L'organisation caritative ultra influente au Royaume-Uni Childcare, vient de diffuser un document à l'attention des assistantes maternelles dans le cadre de la "protection des enfants contre la radicalisation". Ce poster à afficher dans les classes maternelles, recense les "valeurs britanniques" à inculquer aux tout-petits. Dans la liste: écouter les Beatles et Freddie Mercury, manger du Fish & Chips, fêter la Saint Valentin (et s'initier à l'écriture de cartes de vœux kitschissimes) mais aussi se promener au parc pour regarder les fleurs. L'éventail à pour objectif d'appuyer et de mettre en pratique les "valeurs britanniques" officielles prônées par l'Ofsted (équivalent de l'éducation nationale): la démocratie, la règle de droit, la liberté individuelle, le respect et la tolérance.
En effet, depuis le 1er Septembre 2015, l'Ofsted s'est engagé à inspecter les assistantes maternelles et la bonne transmission des "valeurs britanniques" dans les petites classes. Ainsi, dès l'âge de trois ans, les bambins peuvent être fichés si des tendances à l’extrémisme religieux se font ressentir. Et, c'est déjà le cas pour l'un d'entre eux comme le rapporte The Evening Standard le 27 juillet dernier.
Alors, quel est le rapport entre Freddie Mercury et le respect des libertés individuelles? Comme le rapporte Bill Boloten, spécialiste de l'éducation, dans un article publié par Al Jazeera: "Ce poster suggère que l'apprentissage des valeurs britanniques est un bon moyen d'enseigner le patriotisme aux enfants. Cependant, même le gouvernement britannique indique qu'il ne s'agit pas d'inculquer l'amour de l'Angleterre aux petits. Ce poster peut mener à l'incompréhension et à la discrimination car la Grande Bretagne est composée de cultures et de traditions diverses. Proposer "d'apprendre à manger du Fish & Chips" c'est potentiellement gommer toutes les disparités qui composent la société britannique".
Contrairement à la France qui mise tout sur l'intégration et l'unification autour des valeurs républicaines, la société britannique est une mosaïque culturelle assumée. Après tout, Londres est bien la ville la plus cosmopolite du monde. Les signes religieux et les pratiques culturelles de tous horizons cohabitent au sein de l'espace public et cela ne gêne absolument personne. C'est pourquoi ces nouvelles directives du gouvernement pour la protection des enfants contre la radicalisation et ce poster un peu simpliste font lever quelques sourcils.
Inês Fressynet avec Loic de La Mornais