Près d'un million de Britanniques ont eu recours aux banques alimentaires en 2013. Une hausse de 163% par rapport à 2012 pour la sixième puissance économique mondiale.
"Au XXIème siècle, cela est choquant". Pour Chris Mould, président de l'ONG Trussel Trust, il faut agir et vite. Les chiffres de son rapport parlent d'eux-mêmes : 913 000 Britanniques ont bénéficié d'au moins trois jours d'aide alimentaire en 2013, contre 347 000 en 2012. Soit presque trois fois plus en seulement un an.
En cause selon l’ONG ? La réforme du système social engagée en 2010. Des retards et des suspensions temporaires d'allocations auraient plongé de nombreuses familles dans la précarité. Autre coupable pointé du doigt : le salaire minimum, d’un « montant dérisoire ». Selon le rapport, 20% des bénéficiaires d’aide humanitaire seraient étranglés par des revenus trop faibles.
Face à cette situation d’urgence, les 423 centres de distribution de Trussel Trust, ont été contraints d’adapter leurs services d'urgence : conseils relatifs à la santé et mise à disposition de couches, de lessive et de produits d’hygiène pour des familles « au bord du gouffre ».
Une telle hausse inquiète les acteurs britanniques de l’aide humanitaire, d’autant que les chiffres du rapport ne représenteraient qu’une « partie émergente de l’iceberg », selon Chris Mould. Ils n’incluraient pas « ceux qui ont recours à d’autres systèmes d’aides, ceux qui vivent dans des villes où il n’y a pas de banque alimentaire, ceux qui ont trop honte de s’y rendre et ceux, nombreux qui mangent moins et moins bien. »
Afin d’appuyer ce rapport, 36 évêques anglicans et plus de 600 responsables d’église ont signé une lettre et demandé mercredi au gouvernement britannique de prendre des mesures d 'urgence. Cet hiver déjà, des organisations chrétiennes britanniques ont lancé « End Hunger Fast », une campagne de lutte contre la faim. Avec en toile de fond, de fortes critiques à l’égard du gouvernement Cameron, relayées par Keith Hebden, le représentant du mouvement : « la réforme des prestations sociales, les bas salaires et le gaspillage alimentaire ont fait du Royaume-Uni l’homme affamé de l’Europe ».
Des critiques balayées cette semaine par le porte-parole du ministère britannique de l’Emploi et des Retraites. « La hausse du taux d’emploi et l’application de nos réformes vont permettre à de nombreuses familles de sortir de la pauvreté. » Un discours rassurant, alors qu’au même moment le chômage passe pour la première fois depuis cinq ans sous la barre des 7% au Royaume Uni.
Laurie Warman avec Loïc de La Mornais