C’est la Une du Daily Telegraph aujourd’hui : David Cameron soutient l’interdiction du voile intégral porté par les musulmanes au sein des institutions publiques (écoles, tribunaux et autres institutions britanniques). Il relance ainsi un débat vieux de deux ans, dans un pays plutôt réputé pour son laxisme et son ouverture d’esprit en la matière. En effet, il n'est pas rare de voir des femmes prenant le thé chez Harrod's ou des groupes d'étudiantes en goguette vêtues du niqab.

Dans l'article, l'exemple français est souvent cité en comparaison. Chez nous, le simple voile qui recouvre les cheveux est interdit dans tous les emplois de la fonction publique et dans les écoles depuis 2004. Le voile intégral, quant à lui, est interdit absolument partout et celles qui le portent sont passibles d'une amende. Au Royaume-Uni, aucune législation particulière n'existe à ce sujet.

En 2013, le Premier ministre avait déjà fait quelques remous dans le monde hospitalier. Le NHS (Sécurité Sociale britannique) avait demandé à son personnel de ne pas porter le voile intégral lors des consultations avec les patients. La même année un juge avait sommé une musulmane de retirer son voile pendant l'audience et demandé aux autorités des éclaircissements sur la marche à suivre à ce sujet. A l'inverse, un lycée de Birmingham avait été obligé de revoir sa position après avoir banni casquettes, voiles et capuches. Un tollé qui avait mené à une pétition signée par plus de 8 000 personnes.

C'est chose faite. La Ministre de l'éducation, Nicky Morgan, a annoncé que les écoles étaient désormais responsables de décider si oui ou non le voile intégral est autorisé. Ses propos sont en accord avec Sir Michael Wilshaw, directeur de l'Ofsted (Education Nationale), qui considère le voile comme étant source de discorde au sein des salles de classe et l'interdirait s'il le pouvait. 

C'est donc une prise de position historique que prend Cameron et son gouvernement aujourd'hui. Ce durcissement vient comme une réponse au phénomène de radicalisation que connaît aussi la société britannique. Il s'intègre dans un ensemble de mesures pour empêcher le départ de jeunes en Syrie.

En toile de fond, le traumatisme provoqué par Jihadi John, cet anglais apparaissant dans des vidéos de décapitation, diffusées par le groupe Etat Islamique entre 2014 et 2015, et les récentes vidéos de ceux, djihadistes britanniques également, qui semblent avoir pris sa suite. Parmi ces mesures, Cameron a également annoncé l'expulsion des femmes musulmanes arrivées au Royaume-Uni grâce au visa "d'épouse" dans le cas où elles échoueraient à une série de test d'anglais après deux ans sur le territoire.

Pour faire taire les polémiques sur ce dernier point, David Cameron a tenu à préciser que ces mesures, loin d'être contre les femmes, visaient surtout les hommes, leurs maris. Selon lui, ils se serviraient de l'ignorance de leurs épouses en anglais, pour les maintenir dans un état de dépendance et de soumission, et empêcher leur intégration à la société britannique.

Sources:

Daily Telegraph, David Cameron back ban on Muslim face veil

Inês Fressynet & Hilary Bunker avec Loïc de la Mornais