Après son discours sur la colline de la Pnyx à Athènes, celui de la Sorbonne et celui devant le Parlement européen à Strasbourg, Emmanuel Macron a une nouvelle fois pris la parole sur l’avenir de l’Union européenne pour recevoir, le jeudi 10 mai 2018 à Aix-la-Chapelle, "le prix international Charlemagne" décerné à une personnalité engagée en faveur de la construction européenne.
Le président français a fait d’une « Europe qui protège » l’un des axes de son ambition européenne. C’est un premier pas avec l’accord politique obtenu sur la révision du texte sur les travailleurs détachés accusé de favoriser le dumping fiscal. Le texte permet à une entreprise de l’UE d’envoyer des salariés travaillés dans un Etat membre sans que ceux-ci soient soumis aux charges sociales du pays d’accueil. Autre grand chantier pour la France : l’adoption d’une taxe européenne de 3% sur les revenus des géants du net. Objectif : lutter contre l’optimisation fiscale et ainsi récupérer près de 5 milliards d'euros.
Un bilan en demi-teinte
La France a essuyé quelques revers : le renouvellement de l’autorisation du glyphosate pour cinq ans et le refus du Parlement d’adopter des listes transnationales pour les élections européennes de 2019. De plus, l’ambition d’Emmanuel Macron de créer un budget de la zone euro paraît compromis. Ce budget tourné vers l’investissement serait censé venir en aide à un pays en cas de choc, et serait piloté par un ministre de la zone euro.
Dans un contexte politique instable, le projet politique européen d’Emmanuel Macron semble freiner par la montée des populismes, en Autriche ou en Italie, mais aussi par la paralysie d’Angela Merkel, qui a passé de longues semaines à trouver un accord de gouvernement avec les sociaux-démocrates allemands. A un an des élections européennes, Emmanuel Macron a besoin impérativement, pour consolider son leadership, d’obtenir une victoire même symbolique sur la taxation du numérique.