Près de six mois après le référendum sur le Brexit, "aucune stratégie commune n'a émergé" sur la façon dont le Royaume-Uni va quitter l'Union européenne. C'est ce qu'affirme un rapport commandé par le gouvernement britannique qui a fuité, publié mardi 15 novembre dans le Times.
Le rapport intitulé "Mise à jour sur le Brexit" aurait été rédigé le 7 novembre dernier par un consultant d'une entreprise de comptabilité travaillant pour le gouvernement conservateur.
Tomorrow's front page: Cabinet split threatens to derail May’s Brexit talks #tomorrowspaperstoday https://t.co/WLuLg3IwrR pic.twitter.com/i0yzhU3nMX
— The Times and The Sunday Times (@thetimes) November 14, 2016
"La Une de demain : le Cabinet divisé, susceptible de faire dérailler les discussions autour du Brexit"
Un gouvernement divisé incapable d'adopter une stragégie commune
Le document que révèle le Times affirme que malgré les discussions entamées depuis le 23 juin, "aucune stratégie commune" pour le Brexit n'a émergé. Les membres du gouvernement pourraient encore avoir besoin de six mois supplémentaires pour établir une stratégie de sortie de l'Union européenne. Ce ralentissement serait notamment dû à des divisions au sein du gouvernement conservateur, mais aussi à un manque de fonctionnaires explique la note. Le gouvernement aurait plus de "500 projets différents" liés au Brexit, et la tâche nécessiterait d'embaucher pas moins de "10 000 à 30 000 fonctionnaires" pour les mener à bien, et couterait près de 15 milliards de livres. Il précise aussi que les acteurs majeurs de l'industrie vont "pointer un pistolet sur la tempe du gouvernement" jusqu'à ce que les ministres leur garantissent que des entreprises comme Nissan ne seraient pas affecté par le Brexit.
Selon le consultant, les désaccords ont eu lieu entre les trois "Brexiteurs" (le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, le secrétaire d'État au Commerce international Liam Fox, le ministre du Brexit Davis Davis) d'un côté, le chancelier de l'Échiquier Philip Hammond et Greg Clark, le Secrétaire d'État aux Affaires, à l'Énergie et à la Stratégie industrielle, de l'autre.
L'auteur de cette s'en prend aussi à la Première ministre. Il reproche à Theresa May sa tendance à "n'écouter qu'elle même", ont rapporté aujourd'hui la BBC et le Times. Il lui suggère aussi de se mouiller un peu plus qu'en répétant simplement "Brexit means Brexit" ("Le Brexit, c'est le Brexit"), ses éléments de langage serinés sans fin depuis sa nomination.
"Nous voulons faire du Brexit un succès'
Selon l'un des porte-parole du gouvernement, ce document "n'a rien à faire avec lui". "Nous ne reconnaitrons aucune de ses revendications." Selon lui, cette note a été produite par quelqu'un "qui n'avait pas mis les pieds au 10 Downing Street ou engagé des discussions avec lui depuis que la première ministre est au gouvernement." "Nous restons concentrés sur l'élaboration du Brexit, dont nous voulons faire un succès", a-t-il ajouté.
Theresa May a promis qu'elle enclencherait d'ici à la fin du mois de mars 2017 le processus de sortie de l'Union européenne en activant l'article 50 du Traité européen de Lisbonne qui ouvrira une période maximale de deux années pour négocier la sortie britannique. Mais pour l'instant, la première ministre n'a encore livré aucun indice sur sa stratégie de sortie de l'UE.
Camille Soligo avec Loic De La Mornais