Le 2 juillet dernier, après trois précédents sommets infructueux, les 28 chefs d’Etat et de gouvernement se sont mis d’accord sur les prochains chefs des institutions européennes. La tâche n’était pas simple puisque ces candidats, selon la France, devaient remplir des critères de compétence, de crédibilité et d’expérience. Mais il fallait aussi prendre en compte des équilibres à la fois géographiques, politiques et de genre. Au final : un accord plutôt équilibré mais les pays de l’Est n’obtiennent eux aucun poste clé.
Pour la première fois deux femmes ont été nommées pour présider la Commission européenne et la Banque centrale européenne. C’est la ministre allemande de la défense Ursula Von der Leyen qui a été choisie pour succéder à Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission. Membre de la droite conservatrice européenne (PPE), la proche d’Angela Merkel est francophile et pro-européenne.
Elle ne figurait pas pourtant parmi les « Spitzenkandidaten » (candidats chef de file), son camp politique le PPE ayant choisi l'eurodéputé Manfred Weber. Emmanuel Macron et les libéraux, entre autres, s’opposaient fermement à la candidature du Bavarois qui n’a donc pas réussi à créer de consensus autour de lui. Michel Barnier, négociteur en chef du Brexit et également membre du PPE apparaissait lui aussi comme une alternative à Manfred Weber sans pour autant être officiellement candidat.
Le choix de la ministre allemande doit encore être approuvé par les élus européens le 16 juillet prochain. Si elle est élue par les eurodéputés à la majorité absolue, elle deviendra présidente de la commission le 1er novembre après la validation de son collège de 27 commissaires par le Parlement européens Durant son mandat elle sera en charge de définir les grandes orientations politiques de l’institution et aura la main sur l’agenda législatif.
Par ailleurs, la française Christine Lagarde va succéder à Mario Draghi comme présidente de la Banque centrale européenne. L’actuelle directrice du Fonds monétaire international et ancienne ministre de Nicolas Sarkozy accèdera à ce poste dès novembre prochain pour un mandat de 8 ans. L'institution située à Francfort joue un rôle décisif dans la politique monétaire et la stabilisation des prix de la zone euro.
Pour le Conseil européen c’est l’actuel Premier ministre belge, le libéral Charles Michel qui succède au polonais Donald Tusk. Son rôle principal consiste en l’organisation des sommets européens. Il doit également veiller à la coordination et tenter de faire émerger des consensus entre les chefs d’Etat et de gouvernement européens. Avec "son expérience en tant que Premier ministre belge, Charles Michel sera la personne idéale pour forger des consensus et garantir l'unité entre les Etats membres" a déclaré Donald Tusk pour justifier son choix. Il prendra formellement ses fonctions en décembre prochain.
L’actuel ministre des affaires étrangères du gouvernement de Pedro Sanchez, Joseph Borrell va devenir Haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères. Le socialiste espagnol sera chargé en tant que chef de la diplomatie européenne de mettre en œuvre la politique extérieure européenne et de coordonner des milliers de diplomates et experts du SEAE (service européen pour l’action extérieure). Il représentera l’UE sur la scène internationale dès novembre prochain à la place de de l’italienne Federica Mogheri.
Enfin, le Parlement européen a élu le 3 juillet son président. C’est le socialiste italien et ancien journaliste de la RAI David-Maria Sassoli qui sera chargé de de définir les priorités législatives et mener les négociations les plus sensibles avec la Commission et le Conseil européen. Son mandat est de deux ans et demi, renouvelable une fois.
Emmanuel Macron à l'issue de la réunion avec ses homologues a salué cet accord qui est aussi selon lui "le fruit d'une entente franco-allemande profonde".