Des pans de murs arrachés. Des habitants en colère. Et un vrai défi pour la notion de propriété intellectuelle et artistique...
Ces derniers mois, Londres a été le théâtre de ce que certains habitants appellent " la guerre des murs".
La capitale anglaise est l'un des hauts lieux mondiaux du Street Art, cet art de rue qui permet à des artistes de s'exprimer sur les façades de certains bâtiments. Il s'agit d'une vraie démarche artistique, avec le plus souvent un accord entre le propriétaire du bâtiment et l'artiste. Le public et les habitants du quartier eux, sont le plus souvent ravis.
Icône du Street Art : Banksy. Un anglais très mystérieux, dont on n'a jamais vu le visage, et dont les oeuvres sur les murs de Londres sont très politiques.
Mais à mesure que la notoriété de l'artiste -qui peint gratuitement, c'est le principe du Street Art- grandissait, des sociétés privées ont décidé de persuader les propriétaires de murs peints que leurs façades...valaient de l'or.
Bulldozers et marteaux piqueurs ont donc débarqué pour arracher ces oeuvres à leur mur de naissance, et les envoyer dans les salles de ventes aux enchères de New York ou d'ailleurs.
Les derniers "murs" de Banksy se sont ainsi envolés à plus d'un million d'euros, sans qu'un centime soit reversé à l'artiste. La loi est formelle: le propriétaire de l'oeuvre est le propriétaire du mur sur lequel elle est dessinée.
Certains considèrent que ces évènements posent la question de la propriété artistique et même de la propriété morale des habitants qui vivent au milieu des ces oeuvres de Street Art. Ils estiment que les compagnies privées, qui jouent l'intermédiaire entre les propriétaires de murs et les salles des ventes, ne font que de la spéculation. Un comble pour les oeuvres de Banksy, qui sont généralement très politisées et anti capitalistes.
Les sociétés privées en revanche, estiment qu'en arrachant ces oeuvres, elles les préservent pour la postérité.
Reportage de Loïc de La Mornais, Nicolas Haméon et Nic Boothby.