans le pays", prévient Michael O'Leary.
Le leader du low-cost peut redouter que le Brexit mette un coup d'arrêt à ses bénéfices exceptionnels, en hausse de 55% sur la période d'avril à juin, comparé à l'année passée.
Maxence Peigné, avec Loïc de La Mornais