Je t'aime moi non plus ? Je sais, ce n'est pas original ! Mais la séquence jouée au palais de L'Elysée à l'occasion de la rencontre entre David Cameron et Nicolas Sarkozy, en est une parfaite illustration. Vu de Londres lq relation entre les deux hommes s'est nettement détériorée ces derniers mois notamment depuis leur rencontre à Bruxelles en décembre dernier. Pour les commentateurs anglais, la poignée de main ratée et rediffusée en boucle sur les chaînes de télévisions britanniques à la suite du refus de David Cameron de participer au projet de traité Européen élaboré en décembre à Bruxelles, scellait comme un divorce entre les deux hommes : donc entre les deux pays. Mais comme l'a rappelé le premier ministre britannique, Bruxelles n'est pas Paris. "C'est la capitale que j'ai le plus visité depuis 2 ans" a t'il dit ; il est arrivé au 10 Downing street en Mai 2010. D'ailleurs pour David Cameron, "des amis peuvent se disputer, se fâcher", mais "jamais la relation entre les deux pays n'avait été aussi forte depuis la période post-seconde guerre mondiale.
Alors, pour bien prouver aux uns et aux autres que tout va bien entre les deux pays, les deux hommes ont évoqué le triomphe de Benghazi, leur point de vue identique sur la Syrie et leur collaboration plus générale en matière de Défense. Mais Sarkozy et Cameron oublient de dire que ce "pacte" est un mariage de raison. Car les budgets militaires en Grande-Bretagne comme en France ont été considérablement réduit. Et aujourd'hui s'il y à effectivement un rapprochement c'est essentiellement pour des raisons de gros sous. Car en coulisse, chacun sait bien que les généraux préfèrent conserver leur indépendance.
En matière d'énergie là aussi c'est un mariage de raison : la France a besoin de "vendre" son énergie nucléaire. Et ce sommet était essentiellement organisé pour cela. Car la Grande-Bretagne, elle, a un besoin urgent de rénover son parc énergétique. Toutes ses centrales arrivent en fin de vie, au plus tard en 2025, EDF doit d'ailleurs participer à l'élaboration de deux centrales. Rappelons ici d'ailleurs que le Royaume-Uni avait été un des premiers pays à faire le choix du nucléaire, bien avant la France et qu'aujourd'hui il doit faire face à une raréfaction de l'approvisionnement en gaz en provenance de la mer du Nord.
Mais qu'importe "l'entente cordiale" se porte bien. Et l'une des images que les britanniques retiendront de cette visite, c'est la poignée de main chaleureuse à l'issue de l'entretien. Une poignée qu'il faut opposer à la scène de Bruxelles lorsque le président français avait croisé et évité de serrer la main tendue de David Cameron. S'en était suivi les déclarations de certains politiques français qui avaient estimé que la Grande-Bretagne devait voir son triple A dégradé, bien avant le AAA de la France !
Ce dernier épisode nous apprend une chose : David Cameron et Nicolas Sarkozy jouent chacun une carte dans leur pays (le premier vis-à-vis des conservateurs farouchement anti-européen, le deuxième préfère mettre en avant l'axe franco-allemand) mais ils savent aussi l'un et l'autre être pragmatique. Finalement qui s'en plaindrait ?
Jacques Cardoze