Les ministres de l'UE ont adopté lundi 15 avril deux mandats ouvrant ainsi les négociations commerciales entre les Etats-Unis et l'Union Européenne. Ces deux textes portent sur la réduction des droits de douane sur les biens industriels, y compris automobiles, et sur l’harmonisation des normes et réglementations pour les entreprises.
La France est le seul pays à avoir voté contre l'ouverture de ces négociations. Mais son vote pèse peu puisqu’en matière commerciale les décisions se prennent à la majorité qualifiée (c'est à dire par 55 % des Etats européens, qui représentent 65 % de la population européenne.) Paris refusait de négocier avec les Etats-Unis car Washington a décidé de quitter l'accord de Paris sur le climat en 2017. Un refus surtout symbolique L'organisation Attac dénonce « l’opportunisme » d'Emmanuel Macron et sa prise de position tardive. Selon l’organisation, le président de la République a voulu adopté une position ferme la question climatique à quelques semaines des élections européennes. Et dans un contexte national tendu, Paris ne voudrait pas raviver des controverses comme celles liées au projet de Traité transatlantique (TTIP) abandonné en 2016. La France s'est retrouvée isolée sur ce point. La Belgique s'est elle abstenue.
A contrario, l'Allemagne qui craint une hausse des tarifs douaniers dans le secteur automobile fait pression depuis des mois pour obtenir l’ouverture des négociations commerciales. Donald Trump avait plusieurs fois menacé de taxer davantage les voitures européennes après avoir déjà imposé des droits de douane punitifs sur l’acier et l’aluminium européens en 2018 . C'est pour cette raison qu'en juillet 2018 le président de la Commission Jean-Claude Juncker avait proposé un accord limité aux biens industriels. A l'issue de cette rencontre, Jean-Claude Juncker avait également déclaré vouloir renforcer les importations de gaz naturel liquéfié mais aussi de graines de soja américaines.
Une manière donc d'apaiser « les tensions commerciales » entre les Etats-Unis et l'UE. Selon la Commission européenne, cet accord sur l’élimination des droits de douane des produits industriels permettrait une augmentation des exportations de l'UE vers les Etats-Unis de 8% d’ici 2033.
La commissaire au commerce Cécilia Malmström a annoncé le 15 avril que la Commission était prête et que les discussions commerceraient « dès que possible ». Elle a par ailleurs rappelé que l'agriculture ne fait pas partie des négociations. « C'est une ligne rouge pour l'Europe » a-t-elle déclaré en conférence de presse. Or, du côté américain, l'administration Trump voudrait intégrer ce secteur.
Les négociateurs européens et américains devront donc s'accorder sur les contours de ce futur accord. Celui-ci devra ensuite être approuvé à la majorité qualifiée des Etats européens, puis à la majorité absolue du prochain Parlement européen.
En février 2019, Jean-Luc Demarty, Directeur général du commerce de la Commission européenne, considérait que cet accord permettrait stimuler l'emploi dans l'Union Européenne. Il revient sur la déclaration politique signée entre Jean-Claude Juncker et Donald Trump le 25 juillet 2018.
Marie Arena députée européenne socialiste (S&D) refuse toute négociation avec Donald Trump, un partenaire qui n'est pas fiable selon elle.
E. Rullaud et P. Verdeau