Jusqu’à maintenant, les producteurs de semences paysannes ne pouvaient pas vendre leurs propres semences. Moyennant une forte somme d’argent, seules les semences standardisées répertoriées dans un catalogue officiel avaient le droit d’être commercialisées. Les députés européens ont décidé d’autoriser les agriculteurs à vendre leurs semences d’ici 2021. Une victoire en demi-teinte pour la biodiversité et pour les petits agriculteurs bio.
Un Catalogue officiel trop contraignant
Jusqu’à présent, pour que les semences puissent être commercialisées, celles-ci devaient être inscrites dans un catalogue officiel des semences autorisées. Pour ajouter une semence à ce cahier officiel, il fallait débourser entre 6 000 et 15 000 euros. Une somme trop élevée que les petits exploitants ne peuvent pas toujours supporter.
L’inscription obligatoire dans ce catalogue exclue d’office les semences paysannes. Comme nous l’explique Patrick de Kochko, président du Réseau semences paysannes : « Le cahier officiel des espèces demande des critères d’homogénéité et de productivité. Or, les semences que les paysans utilisent depuis des milliers d’années ne sont pas toutes les mêmes. C’est justement un atout, elles sont capables de s’adapter aux changements climatiques.
De plus, Bayer, DuPontDow et Syngenta sont les principaux détenteurs de semences. Eric Andrieu, eurodéputé, s’insurge : « Aujourd’hui, trois grands groupes possèdent plus de 53% du marché mondial de la semence : c’est totalement inacceptable ». Après la fusion avec Bayer, près d’une semence sur trois issues du cahier officiel est signé Monsanto.
Une perte alarmante de la biodiversité
Radis serpent, carotte Blanche des Vosges, haricot Cupidon, batavia Reine des glaces, chou frisé Grand vert du Nord, derrière ces noms poétiques c’est tout un patrimoine végétal que certains agriculteurs et semenciers tentent de conserver après qu’il est fait un constat préoccupant : 75% des aliments de la planète proviennent de 12 espèces végétales. Par exemple, les variétés de blé sont passées de 400 à 65 entre 1930 et 1965.
La nouvelle législation pourra sauver ces différentes espèces. Il faudra attendre son entrée en vigueur en 2021.