Donald Trump en carrosse royal ? Dormant chez Sa Majesté à Windsor ou Balmoral ? Sa chevelure orange faisant concurrence aux chapeaux colorés d'Elisabeth ? Le Parlement britannique débattait aujourd'hui de la pétition contre la visite d’État du Président des États-Unis prévue cette année. Une pétition qui clame que recevoir Donald Trump serait « embarrassant » pour Elizabeth II. Presque deux millions de citoyens britanniques – 1,85 millions exactement – réclament l'annulation ou la transformation de cette visite d’État en simple visite officielle classique, où la Reine n'est pas impliquée. Pourtant, elle a déjà reçu des personnalités controversées. Serait-elle donc vraiment embarrassée ? Voici 4 éléments de réponse.
Oui car un monde et des valeurs opposés séparent Elizabeth II et Donald Trump…
Il suffit d’imaginer une photo officielle de la rencontre pour le comprendre : sa Majesté et sa classe habituelle, aux côtés d’un Président symbole même de la superficialité et du bling bling pour ses détracteurs.
Qui plus est, ils ne partagent pas les mêmes opinions et n’ont probablement pas la même conception des politiques à mener. Elizabeth II est féministe alors que Donald Trump dégrade l’image de la femme, elle lutte contre le réchauffement climatique alors qu’il y voit un concept inventé de toute pièce par les Chinois pour nuire à la productivité des États-Unis… la liste des contradictions peut être longue.
Lord Ricketts, ancien secrétaire général du Ministère des Affaires étrangères britannique, s’est exprimé à la radio BBC2 sur l’intérêt de cette visite d’État.
Selon lui, la Reine voudra donner des conseils en termes de gouvernance, comme elle l’a toujours fait lors de ces visites. Mais en ce moment, celle menée par Trump est très controversée. Si cela continue, cette venue pourrait la mettre dans une « une position délicate », rapporte le Huffington Post.
Oui car rien ne justifie une invitation aussi prématurée…
Ce qui dérange surtout, c’est que l’invitation est intervenue très tôt, quelques jours seulement après l’investiture du Président élu.
Il faut rappeler que les visites d’État sont très rares au Royaume-Uni – seulement une ou deux par an - et suivent un protocole très particulier, comprenant un défile en carrosse, un banquet officiel au Palais de Buckingham, un hébergement au château de Windsor, propriété même de la famille royale.
Ni George W. Bush, ni Barack Obama n’ont eu le privilège d’être invités durant les premiers mois de leur mandat. Ils ont même du attendre au moins deux ans et demi avant de l’être.
Pourtant, le Président sortant avait de très bonnes relations avec la Reine et sa famille. L’année dernière, lors de son 90e anniversaire, le prince George - fils du Prince William et de son épouse Kate Middleton – avait accueilli Barack Obama en pyjama et robe de chambre.
Si l’on remonte plus loin dans les relations britanno-américaines, pas même Ronald Reagan, pourtant très complice avec Margaret Thatcher, n’avait eu cet honneur.
Rien ne semble donc pouvoir justifier une invitation aussi hâtive, et l’on comprend bien qu’elle est seulement le résultat de la pression exercée par Theresa May, qui cherche à entretenir son seul soutien politique en cette période de Brexit…
« Il aurait été plus sage d’attendre de voir quel type de Président il allait être avant de l’inviter », a déclaré Lord Ricketts dans une lettre au journal The Times.
Quoi qu’il en soit, il semblait plus approprié de commencer par une visite officielle classique, comme le demandent les signataires de la pétition.
Oui car Donald Trump aurait déjà dit de ne pas vouloir rencontrer toute la famille royale…
Selon une source de l’équipe du Président américain, ce dernier souhaiterait éviter une rencontre avec le Prince Charles, pour ne pas avoir à entendre son discours écologique, rapporte le Daily Mail. Fervent défenseur de l’environnement et de la planète, le Prince Charles, ou « le prince des écolos », est donc complètement opposé aux opinions de Donald Trump en la matière. Plus qu’embarrassant, cela serait même irrespectueux vis-à-vis de la Reine…
Non car la Reine a déjà reçu des personnalités très controversées…
Elisabeth II a déjà reçu des personnalités qui avaient suscité la polémique. Les visites d’État de Joseph-Désiré Mobutu - ancien dictateur du Zaïre - en 1973, de Nicolae Ceausescu – Président communiste roumain – en 1978, ou encore de Vladimir Poutine – Chef d’État russe - en 2003, prouvent que la Reine sait se prêter au jeu du protocole, sans que cela signifie qu’elle soit en accord avec la politique menée par ces derniers.
De ce point de vue, on imagine qu’elle soit tout à fait capable de gérer cette venue, sans que la situation devienne « embarrassante » pour elle.
Mais il semblerait que ce soit bien le seul argument justifiant la crédibilité de cette visite d’État…
Marine Clerc avec Loïc De La Mornais