3/3 : Troisième et dernier épisode de notre série sur la Grande-Bretagne et les Jeux Oympiques. Aujourd'hui, nous nous arrêtons sur le cycliste Bradley Wiggins, un des plus grands athlètes britanniques de l'histoire et grand espoir de médaille aux Jeux Olympiques de Rio.
A 36 ans, Bradley Wiggins a de quoi être fier de son palmarès. Vainqueur du Tour de France en 2012, multiple champion du monde et champion olympique, le cycliste avait pourtant déclaré en 2015, "Il y a des fois où j'aimerais ne jamais avoir remporté le Tour de France".
Bradley Wiggins est un pur produit de la richissime fédération anglaise de cyclisme et de l'équipe Sky, qui domine le Tour depuis plusieurs éditions. Fils du cycliste Garry Wiggins, il grandit avec sa mère à Londres pour échapper à son père, alcoolique. Pourtant, les Jeux Olympiques de Barcelone, en 1992, sont une révélation : Bradley s'essaie au vélo de piste et suit la voie de son père. Il collectionne rapidement les victoires chez les juniors et remporte une médaille de bronze aux Jeux de Sydney, alors qu'il n'a que 20 ans.
Aux Jeux d'Athènes, quatre ans plus tard, il remporte trois médailles : l'or en poursuite individuelle, l'argent en poursuite par équipe et le bronze lors de la course à l'américaine. Ses performances lui valent d'être nommé Officier de l'ordre de l'Empire britannique.
Sky, le cyclisme en blouse blanche
Hanté par le parcours de son père, Bradley Wiggins commence à boire et vit un véritable passage à vide entre 2004 et 2007. Avant de se ressaisir en 2008 et de remporter deux médailles d'or aux Jeux Olympiques de Pékin, deux mois après le décès tragique de son père.
Le Royaume-Uni doit accueillir les prochains Jeux Olympiques. Le gouvernement, qui veut redorer le blason du cyclisme britannique et présenter une équipe vaillante alloue d'importants fonds à la discipline et demande la création d'une équipe britannique de coureurs professionnels. L'équipe Sky s'empare alors des jeunes talents et de Bradley Wiggins. Elle métamorphose le coureur et en fait un cheval de compétition : de 82 kg en 2006 (pour 1 m 90), il est plongé à 69 kg en 2011. Le public s'interroge : sa maigreur est épinglée dans un rapport de l'Union cycliste internationale (UCI) et les observateurs multiplient les allégations autour du dopage. De nombreuses recettes circulent : Lévothyrox, Aicar ou encore corticoïdes. Chez les Sky, on préfère parler de doses de protéines.
Le staff, en blouse blanche, lui promet de remporter la Grande boucle et emploie tous les moyens pour y parvenir. Analyse du terrain en vidéo, matériel de pointe, étude de la concurrence, calcul de vitesses par ordinateur : la Sky invente le cyclisme en laboratoire.
2012 : la consécration
L'année 2012 fait entrer Bradley Wiggins dans l'histoire du cyclisme, et du sport britannique. Comme en rêvait son équipe, il remporte le Tour de France et devient le premier Britannique à s'imposer sur la grande boucle. Il remporte aussi les Jeux Olympiques à domicile, Paris-Nice, le Tour de Romandie et le Dauphiné. Il n'en est pas moins un vainqueur ennuyeux : sur le Tour, il domine les contre-la-montre, roule au sein du peloton mais n'attaque jamais. Collectionneur de vespas et de guitares de rock, il publie son autobiographie My Time, en 2012. Il décide la même année de se retirer et de se concentrer sur la piste. Il reprend du poids avec un seul objectif en tête : les Jeux Olympiques de Rio.
Au Brésil, il participera à la poursuite par équipe avec l'espoir de décrocher un cinquième titre olympique. Il devrait ensuite raccrocher son guidon même s'il déclarait encore récemment se sentir « comme un jeune de 19 ans avant d’aborder ces Jeux ».
Charlotte Onfroy-Barrier, avec Clément Le Goff