Par crainte d’actes terroristes sur son territoire, Londres déchoit de leur nationalité des binationaux combattants en Syrie.
Dissuader certains de ses ressortissants binationaux d'aller combattre en Syrie. C'est l'objectif affirmé du Royaume-Uni qui a créé en 2010 une juridiction d'exception habilitée à retirer la nationalité aux individus jugés dangereux par le gouvernement.
Selon les chiffres révélés par le Bureau of investigative journalism, le Royaume-Uni a destitué de leur nationalité britannique 37 binationaux partis en Syrie depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir, en 2010.
Déchoir un citoyen de sa nationalité est légalement possible, mais uniquement si la personne a une double nationalité. Dans le cas contraire, cela reviendrait à rendre cette personne apatride, ce qui est interdit par les conventions internationales.
"Etre citoyen est un privilège, pas un droit. La ministre de l'intérieur en la présence de Theresa May, se réserve le droit de retirer la nationalité de binationaux partis combattre en Syrie, si elle considère qu'ils représentent une menace pour les citoyens britanniques" a déclaré un porte parole du gouvernement le 7 janvier dernier.
Une méthode radicale
Une seule autorité a le pouvoir de prendre une telle décision : Theresa May, la ministre de l’Intérieur britannique. Les critères sont stricts : il faut que "la présence d’un individu sur le territoire porte atteinte à l’intérêt public ou que la nationalité ait été obtenue de façon frauduleuse".
Au moins 250 britanniques combattent en ce moment en Syrie, confirme un rapport du MI5. Avec les autres européens, ils représentent environ 10% des forces extérieures, la plupart provenant d'Arabie Saoudite, de Tunisie et de Libye.
Les services de renseignement ont estimé, devant une commission d'enquête, que la majorité de ces djihadistes britanniques étaient partis en Syrie avec pour seule motivation de combattre le régime de Bachar el Assad, et qu'ils ne reviendraient sans doute pas commettre des attentats au Royaume-Uni. C'est d'ailleurs ce qu'affirment haut et fort les combattants interrogés par Skynews, dans le cadre d'un reportage exclusif tourné dans une "katiba" britannique. Mais de sérieux doutes subsistent sur une minorité d'entre eux, la plus radicale et potentiellement la plus dangereuse.
Gwladys Bonnassie avec Loïc de La Mornais
Une situation qui inquiète le gouvernement britannique qui a choisi les moyens radicaux. La chaîne d'information Skynews a produit un reportage montrant ces combattants sur le terrain