Le meurtre de Jo Cox peut-il influencer le référendum sur la sortie de l'Europe?

SERIE J-6 : le compte à rebours avant le grand divorce ?

Au lendemain du meurtre brutal de la député travailliste Jo Cox, le Royaume-Uni est sous le choc. La parlementaire, âgée de 40 ans, était considérée comme une "étoile montante" de la nouvelle génération de la gauche britannique. Alors que les sondages sont au coude à coude, la campagne sur le référendum sur la sortie de l'Union Européenne est interrompue. Cet événement tragique pourrait-il influencer le résultat du vote?

OUI - À six jours du vote, le meurtre de la député pourrait bien influencer le résultat du scrutin. Jeudi 16 juin, la jeune femme a été abattue par un homme partisan de thèses néo-nazies, qui aurait crié, selon les premiers témoins, « Britain First » (« La Grande Bretagne d’abord ») au moment où la police l'interpellait. Ce slogan est le nom d’un parti d’extrême-droite pour lequel il aurait des sympathies. Un mouvement connu pour sa rhétorique ultra violente et notamment sa haine des parlementaires de gauche. Très nettement en faveur de l'Union Européenne, la député menait une campagne active contre le Brexit. Si l'enquête démontre que les motivations du tueur sont liées au référendum, cet événement pourrait stopper la dynamique des pro-brexit, qui ont le vent en poupe depuis plusieurs semaines.

Dès ce matin, la bourse de Londres a connu une hausse sensible : l'indice FTSE-100 des principales valeurs a augmenté de 1,29% et ouvert à 6 027.46 points. Face à la perspective d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, les marchés financiers affichaient une certaine inquiétude.

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NON - Au lendemain de ce meurtre, aucun lien n'a été établi entre le tueur, Thomas Mair, et le parti UKIP, le parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, qui porte une bonne partie de la campagne pour le Brexit. Un parti qu'on peut qualifier de droite populiste, mais qui veut se démarquer de toute image raciste : il avait d'ailleurs refusé de constituer un groupe parlementaire à Strasbourg avec Marine Le Pen. Le leader du parti, Nigel Farage, s'est d'ailleurs dit « profondément attristé » par cette nouvelle, adressant ses « sincères condoléances » à sa famille, sans commenter les cris de l'agresseur.

Il pourrait simplement s'agir du geste d'un déséquilibré, au mental instable. Duane St Louis, le demi-frère de Tommy Mair, explique que celui-ci souffre de troubles obsessionnels compulsifs. Il précise que son frère n'a jamais exprimé de propos racistes : «J'ai toujours du mal à y croire. Mon frère n'est pas violent et n'est pas du tout politisé », a-t-il déclaré dans le Daily Telegraph. « Il a des antécédents de maladie mentale, mais il s'est fait aider ».

Le quotidien Daily Mail, conservateur et populiste, insiste d'ailleurs fortement sur le profil psychologique du tueur et veille à écarter toute piste politique. Ce matin, il rappelle ses antécédents, parlant d'un "loner", un individu solitaire et égaré, histoire de ne pas faire douter ceux qui s'apprêtent à voter en faveur du Brexit.

La campagne sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne ne manque pas de rebondissements et d'attaques hasardeuses mais jamais les partisans du Brexit n'en sont venus à la violence physique. Les débats sont restés cordiaux. Mercredi, les deux camps s'affrontaient à coups de mégaphone lors d'une flottille sur la tamise.

Publié par Bureau de Londres / Catégories : Non classé