Depuis le 1er janvier 2015, 1 081 personnes ont été tuées par la police aux États-Unis. Afin de lutter contre les bavures incessantes, des policiers américains effectuent des stages en Écosse pour apprendre à moins dégainer façon Lucky Luke.
Très souvent, aux États-Unis, une vidéo fait surface dans laquelle un homme, la plupart du temps noir, est abattu par la police alors qu'il ne semblait pas représenter une menace imminente. La dernière en date est celle de la mort de Laquan McDonald à Chicago, et le policier qui l'a tué vient d'être inculpé pour meurtre.
D'ailleurs c'est sur la page "The Counted" du quotidien The Guardian, que l'on a recensé l’ensemble des victimes américaines décédées suite à une intervention de la police. En 2015, les arrestations, souvent filmées, montrent des bavures de policiers utilisant la force de façon abusive. Cette violence a relancé les tensions raciales, et provoqué de nombreuses émeutes, notamment dans la ville de Ferguson (Missouri).
Un comportement clairement différent chez les forces de l'ordre britanniques : récemment, une attaque au couteau (qualifiée d'acte terroriste par Scotland Yard) a été arrêtée sans effusion de sang supplémentaire grâce à la retenue et aux tasers des policiers londoniens. En observant bien les images amateur, on se rend compte que l'agresseur a été touché à 5 ou 6 reprises par les policiers, qui ont été persévérants dans leur logique d'affronter la menace sans tuer le suspect, pourtant dangereux. Nul doute qu'aux Etats-Unis, la situation aurait été réglée de façon définitive beaucoup plus tôt...
Autre exemple, dans cette vidéo étonnante ci-dessous, qui date de 2011, on peut observer une intervention de la police londonienne face à un déséquilibré mental armé d'une machette de 60 centimètres de long. Une trentaine d'officiers seront nécessaires pour, patiemment à l'aide de boucliers et de matraques, interpeller le suspect, sans jamais tirer de coup de feu.
Pour améliorer la situation, les États-Unis sont donc allés chercher l’inspiration de l’autre côté de l’Atlantique. De nombreux groupes de policiers de New York, Chicago, Los Angeles ou encore Miami se sont donc rendus en Écosse auprès des forces de l’ordre locales pour y effectuer un stage. Pourquoi l’Écosse ? Car 98% des policiers y travaillent sans armes à feu. Équipés de bâtons, tasers et spray au poivre, ils apprennent tôt à gérer les situations "chaudes" en discutant calmement avec les individus.
Chez les écossais, désamorcer la situation en parlant sereinement est considéré comme une tactique policière essentielle. Les forces de l'ordre, qui sont pour la plupart équipées d'armes non-léthales, apprennent également à déplacer le suspect vers une zone où il pourra être plus facilement mis hors d'état de nuire.
L’autre point que les formateurs écossais soulignent, c’est la capacité à développer un sentiment de proximité avec les habitants. En Écosse, les policiers vivent là où ils travaillent. Une approche qui sera désormais ajoutée au cursus des policiers américains.
Selon une enquête parue en 2006, 82% des policiers ne souhaitaient pas être armés, même si la moitié d'entre eux se sont sentis en "grave danger" durant les trois précédentes années. Cette tradition puise ses racines au 19ème siècle. Lorsque la Metropolitan Police a été fondée, il y avait à l'époque une peur importante des forces armées. La police était donc censée rassurer la population et marquer la différence avec les militaires : elle exerçait ses fonctions sans armes et habillée en bleu (l'armée étant en rouge).
Cette pratique continue aujourd'hui : en 2012, des chiffres du Ministère de l'Intérieur montrent que 6.653 officiers étaient autorisés à être armés. Soit 5% au total. Une procédure qui commence toutefois à être revue à la hausse ces derniers mois, avec les menaces terroristes.
Rym DJABALI avec Loïc de la Mornais