Alors que le Labour Party, le parti travailliste britannique, s'apprête à choisir son nouveau leader ce samedi à Liverpool, les critiques sont plus vives que jamais contre l'improbable leader qui divise le parti... mais qui devrait malgré tout sauver son poste.
Le vote des militants s'est achevé mercredi, et les résultats seront communiqués ce samedi à Liverpool, où a lieu le congrès annuel du Parti travailliste britannique (Labour party), du 25 au 28 septembre. Mais à la veille de l'élection, ou de la réélection, de son nouveau dirigeant, le parti d'opposition fait face à d'éternelles querelles entre le candidat sortant Jeremy Corbyn et les autres membres.
Un candidat "incapable de remporter des élections"
Dans un article du News States Man, David Miliband, membre du parti travailliste et ancien secrétaire d'État aux Affaires étrangères, a exprimé le fond de sa pensée quelques heures seulement après la clôture des derniers votes. Battu par son jeune frère Ed en 2010 à la tête du parti, David Miliband, a en effet déclaré que Jeremy Corbyn avait transformé le parti travailliste en parti "incapable de remporter des élections" (contre la conservatrice et actuelle Première ministre Theresa May), a relaté le Guardian ce jeudi.
Selon l'ancien secrétaire d'État aux Affaires étrangères, le "discours en demi-teinte" de l'actuel leader du parti travailliste durant la campagne du référendum sur l'Union Européenne a été "une trahison pour des millions de travailleurs". Ce dernier a ajouté que sous la direction de Jeremy Corbyn, le parti "n'avait jamais été aussi loin du pouvoir depuis les années 1930", alors que le Labour n’a plus été au pouvoir depuis 2007 avec Tony Blair.
En 2015, Jeremy Corbyn avait été présenté comme l'homme providentiel pour révolutionner la gauche britannique centriste. Il avait été élu en septembre 2015 avec près de 60% des suffrages. Mais au mois de juin dernier, changement d'ambiance, il a catégoriquement refusé de démissionner en dépit d'une motion de censure déposée par les députés du parti travailliste contre lui.
68% des voix pour Jeremy Corbyn ?
Une partie gagnée d'avance ? Malgré les critiques, le doute ne semble plus permis. L'actuel leader du parti travailliste britannique, si controversé soit-il, devrait être réélu à la tête du Labour. À la veille de l'annonce des résultats, plusieurs médias britanniques l'affirment.
D'après le quotidien britannique The Independent, le leader sortant remporterait la victoire à 68% face à son challenger, Owen Smith, 46 ans, un député de la circonscription galloise de Pontypridd et ancien journaliste de la BBC, qui concéderait sa défaite. Pour l'hebdomadaire The Week, les chiffres sont également largement en faveur du candidat sortant. Sur les 640 000 inscrits pour ce vote, 80 000 seraient de nouveaux militants, et 88% d'entre eux seraient favorables à Jeremy Corbyn.
Owen Smith, quant à lui, n'a pas convaincu les militants durant la campagne, devant faire face à plusieurs polémiques après des remarques misogynes.
Jeremy Corbyn et Owen Smith étaient en effet les seuls candidats en lice pour la tête du parti. La députée britannique Angela Eagle a abandonné la course le 19 juillet, apportant son soutien au Gallois. "Il m'est apparu qu'il n'était pas dans l'intérêt du parti de poursuivre" la compétition, a-t-elle déclaré. Et d'ajouter : "Nous allons travailler en étroite coopération pour défendre un Parti travailliste efficace, uni et capable d'assumer son rôle d'opposition au gouvernement conservateur. Actuellement, le parti ne fonctionne pas, son leader n'a pas la confiance de ses députés et ne parle pas au pays". De son côté, Owen Smith s’est engagé à tenir un second référendum sur l’appartenance à l’Union Européenne s’il venait à être élu premier ministre.
Camille Soligo avec Loic De La Mornais