L’attaque de Bruxelles de ce mardi 22 mars a ravivé les craintes des Londoniens de se faire attaquer à leur tour. L'île britannique, bien que située en dehors de l'espace Schengen, ne prend pas la menace qui pèse sur sa capitale à la légère.
Cinq questions pour tout comprendre.
Les Britanniques se sentent-ils vulnérables face à la menace terroriste ?
OUI : La capitale anglaise n’est pas épargnée. En 2005 déjà, les Londoniens avaient été frappés sur leur sol, lors des attentats dits du « 7/7 », du 7 juillet. Quatre terroristes islamistes s’étaient fait sauter dans le métro d’abord, puis dans la rue. Ces attentats-suicides avaient provoqué la mort de 52 personnes, faisant également plus de 700 blessés. Le pays tout entier en est resté très choqué.
Le reste du Royaume-Uni, et notamment l’Irlande du Nord, a également connu une vague d’attentats très importante. Entre 1971 et 1998, 215 personnes ont perdu la vie à cause du groupe armé de l’IRA, l’armée républicaine irlandaise.
« A quand le tour de Londres ? » s’interrogent les Londoniens, inquiets, sur les réseaux sociaux.
#Brusselsattacks ....so awful..so sad. An attack on #London seems inevitable. Where? When? We ALL need to be on high alert. #Belgium
— Joan Collins (@JoannieCo) March 22, 2016
"...Tellement terrible...tellement triste. Une attaque à Londres semble inévitable. Où ? Quand ? Nous devons TOUS être en alerte maximale."
@nirasol1969 Safer? Here in #London? Some people live in a bubble!!#brusselsattack#whendoesitstop#stop#EnoughIsEnough
— Faria Alam (@faria007) March 22, 2016
"Plus sûrs ? Ici à Londres ? Certaines personnes vivent dans une bulle !!"
Londres se prépare-t-elle efficacement pour contrer d'éventuelles attaques de l'Etat Islamique (EI) ?
OUI : Si déjà les forces de sécurité britanniques avaient été renforcées après les attentats de Paris du mois de novembre, la police londonienne, la Metropolitan Police, avait également déployé 600 policiers armés supplémentaires au cœur de la capitale. Le premier Ministre David Cameron avait en effet demandé une révision de l’utilisation des armes à feu par la police du Royaume-Uni, alors que traditionnellement, les officiers britanniques ne portent pas d’armes de service.
Mais aussi, pas plus tard que la veille des attentats de Bruxelles, le lundi 21 mars, la police londonienne avait simulé 10 attaques terroristes pour « être prêts » rapporte le journal The Independent. Les fausses attaques ont été préparées pour permettre à la police de réagir de manière coordonnée sur 10 attaques simultanées. « Maintenant, on est prêts si jamais sept, huit, neuf ou dix attaques nous touchent » explique l’un des policiers de l’entraînement.
Après les attentats de Bruxelles, les journalistes britanniques se sont eux aussi précipité sur les réseaux sociaux pour informer la population des mesures de précaution des autorités londoniennes.
In response to #brusselsattack - #London Metropolitan Police have deployed extra officers across the capital, including transport services
— Sandy Rashty (@SandyRashty) March 22, 2016
"En réponse aux attentats de Bruxelles - La police de Londres a déployé davantage d'officiers dans la capitale, notamment dans les transports. " Informe sur son compte Twitter la journaliste britannique Sandy Rashty, à peine trois heures après les attaques en Belgique.
Le premier ministre David Cameron annonçait par ailleurs en novembre dernier, quelques jours après les attentats de Paris, que les agents de sécurité britanniques étaient parvenus à déjouer sept attaques terroristes en un an.
Le Royaume-Uni est-il à l'abri des jeunes radicalisés ?
NON : Les Britanniques aussi connaissent des difficultés à lutter contre la radicalisation des jeunes les plus influençables. Plus de 800 Britanniques seraient partis rejoindre les rangs de l’EI, dont à peine la moitié sont rentrés depuis. Comme en France, le fléau touche surtout les plus jeunes, sur Internet notamment. Sur les 54 présumés morts en Syrie ou en Irak, 30 d’entre eux ont moins de 25 ans, rapporte BBC News.
Parmi les plus connus d’entre eux, « Jihadi John » [John le djihadiste], de son vrai nom Mohammed Emwazi, un Londonien issu de la classe moyenne, tué au combat en novembre 2015. Tristement célèbre pour être l’assassin du journaliste américain James Foley entre autres, mais surtout des trois humanitaires britanniques Alan Henning, David Haines et Peter Kassig dont l’exécution avait ému tout le pays. Mohammed Emwazi avait pourtant étudié dans l’une des meilleures universités de Londres, celle de Westminster et avait connu une enfance heureuse.
Les voyageurs qui arrivent au Royaume-Uni sont-ils davantage contrôlés ?
OUI : Car les Britanniques se sont dotés du PNR, le Fichier des Passagers aérien [PNR : Passenger Name Record], un dossier rassemblant les données personnelles de tous les passagers voyageant ensemble. Si cette mesure a été mise en place dès 2001, après les attentats de New York par plusieurs pays (Etats-Unis, Australie, Canada), les pays européens rencontrent quant à eux, des difficultés à mettre le dispositif en place.
Le Royaume-Uni a pourtant adopté la mesure à son tour en 2011, rendant alors le pays davantage sécurisé que ses voisins européens. Le PNR recense le nom et l’itinéraire de tous les passagers voyageant en provenance ou en direction du pays.
La ville de Londres est-elle plus sûre que Paris ou Bruxelles ?
Un peu : Bien que membre de l’Union européenne (UE), le Royaume-Uni ne fait pas partie de l’espace Schengen et dispose donc d’un contrôle aux frontières bien plus important que ses voisins européens et de ce fait un niveau de sécurité supplémentaire.
Le départ du pays de l’UE, remis en question par le référendum du 23 juin prochain, constitue également une motivation qu’ont certains partisans du Brexit à limiter les entrées sur le sol britannique. Si le pays choisit de quitter l’UE, la sécurité aux douanes sera d’autant plus renforcée, prévenant ainsi davantage les éventuels risques d’attentats dans la capitale anglaise.
Une journaliste du Telegraph, Allison Pearson, a même provoqué un tollé à la suite de son tweet :
Brussels, de facto capital of the EU, is also the jihadist capital of Europe. And the Remainers dare to say we're safer in the EU! #Brexit
— Allison Pearson (@allisonpearson) March 22, 2016
Bruxelles est de facto la capitale de l'UE, c'est aussi la capital du djihad en Europe. Et les [personnes contre le Brexit] osent dire qu'on se sent plus sûr dans l'UE !"
L'éditorialiste est notamment accusée de récupération politique sur le dos de dizaines de victimes, alors qu'elle publie son message moins d'une heure après l'attaque.
...Et maintenant, on fait quoi ?
Les Belges ont reçu beaucoup de soutien de personnes du monde entier. Au Royaume-Uni, certains Londoniens n'hésitent pas à partager leur toit avec les Bruxellois retenus dans la capitale britannique :
If anyone is stuck in #london due to #brusselsattack: our fridge is full and a couch is ready!
— Inflammatory Moose (@MamaMoose_Be) March 22, 2016
"Si quelqu'un est coincé à Londres à cause des attaques de Bruxelles : notre frigidaire est rempli et le canapé est prêt !" c’est
Le premier ministre David Cameron s'est exprimé quelques heures après l'attaque. Il dénonce ces terribles attaques qui l'ont "choqué" et met en garde contre "une menace réelle". Il a également réuni ses ministres pour une réunion d'urgence. Le bureau des affaires étrangères britannique déconseille par ailleurs de se rendre dans la capitale belge.
La BBC a quant à elle déclaré que plusieurs drapeaux belges seront en berne non loin du 10 Downing Street.
Emmanuelle Rouillon avec Loïc de La Mornais