Du rififi chez les Anglais : la guerre du Brexit est déclarée

David Cameron et John Longworth - uk.ma.tn

La bataille est désormais sans merci de l’autre côté de la Manche depuis que le directeur général de la Chambre de Commerce britannique (BCC) John Longworth a annoncé sa démission...sans doute un peu forcée. Il s’était prononcé en faveur du Brexit et selon certains militants de la sortie du Royaume Uni de l’UE, le premier ministre David Cameron aurait eu sa peau…

« J’aimerais pouvoir être libre d’exprimer mon point de vue personnel sur la question de la sortie de l’Union Européenne » a-t-il déclaré au quotidien The Guardian malgré l’avis contraire des deux tiers de la BCC. Un sondage récent montre que 1 200 des 2000 membres de la Chambre de Commerce sont contre la sortie du pays de l’UE.

Lors d’une conférence à la BCC jeudi 3 mars, John Longworth déclarait que la Grande Bretagne s’en sortirait bien mieux hors de l’Union Européenne. Selon lui, le pays aurait un avenir économique bien plus brillant s’il se débrouillait seul.

Patron de la BCC depuis 2011, John Longworth a annoncé sa démission dès le lendemain, vendredi 4 mars. Le conseil d’administration de la Chambre de Commerce a néanmoins précisé que l’avis personnel du directeur général n’est pas celui de la BCC qui préfère rester neutre dans le débat.

Sur le web, les réactions n’ont pas tardé à fuser. Le député eurosceptique Ukip Douglas Carswell a tweeté  un commentaire plutôt amer à l’encontre de David Cameron


Le label ‘‘Project fear’’ [peur du projet] est devenu viral sur les réseaux sociaux. Il est utilisé par les partisans du Brexit pour critiquer les tactiques de David Cameron et de ses alliés pour conserver le pays au sein de l’Union.
John Longworth accuse ainsi le premier ministre de colporter des ‘‘histoires horrifiantes’’ pour maintenir le Royaume-Uni au sein de l’UE.

Boris Johnson, principal opposant de David Cameron au sein du parti conservateur, qualifie le départ de John Longworth de ‘‘scandaleux’’. Il dénonce la mainmise du premier ministre sur la Chambre de commerce.
Le maire de Londres incite enfin l’ancien patron de la BCC à rejoindre la campagne pour la sortie du pays de l’UE, où ce dernier pourra « parler sans
crainte de représailles ».

Les services du Premier ministre ont fermement démentis être à l’initiative de ce départ, déclarant ‘‘ avoir été surpris de constater que le dirigeant de la BCC où 60% des membres étaient contre le Brexit puisse prendre une telle position sur la question.’’

David Cameron a pourtant laissé la liberté à ses ministres de prendre parti, pour ou contre la sortie du pays de l’UE.
Parmi eux, le ministre John Whittingdale et la députée Priti Patel, qui n’hésitent pas à alarmer le chef du gouvernement sur les chiffres inquiétants des migrations au sein de l’UE. En 2015, 257 000 personnes sont arrivées sur le sol britannique.

Les politiques ne sont pas les seuls à s’échauffer sur la question : les célébrités britanniques donnent aussi leur avis. Si l’actrice Emma Thompson pense que le Brexit serait une « folie » et que l’ex-propriétaire des Virgin Megastores Richard Branson prévient l’Europe que le Brexit ferait beaucoup de dégâts, l’acteur Michael Cain estime lui que le Royaume-Uni devrait couper les ponts avec Bruxelles ‘‘s’il n’y a pas de changements radicaux avec l’Europe des 28.’’

Emmanuelle Rouillon avec Loïc de La Mornais

Publié par Bureau de Londres / Catégories : Non classé