"Ô Angleterre, qu'as-tu fait?" La tribune choc du Times

Ce week-end, au lendemain de la victoire du Brexit, le journal The Times, par la voix d'Alex Massie a publié cette tribune choc : comment les Anglais ont-il pu voter en faveur d'une sortie de l'Union Européenne? Le journaliste livre avec fougue un plaidoyer pour un Royaume... uni et s'inquiète du possible départ de l'Ecosse. A lire et à méditer.

Ô Angleterre, qu'as tu fait? Je crains que tu ne comprennes pas l’ampleur et l’impact de ton vote pour sortir la Grande-Bretagne de l’Union Européenne. Je sais que tu n'as pas beaucoup réfléchi aux conséquences que cette décision aura sur l’avenir du Royaume-Uni.

Le résultat du référendum est une calamité pour notre unité. En réponse à leur propre question constitutionnelle - qui gouverne le Royayme Uni? - les Anglais ont rouvert la question de la constitutionnalité écossaise. Nicola Sturgeon avait averti que le Brexit, associé à un vote des Ecossais en faveur du « Remain » entrainerait un nouveau risque de scission, donc tu ne peux pas dire que tu ne le savais pas. Mais tu as choisi de ne pas écouter.

Beaucoup de partisans des Conservateurs pensent que la question européenne est plus importante que la question britannique. Or clamer "l’Angleterre d’abord", c’est inévitablement reléguer la Grande-Bretagne au second rang. Il est vrai qu’un deuxième referendum sur l’indépendance de l'Ecosse a toujours été prévisible. Il est vrai aussi que les atouts économiques des écossais sont largement plus faibles maintenant qu’ils l’étaient en 2014. L’effondrement des revenus issus du pétrole en Mer du Nord en sont la preuve. Une Ecosse indépendante ferait face à d’énormes et immédiates difficultés.

Néanmoins, l’argument politique et démocratique persiste et existe par le vote en faveur du Brexit. Dans ce climat fragile, l’indépendance est un risque et un challenge que de nombreux Ecossais sont prêts à prendre.

Certes, de nombreux obstacles demeurent. Plus que les questions économiques et monétaires, l’adhésion à l’Union européenne et la relation avec le reste du Royaume-Uni sont des interrogations auxquelles il est plus difficile de répondre qu’en 2014.

L’Union britannique a obtenu un petit sursis il y a deux ans; on lui a offert une dernière chance de se réinventer elle-même. Maintenant, c’est différent. Il y a moins d’obstacles avant d'assister à l’indépendance de l’Ecosse qu’il n’y en avait jeudi matin. Beaucoup de personnes qui n’ont pas voté pour la sortie de l'Europe  peuvent imaginer voter « Oui » à la sortie de l'Ecosse.

L’Angleterre a poussé l’Ecosse vers sa propre sortie.

Angleterre, ce n’est peut-être pas ce que tu as voulu faire mais tu l’as fait. Ce matin, les Ecossais encore partisans d'un Royaume "Uni" se sentent comme les derniers croyants en cette vieille religion britannique. Car il est maintenant clair que la Grande-Bretagne peut être perdue, tout comme l’Ecosse, abandonnée...