Une espèce animale ou végétale sur huit est menacée d’extinction. Un phénomène qui ne s’arrête pas aux portes de l’Europe. Les scientifiques donnent l’alerte, mais les efforts des 28 ne suivent pas.
Un million d’espèces végétales et animales risquent de bientôt disparaître. Des experts, scientifiques et politiques, sont tombés d’accord sur la situation et sur les chiffres la semaine dernière à Paris, pendant une réunion de l’agence de l’Unesco pour la biodiversité. Un rapport présenté aux leaders mondiaux pendant le G7 de Metz. Les dirigeants européens présents ont aussi entendu le message, tandis que la biodiversité s'effondre sur leur continent. En trente ans, 80% des insectes européens auraient succombé à l’agriculture intensive et aux pesticides.
Que fait l’Union européenne ?
Il existe pourtant des programmes de conservation des animaux et végétaux à l’échelle européenne, mais rien n’enraye la disparition des espèces. L’UE a enchaîné plusieurs plans d’investissement depuis la Convention sur la diversité biologique au Japon en 2010, qui fixait des objectifs de préservation des habitats et des espèces pour 2020. L’année suivante, les États membres proposent des mesures pour “enrayer la perte de biodiversité et la dégradation des services écosystémiques.” Des ambitions qui devaient avoir un coût de 50 milliards d’euros chaque année.
En 1979 et 1992, les directives “Oiseaux” et “Habitats” étaient adoptées pour sauver des espèces victimes du commerce et gérer les volatiles, sous la coupe du réseau “Natura 2000” développé en 1992. L’objectif : répertorier les régions sensibles et éviter que l’humain ne détruise la faune et la flore. Plus de 27.000 sites sont à ce jour protégés, soit 24% du territoire européen. Les hauts plateaux du Vercors, les calanques marseillaises, le parc du Mercantour… La France est concernée par ces zones sur 12,9% de son territoire terrestre.
Dans le budget européen 2014-2020, 63 milliards d’euros sont prévus pour la protection de l’environnement. Mais seule une petite partie est dédiée à la biodiversité. À côté, le programme “Life” pour la préservation des espèces dispose de 3,5 milliards d’euros chaque année.
Des efforts insuffisants
Malgré ces efforts, un premier bilan réalisé en 2015 par l’UE ne constate aucun progrès. Les espèces continuent de disparaître à une vitesse alarmante. Fin 2016, le Conseil économique et social (CESE) dénonce une action européenne qui “constitue un exemple classique de politique qui ne tient pas ses promesses” et regrette l’absence de mise en œuvre des directives par les États membres.
Pour Inès Trepant, conseillère au Groupe des Verts au Parlement, auteure de "Biodiversité. Quand les politiques européennes menacent le Vivant”, Ed. Yves Michel (2007), les politiques de l’UE sur la biodiversité “suivent une logique court-termiste”. Pour la chercheuse, impossible de ne préserver que certains habitats : “Il faut préserver l’environnement dans son ensemble et ne pas cloisonner les politiques, surtout celle agricole qui n’est pas durable et détruit des habitats.” Autre exemple souligné par l’auteure : en France, le tiers des oiseaux des campagnes ont disparu à cause des pesticides en seulement 15 ans. Inès Trepant affirme que “dans son ensemble, la politique de biodiversité est un échec.”
C. Di Roma & V. Lerouge