«Ma conviction est que le moment est venu d'ouvrir les négociations avec l'Albanie » a déclaré le 11 juin dernier le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, après sa rencontre avec le Premier ministre albanais, Edi Rama. Ce dernier a appelé les Etats membres à tenir leur engagement et à débuter les discussions pour l'adhésion du pays à l'UE.
Le 29 mai dernier, la Commission a formellement recommandé l’ouverture des négociations avec Tirana. L'année dernière, les 28 s'étaient mis d'accord pour que ces pourparlers commencent après les élections européennes, c'est à dire dès juin 2019. Mais cette décision pourrait prendre plus de temps que prévu car les Etats membres ne sont pas d'accord sur le sujet.
En 2010, l'UE a décidé de libéraliser les visas pour les Albanais pour des séjours de moins de trois mois dans les pays de l'espace Schengen. Cette décision avait été prise à l'unanimité malgré les réticences de plusieurs Etats, dont la France et les Pays-Bas. Ces pays craignaient que l'Albanie ne remplisse pas les critères de contrôle des frontières, de sécurité des passeports et de lutte contre le trafic d'êtres humains.
Le Parlement néerlandais a d'ailleurs demandé au gouvernement d'invoquer le mécanisme de suspension des visas en avril dernier. L'augmentation de la criminalité et l'immigration clandestine sont les principales causes soulevées par les députés des quatre partis néerlandais qui ont formulé cette demande. La requête a été transmise début juin à la Commission européenne.
Par ailleurs, une forte augmentation du nombre de demandes d'asile déposées par des citoyens albanais depuis 2015 suscite des inquiétudes dans plusieurs pays de l'UE. Après avoir reçu plus de 7 000 demandes d'asile d'albanais en 2017, la France avait également menacé de rétablir le régime de visas Schengen pour les Albanais.
L'élargissement aux Balkans occidentaux fait donc débat et les Etats membres demandent à Tirana d'accroître ses efforts dans la lutte contre la corruption et le crime organisé. Mais la coopération progresse tout de même entre l'Albanie et l'UE. Fin mai 2019, l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes a déployé ses premiers officiers en Albanie pour une mission de courte durée jusqu'à janvier 2020. Il s'agit de la première opération de l'Agence en dehors des frontières de l'UE.