Pas sûr que pareille fête pourrait se dérouler à Paris ! En plein après-midi, des milliers d’étudiants et anciens étudiants s’emparent des rues du centre de la capitale belge, pour fêter la fin de la période de baptême (mélange de bizutage et de soirées d’intégration), et surtout pour boire plus que de raison ! A la St V, les excès sont largement tolérés par les autorités de la ville et les professeurs (qui sont nombreux à participer).
Malgré son nom et son caractère traditionnel, la Saint-Verhaegen - plus souvent appelée « Saint-V » -, n’a rien d’une célébration religieuse. Au contraire, elle commémore la création de l’ULB, en 1834, par Pierre-Théodore Verhaegen. Certes catholique pratiquant, il était surtout franc-maçon et convaincu par le principe d’un enseignement laïque dépouillé de toute contrainte idéologique. Jusqu’à faire de l’ULB, la première université laïque de Belgique. Son credo, le « libre examen ». C’est à dire une réflexion et action « libérée » de toute autorité, « qu’elle soit intellectuelle, philosophique, morale ou religieuse ».
Une notion que l’on retrouve encore aujourd’hui à travers les festivités de la Saint-V. L’autorité religieuse est encore moquée par les étudiants. Beaucoup arborent un couvre-chef pour le moins extravagant : la penne, semblant de casquette à la visière démesurée. L’accessoire est censée railler la calotte des prêtres catholiques, tout en mettant en avant le parcours académique de celui qui l’arbore.
Pour avoir le droit à sa penne, il faut en réalité adhérer à un cercle étudiant et triompher d’un « bizutage » de plus d’un mois. Enfin l’étudiant doit participer à une quête, qui permet chaque année de financer l’alcool consommé durant la Saint-V et de soutenir une association caritative. Cette dernière est mise à l’honneur durant le défilé qui se déroule en marge des festivités. Cette années, près de 6 700€ ont été récoltés au profit de l’association Solidarité Grand Froid, qui lutte notamment contre la précarité du logement.