Ils avaient annoncé le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne et la victoire d'Hillary Clinton à l'élection présidentielle américaine. Une fois de plus, les instituts de sondages se sont trompés sur les deux grands rendez-vous électoraux de l'année. Aujourd'hui la presse britannique avance que "Les sondages ne peuvent plus prédire le fonctionnement de la démocratie moderne". Explications.
Selon les observateurs et les médias américains, Hillary Clinton devait remporter l'élection présidentielle américaine et devenir la première femme présidente des États-Unis ce mardi 8 novembre. Ils n'en a pas été ainsi : Donald Trump a été élu, avec une large avance, 45e président des États-Unis. Les sondeurs américains ont pourtant été incapables de prédire la victoire deTrump. Jusqu'au dernier moment, ils avaient donné Hillary Clinton gagnante, avec une avance allant jusqu'à quatre points.
Mais comment les instituts ont-ils pu voir faux ? D'une part, en raison de la nature de l'échantillon. Les sondages américains interrogent en moyenne 1 500 personnes, un faible nombre si on prend en compte la population du pays qui s'élève à 320 millions d'habitants. D'autre part, les pronostics sont effectués dans chacun des cinquante états du pays.
L'"inversion des courbes" ou le résumé de cette nuit électorale #Election2016 pic.twitter.com/GSPwGV4KZs
— Mathilde Gérard (@MathiGerard) November 9, 2016
Sentiment de déjà vu
Outre-Manche, même scénario en juin dernier. La plupart des sondages donnaient vainqueur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne à 52%. Et dans la nuit du 23 au 24 juin, cette estimation s’est transformée en un 52 % en faveur du Brexit. Les électeurs britanniques avaient eu le même effet de surprise en découvrant les résultats, déjouant les sondages qui donnaient le "Leave" perdant.
"Mister Brexit", comme Donald Trump aimait se faire appeler pendant la campagne, avait donc vu juste.
They will soon be calling me MR. BREXIT!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 18, 2016
Dans un éditorial, un journaliste du journal britannique The Independent a écrit suite à l'élection américaine: "Les sondages se sont encore trompés. Ils ne peuvent plus prédire le fonctionnement de la démocratie moderne."
"Il n'y a pas d'alternative aux sondages. Il n'y a pas d'autre solution de prédire des élections qu'en demandant à un échantillon d'électeurs pour qui ils ont l'intention de voter et utiliser leur réponse pour essayer de les projeter à toute la population de votants. L'être humain veut savoir ce qu'il va se passer : il demande des informations. Il y aura toujours des sondages d'opinion. Mais il faut essayer de mieux les interpréter, en appliquant un jugement politique, même si c'est incertain", a déclaré John Rentoul.
Matthew Goodwin, professeur en relations internationales à l'université du Kent a fait un parallèle entre le Brexit et l'élection présidentielle. Selon lui, "dans le cas du Brexit, nous avons échoué à quantifier les votants inattendus, en particulier les votants âgés de la classe moyenne qui n'ont pas répondu aux sondages. Donc nous avons découert deux ou deux millions et demi de votants que nous n'avions pas vu dans les élections précédentes et dans les sept sondages durant la campagne. Seulement l'un d'entre eux prévoyait le Brexit."
The New European a révélé cette semaine que si le référendum européen avait lieu aujourd'hui, selon 11 sondages sur 13, les britanniques voteraient en faveur du "Remain" pour rester dans l'Union européenne. On peut là encore s'interroger sur la fiabilité des ces pronostics.
À qui le tour ?
Le Brexit, Donald Trump... Et si dans les mois qui viennent les sondages français se trompaient sur Marine Le Pen ? Et s'ils sous-estimaient la victoire de la candidate d'extrême droite lors de l'élection présidentielle de mai prochain ? Si certains assurent que les instituts français fonctionnent différemment, la victoire imprévisible du candidat républicain à la Maison Blanche face à Hillary Clinton semble avoir montré les limites de tels sondages.